
- Scénario
- Graphisme
Top 10 – tome 1 : Bienvenue à Neopolis d’Alan Moore, Gene Ha et Zander Cannon
Pour son lancement Urban Comics avait décidé de rééditer Watchmen d’Alan Moore. Pour son deuxième mois, parmi de nombreux titres intéressants, j’ai choisi de me pencher plus particulièrement sur un autre titre d’Alan Moore : Top Ten – tome 1, intitulé : Bienvenue à Neopolis.
Il s’agit aussi d’une réédition d’un comic datant du tout début des années 2000, une première fois édité chez Semic.
Auréolé d’une belle réputation, écrit par un génie, je voulais vraiment voir ce que valait cette série, que je n’avais pas lu avant.
Top 10 – tome 1 d’Alan Moore, Gene Ha et Zander Cannon est édité par Urban Comics et est disponible à la vente depuis le 24 février 2012
Résumé de Top 10 t1 chez Urban Comics
Résumé de Top Ten 1 par l’éditeur :
La ville de Néopolis est entièrement composée de super-héros, du chauffeur de taxi au maire en passant par les animaux domestiques et les policiers. Les officiers du commissariat du 10e district font régner la loi et l’ordre dans cette cité surhumaine. Fraîchement débarquée en ville, Robyn Slinger, va aider ses équipiers à démêler une affaire tentaculaire de corruption au royaume des super-héros. (Top Ten # 1-6)
Enquêtes policières dans un monde de super-héros
Après avoir choisi Watchmen pour leur toute première parution, Urban Comics choisit, une nouvelle fois, de faire confiance à Alan Moore pour leur deuxième mois, avec ce Top 10.
Contrairement à Watchmen, qui avait déjà été réédité récemment, ce Top 10 est un vrai bonne nouvelle pour ceux qui n’avaient pu se procurer la version Semic. Le nouvel éditeur propose donc de (re)découvrir cet excellent comic.
Top 10 est une série qui date des années 2000, parue chez America’s Best Comic, filiale de Wildstorm, et qui raconte la vie d’un commissariat.
Sauf que ce commissariat est un peu spécial, puisque c’est celui de la ville de Neopolis. Cette mégalopole imaginaire, construite par des savants nazis après la guerre, est peuplée de surhumains. Mais malheureusement, pas uniquement de super-héros.
Cette ville connait la délinquance (prostitution, trafic de drogue, petits délits, meurtres…), sauf qu’elle est amplifiée car tous ses habitants ont des capacités spéciales.
Et pour maintenir l’ordre, il y a les flics du Top 10 (surnom donné à ce Commissariat du 10ème district). Et c’est eux que nous allons suivre.
Top 10 vaut le détour, notamment, par cette idée simple mais géniale d’un monde où tout le monde à un pouvoir, une capacité ou est un robot/ monstre… Du policier, au chauffeur de taxi, en passant par des prostituées, tous sont des surhommes. Et c’est dans ce contexte qu’Alan Moore propose un récit policier, avec des enquêtes banales et d’autres plus dramatiques, presque classiques. J’ai bien dit presque, car c’est du Alan Moore, donc ça va forcément plus loin.
Cette apparente normalité de la vie d’un commissariat et de ses policiers, dans un monde de super-pouvoirs, est juste génial et très décalée. Surtout que la ville de Neopolis est un personnage à par entière avec ses quartiers chauds, ses problèmes de délinquance, son histoire, son ambiance techno-punk….
On y croise toute sorte de personnages, des robots, des aliens, des monstres, des personnes costumées, des enfants aux super-pouvoirs, mais toutes différentes les unes des autres. On s’amusera aussi à repérer les différents clins d’oeil à d’autres comics.
Forcément tout cela donne une atmosphère joyeusement originale où l’on s’amuse de leur aspect et/ ou de leur pouvoir. C’est donc un délice de croiser une espèce de grosse larve extra-terrestre, star du porno, un gros monstre alcoolique mesurant quelques dizaines de mètres, un assureur bedonnant qui gonfle, un taxi aveugle, ou encore une “robot” prostituée…
Autant de personnages secondaires déroutants que l’on croise et qui contribuent à donner toute cette personnalité à ce Top 10.
