Zombie Island (Zombie Story – tome 1) de David Wellington
Des zombies en roman, pas si courant que ça
Vous devez le savoir, mais j’aime beaucoup les œuvres traitant de zombies. Je ne sais pas pourquoi, peut-être le coté apocalyptique et le coté survival. Probablement plus que le coté horrifique.
Que se soit en film : La Nuit des morts-vivants, Zombie, Le jour des morts-vivants, Bienvenue à Zombieland, L’armée des morts…; ou en comic/ manga : Highschool of the Dead, Walking Dead, Marvel Zombies ou encore en jeu video : Dead Rising, Left 4 Dead… j’aime ces œuvres. La qualité n’est pas toujours au rendez-vous, mais j’ai du mal à résister à l’appel de la chair putride.
Pourtant, et paradoxalement, je n’avais jamais lu un livre consacré aux zombies « classiques ». Faut dire qu’ils ne sont pas légion non plus. Je ne connais que la trilogie Zombie Story et les livres de Max Brooks (World War Z, Guide de survie en territoire zombie).
Je compte bien rattraper mon retard avec le premier tome de la trilogie Zombie Story : Zombie Island de David Wellington.
Zombie Island est édité par Milady et disponible à la vente et en format poche depuis juin 2010.
Résumé de Zombie Island (Zombie Story 1) chez Milady
Une catastrophe mondiale a eu lieu. Les morts-vivants ont envahi le monde et particulièrement les pays développés. Seules quelques enclaves subsistent, comme en Somalie. C’est là que Dekalb, inspecteur aux armements de l’ONU, et sa fille Sarah ont trouvé refuge. Leur relative sécurité est dûe à une chef de guerre dirigeant plusieurs adolescentes-soldats.
Mais pour pouvoir continuer à bénéficier de ce semblant de sécurité, Dekalb va devoir aider cette chef. Cette dernière, atteinte du SIDA, a un besoin urgent de médicaments.
Or, en tant que membre de l’ONU, Dekalb connait quelques endroits où pourraient être stockés des médicaments.
Mais après avoir arpenté l’Afrique, sans trouver ce qu’il cherchait, il n’a pas d’autres choix que d’aller à New York, au siège des Nations Unies. Là, il est sûr de trouver ces médicaments. Il se rendra, accompagné de quelques adolescentes somaliennes, dans cette mégalopole envahie de morts vivants affamés.
A New York, Gary est un de ces morts-vivants. Sauf que lui, a gardé sa conscience et son intelligence. Il a su conserver son cerveau intact lorsqu’il est passé de vie à trépas.
Ce dernier s’interroge sur son statut et essaie de lutter contre sa faim.
Une tentative d’innovation en terme de zombies
Les zombies sont vraiment devenus à la mode depuis quelques temps. Ils en viendraient presque à éclipser les vampires. Ils ont envahi quasiment tous les pans de la « geek culture ». On les retrouve évidement dans des films, mais aussi dans des jeux vidéos, dans des comics, dans des mangas, dans des BD, dans des séries TV…
Pourtant, contrairement à nos amis aux canines sur-développées, ils ne sont pas encore très présent en livre.
La trilogie Zombie Story semble vouloir occuper cette place presque vacante, aux cotés de Max Brooks.
Ma curiosité m’a poussé vers ce Zombie Island. J’avoue que l’expérience de lire du zombie m’a tenté. J’étais à la fois excité de me retrouver face à ces créatures que j’aime et en même temps perplexe. Les zombies c’est quand même très visuel. Je ne savais pas si, avec juste des mots, je pouvais éprouver le même plaisir.
Ce roman de David Wellington reprend quelques grands classiques indissociables du zombie, tout en essayant d’apporter un éclairage nouveau à tout cela.
Le résultat est plutôt décevant. Il y a quelques bonnes idées, mais exploitées maladroitement et parfois grotesques.
