Wolfsmund – tome 2 de Mitsuhisa Kuji

La “Gueule du Loup” toujours aussi redoutable

Le premier tome de Wolfsmund m’avait laissé dubitatif. Même si l’ambiance médiévale était bien retranscrite, même si la lecture n’était pas déplaisante, j’ai eu le désagréable sentiment de lire un seinen non fini. Comme si le mangaka ne savait pas trop quoi faire de son récit et de son idée.
En résultait, un manga étrange dont je ne percevais ni la substance, ni le potentiel du titre. Tout était trop flou pour réellement m’enthousiasmer ou au contraire me décevoir.
J’espérais voir en cette suite, un éclaircissement de l’intrigue. Est-ce le cas ?
Wolfsmund – tome 2 de Mitsuhisa Kuji est édité par Ki-oon et est disponible à la vente depuis le 14 juin 2012

Résumé de Wolfsmund 2 chez Ki-oon

Résumé de l’éditeur :

Face à l’oppression autrichienne, la résistance s’organise. Les confédérés des trois cantons comptent sur leurs compagnons réfugiés en Italie pour chasser les envahisseurs, seulement voilà : pour coordonner l’attaque, il faut passer de l’autre côté de la frontière… et donc franchir le Col du Loup !
Sur ordre de Léopold Ier, bien décidé à étouffer l’insurrection dans l’œuf, Wolfram redouble de vigilance. Les rebelles qui tenteront la traversée ont-ils vraiment une chance de lui échapper ?

Un narration toujours atypique

Après un premier tome, que je qualifierais d’intriguant voici la suite, qui devrait permettre de se faire une meilleure idée sur ce titre. J’utilise bien le conditionnel, car malheureusement, dans mon cas, j’ai toujours autant de difficultés à cerner ce titre et dire si je l’apprécie ou pas.
La faute à une structure narrative perturbante, dont il ne se dégage pas de réel fil rouge, ni même d’avancée sensible dans le scénario. Encore une fois, on retrouve le schéma consistant à présenter des personnages souhaitant passer le Col du Loup, où officie le terrible Wolfram.
A la différence qu’ici, ces épisodes m’ont paru plus longs et détaillés. Il se dégage aussi un infime début de fil rouge notamment avec le fils de Guillaume Tell et l’aubergiste. Mais le mangaka n’embraye pas pour autant son récit sur ces deux personnages. Il nous présente deux nouveaux couples, voulant passer le Wolfsmund.
Le premier couple est composé d’un tavernier délateur, qui s’enrichit en dénonçant des rebelles et de sa superbe femme, complètement vénale.
Eux vont décider de fuir le royaume pour leur bien. Mais le passage du Wolfsmund n’est jamais si simple.
Contrairement aux premiers individus présentés, lors du premier volet, eux sont décris comme détestables.
L’homme est un vendu, totalement soumis et lâche. Quant à sa femme, elle est égoiste, vénale et odieuse. Ils ne suscitent qu’antipathie, voir un peu de pitié pour l’homme. Ce qui fait qu’on est peu touché par leur sort.
De plus, encore une fois, je me demande quel est l’intérêt de nous présenter ce couple, qui ne fait pas avancer l’intrigue. Est-ce un moyen pour développer le background du titre et montrer le coté clandestin de la rébellion? Je ne sais pas. Mais si c’est le cas, c’est un peu loupé.
L’autre couple, lui, est constitué d’une jeune femme et de sa petite fille. Se sont des messagers chargés de remettre un message à l’aubergiste. Là, on se dit que l’histoire va décoller. Ce qui n’est pas encore tout à fait le cas. Ce passage va permettre, de bien apprécier la cruauté du seigneur de ces lieux. Bien que munies de papiers officiels, les deux femmes vont subir la cruauté de cet homme. Il va se livrer à de véritables sévices, qui s’apparentent à de la torture. Ce passage là est assez dur, surtout quand il s’attarde sur la jeune fille. J’ai trouvé certaines particulièrement dérangeantes, surtout que je n’ai pas compris ce qu’elles apportaient. J’ai presque trouvé ça gratuit.
Mais là aussi, la mère n’est pas un bon personnage. Elle est assez odieuse avec sa fille. Clairement dans ces deux histoires, on a des personnages qui sont loin d’être attachants et sympathiques. Ce qui était déjà plus le cas dans le premier opus. L’auteur veut peut-être nous montrer l’intransigeance du maître du Col du Loup et la complexité de la situation vécue par les habitants.
Ce deuxième volet de Wolfsmund est cruel, sombre et parfois difficilement soutenable (notamment la torture d’enfant). Tout ceci a pour but de nous montrer l’horrible personnage qu’est Wolfram. Néanmoins, je trouve que ce manga manque singulièrement de liant. Nous montrer différents personnages s’essayer à l’interrogatoire du monsieur, mais sans réellement développer ce qui les lie, ou bien d’autres personnages plus secondaires, ça casse l’impression d’un univers riche et travaillé. Je ne saisis pas encore trop, où veut nous emmener l’auteur. Le fil conducteur de cette série n’est encore pas spécialement visible.

On se doute que cela va tourner autour de la rébellion de ces villages. Mais comment, pourquoi, avec qui?… Tout cela
reste flou. Surtout que le mangaka nous réserve quelques surprises en ce qui concerne le peu d’éléments liants tout ça. Je pense notamment au dernier rebondissement, assez inattendu, qui tombe tel un couperet, silencieux et bref. Il contribue encore plus cette impression de naviguer à vue, sans avoir un phare qui aide le lecteur à se positionner dans ce récit et de trouver la voie du chemin restant à faire.
Graphiquement, là aussi, je ne suis pas convaincu par le style Mitsuhisa Kuji. Je trouve que son trait manque parfois d’affirmation et parait un peu timoré et rigide. J’ai aussi beaucoup de mal avec les hachures très présentes dans les cases. Cela donne un coté « gribouillage », non fignolé, ce qui renforce l’aspect presque amateur du dessin.
Pour conclure, ce Wolfsmund – tome 2 de Mitsuhisa Kuji ne m’a pas beaucoup aidé à me faire un avis plus définitif sur ce seinen. Il possède du potentiel, une ambiance médiévale intéressante, un méchant très méchant, mais je n’arrive pas à cerner le tout.
Tout est trop épisodique, il me manque un fil conducteur, une intrigue plus globale qui voit plus loin que le simple destin de candidats au passage de la forteresse.
Pourtant la fin de ce tome me laisse encore espérer pour cette, qui a quand même du charme, notamment par son ton sombre et cruel.
Mais à un moment, il va falloir proposer un vrai récit.
Et vous que pensez-vous de cette suite ? Trouvez-vous que le manque de liant soit vraiment problématique ?