Mais Top 10, c’est aussi et surtout le récit d’un commissariat et ses “hommes”, au travers de l’intégration d’une “bleue” : Robyn Slinger, qui va faire équipe avec le taciturne Jeff Smax. Ainsi, on va découvrir le capitaine, les sergents et les différents agents aussi hétérogènes qu’attachants. C’est donc toute une vie sociale et professionnelle que l’on voit évoluer avec des agents presque humains et crédibles. On suit leurs enquêtes, mais aussi leur vie plus personnelle et toutes les relations entre eux. On s’attache très rapidement à toute cette galerie de personnages, tous profonds avec un vrai travail graphique et scénaristique.
L’univers de la série se met en place, au gré des enquêtes et de l’intégration de Robyn, et le potentiel de cette série saute aux yeux immédiatement. La narration fait presque penser à des séries comme Urgences ou New York 911, mais avec des costumes bariolés, des super-pouvoirs et autrement plus de fun.
Top 10 propose certaines phases drôle et décalées, d’autres plus dramatiques, d’autres plus légères autour des relations sociales. Les agents du commissariat, malgré leur pouvoirs sont terriblement normaux et humains. On ressent bien leurs doutes, leurs joies, leur crainte, leur vie. Tout ce petit monde interagit ensemble, tout en faisant leur travail. Ce qui donne vraiment un background unique et merveilleusement scénarisé.
Il n’y a pas de grand combats, de menaces planétaires, ni de dimension épique, mais on ne s’ennuie pas le moins du monde. C’est un vai délice de déambuler dans Neopolis avec les gars du Top 10 et de suivre leur vie et leurs enquêtes. Surtout que Alan Moore, n’oublie pas d’aborder différents thèmes forts comme la différence, la misère sociale, la mixité sociale, les croyances, la sexualités, la difficulté de cohabiter…
Graphiquement, le travail de Gene Ha, sur des storyboards de Zander Cannon est assez convaincant. Neopolis prend vie et revêt bien l’aspect techno-punk qu’elle doit avoir. Le travail délicat, qui consiste à donner un aspect presque normal à des gens anormaux, portant ou non des costumes, est très bien réussi. Pour certains on en oublie leur aspect, bien que bénéficiant d’un super charadesign. Par exemple, j’ai adoré le personnage du sergent Kemlo, dit Hyperdog, avec sa tête de dobermann et son corps cybernétique. De même son trait est dynamique, qui est renforcé par un découpage efficace.
Ca manque parfois d’un peu de finesse et de précision, mais la personnalité du trait saute aux yeux.
Un petit mot concernant l’édition d’Urban Comics. La traduction m’a semblé bonne et le papier de qualité. Le choix de faire uniquement de l’hardcover peut être critiqué mais ici, c’est ce qu’il fallait.
A noter la présence dès le départ d’un récapitulatif des membres du commissariat avec une petite fiche descriptive pour chaque. Pratique et bien réalisé.
Pour conclure, Urban Comics a bien fait de proposer cette réédition. Ce Top 10 est un petit bijou, moins profond et intense que Watchmen, mais diablement efficace. J’ai été happé par cet univers que l’on sent riche et immersif. Sur une idée de base, somme toute, assez simple, Alan Moore la rend juste géniale. J’adore le concept d’enquêtes policières dans un monde de surhommes, mais en même temps tout ce qu’il y a de plus humains, avec des comportements bien normaux. Quel plaisir de suivre ces enquêtes et interventions tournant autour de la prostitution, drogue, trouble à l’ordre publique, meurtre, mais avec cette dimension super-héroique, donnant lieu à des situations parfois drôles, d’autres fois dramatiques, mais toujours décalées et maîtrisées.
Le monde de Neopolis et ses personnages méritent qu’on s’attarde sur ce comic qui vaut vraiment le détour. J’ai adoré et j’en redemande. Vivement la suite.
On ne peut que remercier Urban Comics d’avoir réédité ce tire, à coté duquel je serais passé à coté autrement.
Et vous qu’en avez-vous pensé ? Aimez-vous ce monde décrit par Alan Moore?
J’ai apprécié ce premier tome de Top Ten en soi, c’est agréable à lire et il y a une certaine idée (même si le concept de la ville de super-héros n’a rien de nouveau), après ce n’est pas non plus un titre ultra-transcendant. C’est bon, et c’est déjà bien.
@Gemini : C’est une question de goûts personnelles. Perso j’ai adoré le concept simple. mais c’est justement la simplicité de la réunion de deux genres (policier+ encapés) que je trouve géniale. Parce que c’est bien écrit, bien réalisé avec intelligence, maitrise et justesse (grace à cette simplicité).
le projet n’est pas aussi ambitieux et profond qu’un Watchmen, V pour Vendetta, mais j’ai adoré.
Mais on est au moins d’accord sur le fait que c’est bien :p