Parmi les ingrédients classiques, on retrouve donc un monde infesté de zombies, qui ne pensent qu’à une chose manger, et si possible de la chair fraîche. On retrouve bien aussi le concept des morts qui reviennent à la vie. De plus, le principe de viser la tête pour les tuer est bien respecté. La notion de survie en territoire hostile est bien présente.
Au menu des petites nouveautés ou originalités, il est intéressant de noter que les foyers de résistance se situe dans des pays en guerre ou l’ayant connue récemment comme l’Irak, l’Afghanistan ou encore la Somalie. Selon David Wellington, les habitants de ces pays sont mieux armés, ont cette culture de la guérilla et ont été mieux préparé à cette invasion.
De cette théorie, qui se défend et qui n’est pas si farfelue, en découle quelque chose de plus dérangeant. En effet, j’ai eu l’impression que l’auteur idolâtrait un peu trop ces filles-soldats. Par le biais de Dekalb, il y a comme une sacralisation de ces filles.
Autre nouveauté, et pas des moindres, c’est Gary. Ce personnage est un zombie, qui par un procédé scientifique, a réussi à garder son intelligence lors de son passage au statut de mort-vivant.
J’ai trouvé l’idée excellente, et ouvrant la porte à plein de possibilités. Ce Gary est réaliste sur sa condition, et sa lutte contre sa faim irraisonnée est intéressante.
Sa rencontre avec le groupe de Dekalb promettait beaucoup, et j’étais super enthousiaste. Malheureusement, l’auteur a changé son fusil d’épaule pour le faire devenir un méchant, retombant dans la manichéisme. Le laisser gentil, tout en luttant contre ses instincts aurait été plus judicieux.
Surtout que pour justifier son passage à l’état de « méchant », l’auteur a basculé dans le grotesque.
En effet, dans sa vision des zombies, certains sont doués de « pouvoirs » : superforce, télépathie, guérison …
Ce choix scénaristique casse un peu le récit. J’ai trouvé ça ridicule! Surtout que derrière c’est juste pour en faire des armes de guerre dans l’optique d’éradiquer l’espèce humaine.
Ainsi, on tombe dans de l’horreur plus classique mais on perd en crédibilité.
La fin quand a elle n’est pas très maitrisée. L’auteur veut en finir avec un cliffhanger de la mort qui tue (comprendre par là, une super fin), sauf qu’on le sent venir à des kilomètres, perdant tout impact émotionnel.
C’est dommage parce que le livre se lit très rapidement, même s’il manque de temps à autre un peu plus de peps. Les chapitres sont courts, vont à l’essentiel et se consacrent à l’action. David Wellington a un style direct. Il ne s’ennuie pas avec de longue description.
De plus son choix d’utiliser deux narrations (Dekalb et Gary) permet d’alterner les points de vue. Ce qui est assez intéressant surtout, lorsqu’il s’agit de lire Gary et son point de vue « mort-vivants ». Ça change de ce qu’on voit actuellement. L’autre avantage est que le lecteur a une vision quasiment complète de la situation et des enjeux. Même si le narrateur n’est pas omniscient, dans les faits c’est comme si.
Pour conclure, Zombie Island se lit facilement grâce au style de l’auteur, ses courts chapitres qui vont à l’essentiel et par ses deux points de vue. L’histoire alterne bien tension, horreur, action et questionnement, même s’il manque encore un petit quelque chose!
L’écrivain a tenté d’apporter de nouvelles choses aux zombies, mais, pour moi, ça n’a pas complètement marché.
J’ai adoré l’idée d’avoir ce Gary, travaillant dans la santé avant, qui a su conserver son cerveau intact lors de sa mort, et qui une fois mort est devenu un zombie intelligent. Cette trouvaille ouvrait la voie à plein de possibilités. Mais David Wellington l’a, à mon avis, très mal exploité. Je n’ai pas du tout aimé sa volonté de donner des « pouvoirs » à certains zombies.
De plus les personnages manquent de profondeur et de charisme. Ce Dekalb manque de présence.
