
- Scénario
- Graphisme
Vinland Saga – tome 10 de Makoto Yukimura
Une nouvelle vie pour Thorfinn
Si vous êtes un lecteur assidu et ancien de Fant’Asie, vous savez sûrement que j’ai une affection toute particulière pour le seinen Vinland Saga.
Ce manga de viking est impressionnant visuellement, détaillé, avec une superbe histoire, documentée et avec un souci du réalisme poussé.
Bref, j’adore Vinland Saga. C’est avec un grand plaisir que je poursuis la lecture de ce must-have.
Depuis la fin du tome 8, on sait que l’histoire a pris un virage à 180° mais néanmoins passionnant. Dans cet opus-ci, on va suivre Thorfinn dans sa nouvelle vie.
Vinland Saga – tome 10 de Makoto Yukimura est édité par Kurokawa et est disponible à la vente depuis le 13 octobre 2011.
Résumé de Vinland Saga 10 chez Kurokawa
Résumé de l’éditeur :
Au contact d’Einar, Thorfinn commence à apercevoir un monde qui lui était étranger, celui de la paix. Pourtant, il continue d’être rongé par des cauchemars dont il ne parvient jamais à se souvenir et qui pourtant semblent contenir un message important. Mais aucune vie n’est sans violence, et Thorfinn et Einar ont de plus en plus de problèmes avec des gens de la ferme, jaloux de voir le maître Ketil accorder de l’attention à de vulgaires esclaves. Vient alors pour Thorfinn le moment de se rappeler des paroles de son père et d’Askeladd et de faire le choix le plus important de sa vie…
La rédemption de Thorfinn
Depuis la fin du tome 8, Thorfinn, et plus globalement Vinland Saga ont évolué. Le héros, jadis rongé par la vengeance, a complètement changé de vie et c’est tout le manga qui change.
En effet, il est loin le temps des grandes guerres et des manipulations au niveau de la couronne. De fait, Vinland Saga est moins axé sur l’action et la guerre pour se recentrer sur ce personnage, son évolution, et indirectement sur la vie des vikings de cet époque.
Et pourtant, même si c’est un peu moins rythmé, on ne s’y ennuie pas une seconde. Le mangaka, Makoto Yukimura prend le temps de travailler son personnage, de poser les bases d’une réorientation scénaristique. Et en tant que lecteur, voir cela se mettre en place est très intéressant.
Ainsi, on y voit un Thorfinn toujours esclave dans la ferme de Ketil, en compagnie d’Einar, son compagnon d’infortune. Le fils de Thors va sortir de sa torpeur au contact de cet homme. Son évolution devient réellement palpable et on le voit petit à petit reprendre goût à la vie. Notre héros se reconstruit lentement malgré ses cauchemars. Dans une seconde moitié, Throfinn va se livrer à une étrange et visuelle introspection, afin de donner un sens à sa vie.
Le lecteur assiste à ce renouveau et partage les tourments de cet ex-guerrier. D’ailleurs pour matérialiser ces questionnements et le passage à un autre état d’esprit, le mangaka nous livre un passage très visuel et imagé. On y retrouve notre jeune homme accroché à une paroi, avec en dessous, une guerre perpétuelle, l’âme de tous ceux qu’il a tué et Askeladd en guide spirituel. Se sortir de cette situation, en escalant l’abrupte falaise est une métaphore sur l’acquisition d’un nouveau sens à sa vie.
Makoto Yukimura nous prouve une fois de plus tout son talent dans la mise en scène et le graphisme, avec ce travail habile et mystique, emprunt de mythologie nordique.
Ce tome est aussi riche dans le développement des personnages secondaires. Certes Thorfinn gagne en consistance, mais c’est aussi le cas pour des personnages plus secondaires qui en deviennent profonds et attachants. Je pense notamment à Einar, qui nous apparait comme un bon petit gars, capable de sortir Thorfinn de sa torpeur.
Mais le lecteur en apprend plus sur Ketil et sa compassion et gentillesse, sur le vieux maître et sa sagesse, sur le fils de Ketil, véritable bête de guerre, et sur d’autres esclaves, valets de ferme ou employés. Ce qui fait que ce microcosme vit sous nos yeux et permet d’être captivé par ce qui s’y passe.
Surtout que le mangaka nous livre une réflexion sur la condition des esclaves à cette époque. Il nous projette aussi dans une vie paysanne d’époque, qui parait documentée et qui n’en devient que plus immersive.
En lisant Vinland Saga, malgré quelques très légères facilités (comme le gentil maître pour des esclaves), on a presque la sensation d’être devant un manga historique, tant la documentation transpire de l’histoire et tant Yukimura est habile pour le dessin avec sa multitude de détail.
Je suis curieux de voir comment l’histoire va évoluer et surtout ce que va faire le nouveau Thorfinn. On se doute qu’il n’en a pas fini avec le Prince Knut et Thorkell. Mais que va-t-il faire ? Je suis donc impatient de lire la suite qui s’annonce prometteuse. e nJ’ai pas de doute sur la qualité de la suite tant le travail de Makoto Yukimura me ravit.
Graphiquement, il nous livre encore un travail somptueux, réaliste et regorgeant de détail et de finesse. Le trait est maîtrisé, mature et on sent la volonté de paraitre le plus réaliste possible pour favoriser l’immersion. Le découpage, la mise en scène sont de très bonnes factures et font que l’on suit avec plaisir cette histoire pourtant moins rythmée qu’à l’accoutumée.
Vinland Saga est décidement, pour moi, un des meilleurs seinen du moment. Même si ce dixième tome est dans la lignée du 9, donc moins axé sur l’action, la guerre, et les manipulations, il en reste pas moins captivant. Son propos mature, sa description de la vie de l’époque, ses personnages secondaires et un développement intéressant de Thorfinn font que ça se lit très bien, que le plaisir est toujours au rendez-vous.
J’ai hâte de lire la suite. Malheureusement, le volume 11 n’étant pas encore paru au Japon, on risque d’attendre longtemps.
Si ce n’est pas déjà fait, découvrez ce manga de viking qu’est Vinland Saga.
Et vous qu’avez-vous pensé de ce tome ? Le trouvez-vous moins bon que les autres opus ? L’évolution de Throfinn vous plait-elle ?
J’avais laissé tomber la série après le 5ème ou le 6ème tome parce que c’était trop sanglant à mon goût mais je devrais peut-être reconsidérer ma position finalement.
@Marie : Vinland Saga était sanglant. En même temps c’est des vikings, pas très réputés pour leur poésie.
Mais en même temps, le mangaka proposait pas malm de manipulation, politique et un peu petit coté documenté sympa.
En tout cas depuis 2-3 tomes, c’est moins violent. Ce qui ne veut pas dire que ça ne reviendra pas.
La pause entamée depuis le volume 9 confirme la maîtrise du sujet et la maturité de ce seinen historique. Ça tranche moins dans le viking et pourtant, ça reste captivant. J’adore !
@Rankill : Ca confirme la maitrise et non pas on s’en rend compte. Je pensais déjà cela dès le premier tome presque ^^