Tony Chu, détective cannibale – tome 2 : un goût de paradis de John Layman et Rob Guillory
Le retour du cibopathe Chu
Tony Chu, détective cannibale avait été une des excellentes surprises de 2010, malgré son titre un peu racoleur. Son humour, son dessin, son coté polar et son ambiance conféraient à ce titre une originalité et une fraicheur appréciables. Une série que je trouvais très prometteuse. Ce n’est pas pour rien qu’elle a remporté un Eisner Awards et deux Harvey Awards.
Delcourt publie donc la suite assez rapidement et c’est tant mieux.
Tony Chu – tome 2 : un goût de paradis est disponible à la vente depuis mars 2011.
Résumé de Tony Chu, détective cannibale 2 chez Delcourt
Au R.A.S, Tony Chu apprend qu’il va devoir faire équipe avec un nouveau coéquipier qui n’est autre que John Colby. Mais ces deux là ne semblent pas s’entendre, Colby reprochant à Chu d’être responsable de son nouveau visage très « Cyborg ». Ils se disputent violemment. Mais tout cela est une mascarade fait pour embobiner le supérieur de Chu qui se réjouissait de lui coller une personne qui ferait de la vie de Chu un enfer. En réalité les deux sont toujours amis et ravis de retravailler ensemble.
Leur première enquête commune les conduira sur les lieux d’un cambriolage. Les malfaiteurs ont laissé une trace de leur passage avec une jolie déjection. Mais pour Tony Chu, utiliser ses capacités de cibopathe est impensable. Ils vont donc mener une enquête à l’ancienne. Cette dernière les mènera vers une plante qui, bien cuite, a le goût de poulet.
Une bien étrange enquête débute et va nous mener sur une île paradisiaque.
Un comic décalé et atypique
Après un tome 1 très surprenant et de très bonne facture, Tony Chu nous revient assez rapidement avec le deuxième opus. Il faut d’ailleurs féliciter Delcourt pour cette relative rapidité. Ce n’est pas toujours le cas de toutes les séries (Invincible, Irrécupérable…).
C’est avec délectation que je me suis replongé dans les aventures du pseudo-détective cannibale, qui n’a de cannibale que le nom.
Pour rappel, Tony Chu est un inspecteur de la R.A.S et possède un don spécial. Il est cibopathe. C’est-à-dire qu’on ingérant un aliment, il est capable d’en retracer l’histoire et de savoir beaucoup de choses sur lui.
Ce pouvoir est bien pratique pour mener des enquêtes. En goutant un peu de sang, en mâchouillant un doigt, il est capable de savoir beaucoup de choses.
Dans cet opus, il va de nouveau mettre à profit ce talent pour la résolution d’enquêtes qui vont le conduire à Yamapalu, une île paradisiaque (enfin pas tant que ça) à la recherche de plantes ayant le goût de poulet.
Pour rappel, dans ce monde, la grippe aviaire a fait plusieurs centaines de milliers de victimes. Le poulet est maintenant un produit prohibé.
On retrouve dans ce deuxième tome tout ce qui m’avait plu dans le premier : personnage sympathique, humour, polar déjanté, fraicheur, situation loufoque, narration efficace, dessin cartoony…
Bref, j’ai encore énormément aimé ce second opus qui est au moins aussi bon que le premier. Passé la surprise du pouvoir de Chu, du background et du ton du comic, John Layman a su construire derrière et proposer une lecture très agréable et originale. Je trouve qu’il a su aller plus loin que son idée de base, cette capacité de cibopathe. C’était le piège qui l’attendait au tournant, il a su l’éviter.
Ce tome 2 intitulé : un goût de paradis montre que le comic Tony Chu ne sera pas probablement un phénomène éphémère. Ce titre a tout pour devenir une série de qualité.
Ainsi, dans cette suite, on retrouve bien les éléments caractéristiques du comic avec Chu usant de son pouvoir pour avancer dans ses enquêtes mais sans abuser et sans sombrer dans du gore, cet humour (sans pour autant être un comic drôle), ces personnages loufoques…
Le scénariste mêle habilement pouvoir, background, humour, polar et un petit coté gore (léger quand même). Le coté polar est bien présent puisqu’on suit les enquêtes professionnelles et d’autres plus personnelles de Chu avec des rebondissements qui vont le conduire au Vampire.
Il m’a été agréable de retrouver certains personnages secondaires qui apportent leur lot de fraicheur comme John Colby, qui revient en mode Cyborg, la critique gastronomique (dont j’ai oublié le nom), le chef qui se délecte des crasses qu’il fait à Chu, le frère de l’inspecteur et le Vampire qui a été mentionné dans le premier tome. La galerie des personnages s’étoffe et se développe pour notre plus grand plaisir, puisque tous ont un certain charisme.
Le contexte sanitaire et législatif me plait toujours autant. J’adore l’idée de la prohibition du poulet, source de toutes sorte de trafic. C’est peut-être un détail dans l’histoire mais j’apprécie vraiment. Il y a ce coté décaléet satirique qui me plait. Surtout que le scénariste l’exploite dans son intrigue sans jouer trop la carte de la revendication ou de la dénonciation.
Tout ça contribue à donner à Ce Tony Chu, tome 2 un caractère décalé et frais très appréciable. C’est vraiment un excellent divertissement qui procure du plaisir à la lecture. De ce point de vue là c’est une réussite.
Graphiquement, le trait de Rob Guillory est particulier. On ne peut pas dire que c’est beau, ni détaillé ni réaliste. C’est cartoony parfois grossier mais il s’en dégage un charme certain. Il renforce le coté décalé et un peu burlesque du titre. Là où on voit que le dessin est réussi, c’est qu’on imaginerait pas autre chose pour le récit. Il y a une véritable osmose entre scénario et dessin.
Pour conclure Tony Chu, détective cannibale – tome 2 : un goût de paradis confirme l’excellente impression laissée par le premier. Tony Chu s’impose comme une des séries les plus divertissantes du moment et une des séries les plus prometteuses.
Le scénario est habillement mené, avec de bonnes idées et combine avec beaucoup d’adresse, polar, humour, violence et un coté décalé. Et ce d’autant plus que la construction scénaristique permet de ne jamais s’ennuyer. De fait, ça se lit très aisément et avec beaucoup de plaisir.
Tout cela est parfaitement mise en page par un Rob Guillory qui est le complément idéal de John Layman. Son style cartoony sied à merveille à ce récit.
Tony Chu promet d’être la future bombe de Delcourt. Reste à voir si les ventes suivent.
Et vous qu’en avez-vous pensé? S’impose-t-il déjà comme un incontournable des librairies?
Moi aussi j’ai bien accroché à ce Tome 2 donc vivement les suites !!!
Un second tome toujours aussi excellent ! Ce titre est un vrai bonheur de lecture, qui nous change des super-héros.
Il faudrait vraiment plus de production de ce type.