Zombie Island est loin d’être désagréable, au contraire ça se lit vite et facilement. On ne s’ennuie pas, mais certains choix au niveau du scénario sont très discutables et m’ont gâché un peu la lecture. On en regretterait presque la prise de risque du romancier.
Et vous qu’en avez-vous pensé? Avez-vous aimé l’idée du zombie intelligent? Et celle des pouvoir?
En fait, j’ai l’impression que Wellington écrit des livres-blockbusters, avec tout ce qu’il faut d’ingrédients en réalité pour séduire Hollywood. Peut-être qu’il rêve en réalité d’être adapté… Ce qui expliquerait les nombreux rebondissements et le peu de descriptions des personnages, pour en faciliter l’adaptation ?
Et donc parmi les choses dommageables, effectivement, il y a un certain manichéisme qui peut se dégager…
C’est une saga de l’auteur que je dois encore découvrir. J’avais adoré les 3premiers tomes de son autre saga : Vampire Story. (Que je te recommande vivement). 😉
C’est vrai que quand on y repense, c’est assez ridicule mais moi sur le moment ça ne m’a pas trop gêné. En même temps, l’auteur présente les pouvoirs de façon douce, on les découvre en même temps que le personnage.
Sinon j’ai vraiment adoré ce livre, il est pratique pour ceux qui prenne les transports en commun car la séparation fréquente des chapitres permet de stoper la lecture facilement.
Personnelement, je serai curieux de le voir en film, un jour peut-être …
@Natura-Time : Perso, je n’ai pas trouvé l’introduction des pouvoirs douce. Je triouve qu’il y va un peu au pied de biche.
Par contre, c’est vrai qu’il se lit bien et son découpage et plus facile dans les transports. Amplement d’accord là-dessus.
J’ai été déçu par ce livre. Déjà que j’avais trouvé le « Guide de Survie… » de Max Brooks à peine correct…apparemment les zombies en roman n’ont pas encore trouvé de bon auteur. (pourquoi dans toutes les histoires de zombies, depuis 28 jours plus tard, il y a forcément un des personnages qui se réveille dans lit d’hopital ? Ahurissant de non-originalité)
Pour me consoler, je me replonge dans Je Suis Une Légende.
Bravo pour votre critique qui va à l’essentiel de cette oeuvre. Sur l’interprétation, j’ai cependant l’impression que le livre est à prendre au second degré. Les références au genre, les nombreux clins d’oeil aux jeux vidéo (les policiers anti-émeute zombies) et le choix qui vous choque de recourir à des enfants soldats ne sont pas innocents. J’ai l’impression que Wellington pose un regard acide sur une série de jeux vidéo de veine zombies/survivaliste et qu’il démonte ces fantasmes en dévoilant : un monde en guerre où la barbarie règne. La dichotomie Dekalb/Gary est loin d’être si tranchée comme un affrontement bien/mal. Il reprend d’ailleurs un thème cher à Matheson dans « Je suis une légende » celui de l’affrontement entre une humanité nouvelle et les survivants de l’ancienne humanité. Aux vampires de l’un répond cependant les zombies de l’autre commandés par ceux qui ont pu sauver leur intelligence. Un symbole?
Pour Olivier, il existe une série assez originale : « la forêt des damnés » de Carrie Ryan qui explore le genre de anière très originale (ne pas se fier à la 4e de couverture qui laisse penser qu’il s’agit d’un Twilight de plus).
Le concept du zombie non décérébré m’a énormément plu, celui du père trouillard incapable d’appuyer sur la détente beaucoup moins…
Pour les « pouvoirs » de zombie, pourquoi pas, mais c’est allé trop vite, trop rapidement géré pour Garry, on se serait cru dans un star wars avec les seigneurs sith qui tuent leurs maitres pour le pouvoir ultime de la force…
Dernière chose, je n’ai pas saisie la fin de la lettre de Dekalb…
Malgré tout j’ai bien accroché et lu rapidement ce livre, en espérant la suite un peu moins décousue.