. Tony Chu, détective cannibale – tome 1 Layman/ Guillory | Fant'asie
Kameyoko 27/10/2010 6

Tony Chu, détective Cannibale - tome 1 : goût décès

Tony Chu, détective cannibale – tome 1 de John Layman et Rob Guillory

Goût Décès

Tony Chu est un nouveau comic, lancé par Delcourt, dont on commence à beaucoup parler. En effet, Tony Chu, plus connu en VO sous le nom de Chew a gagné quelques récompenses. Parmi elles, il a remporté l’Eisner Award de la meilleure nouvelle série ainsi que les Harvey Awards de la meilleure nouvelle série (un plébiscite donc) et du meilleur nouveau talent pour Rob Guillory.

Son arrivée en France est auréolée d’une très bonne réputation, et nombreux sont les avis positifs. J’avais donc hâte de découvrir l’œuvre de John Layman et Rob Guillory.

Tony Chu, détective Cannibale – tome 1 : Goût Décès est édité par Delcourt et disponible à la vente depuis septembre 2010.

Résumé de Tony Chu 1 chez Delcourt.

Tony Chu est un inspecteur de police et fait équipe avec John Colby. Mais il possède une incroyable faculté : il est cibopathe. C’est à dire qu’en ingérant un aliment, il est capable de savoir beaucoup de choses sur le produit. Par exemple s’il mange une pomme, il sait de quel arbre elle provient, comment elle a été récoltée, quel pesticide a été utilisé… Pareil avec la viande, ce qui est déjà moins sympathique. La betterave étant le seul aliment qui ne lui fait pas cet effet.

Tony et son coéquipier sont en planque pour surveiller un commerce proposant, en total illégalité de la vente de poulet. En effet, depuis que la grippe aviaire a fait plusieurs millions de victimes, la consommation de viandes de volailles est prohibée dans le pays.

Lors de cette planque, ils vont identifier le caïd local, D-Bear, rentrer dans l’établissement. Alors qu’il s’apprête à l’appréhender, l’agence RAS (répression des aliments et stupéfiants) les empêche et notamment l’agent Mason Savoy. Ces derniers ont passé un accord avec D-Bear. Malgré cela l’agent Savoy, leur donne un mot de passe pour manger dans ce restaurant illicite, cuisinant des plats avecdu  poulet.

Mais alors que Chu déguste sa soupe, son pouvoir l’informe que le cuisinier est l’auteur de plusieurs homicides.

Sa capacité ne laisse pas insensible la RAS!.

Fun et pas gore comme le laisse penser le titre

Avant sa sortie française, Tony Chu (Chew en VO) bénéficiait déjà d’une belle renommée notamment du fait de ces récompenses aux Eisner et Harvey Awards. J’attendais beaucoup de ce titre.

De prime abord, l’intérêt de ce titre réside dans le pouvoir de son héros. Mais plus on avance, plus on se rend compte que Tony Chu a bien d’autres atouts.

Première chose à signaler, le sous-titre « Détective Cannibale » est trompeur bien que vrai. Techniquement, Chu est bien détective et mange (ou plutôt grignote) des fois de la chair humaine. Mais ce comic est à des lieux d’être quelque chose d’horrifique ou gore. Je ne dirai pas non plus que c’est tout public, mais c’est soft.

A aucun moment on sombre dans le sordide, le gore, la tripaille et l’horreur.

Au contraire, le scénario de John Layman joue beaucoup sur l’humour et les situations improbables.

Ce qui fait la force de Tony Chu c’est la capacité de son héros. Ce dernier est cibopathe. C’est-à-dire qu’en ingérant un aliment, il est capable de connaitre beaucoup de choses sur lui.

Cette faculté est bien pratique sur les enquête policière. Il suffit de goûter le cadavre (un tout petit bout suffit) pour apprendre plein de choses sur le crime. Vu que dans le monde dépeint par le scénariste, ils ne sont que trois au monde à pouvoir faire cela, l’inspecteur Chu, va vite attirer différents organismes comme la RAS.

Par contre, ce pouvoir est loin d’être une bénédiction. Manger devient une contrainte voir torture pour le héros. Cet aspect là est d’ailleurs plutôt bien rendu.

Cette trouvaille est tout simplement génial. C’est très original, cela permet beaucoup de possibilités et c’est bien exploité.
L’idée de départ est donc une véritable trouvaille, qui donne envie de se plonger dans ce comic. Mais derrière, Layman réussit à faire quelque chose d’intéressant avec ça. Il exploite bien cette capacité avec un titre qui s’oriente vers le policier, le tout étant teinté d’humour.

On est bien en présence d’une série atypique, déjanté avec un énorme potentiel.

La nourriture tient une place prépondérante dans le scénario, non seulement à cause des capacités de l’inspecteur mais aussi de par le contexte politique et légal.

En effet, l’histoire se situe quelques temps après une grave crise sanitaire mondiale. La grippe aviaire a fait des millions de victimes, et le gouvernement a décidé d’interdire la consommation de volailles.

On se retrouve donc dans une sorte d’époque de la prohibition de poulet et tout le trafic qui en découle. Ce qui rajoute un petit coté d’anticipation et politique appréciable. Ce contexte densifie le background et montre que Layman ne s’est pas contenté d’un pouvoir original.

Au-delà de ça, il y a plein d’allusion à la nourriture. Beaucoup de personnages secondaires ont un rapport direct avec la nourriture : le cuisinier serial-killer, la critique gastronomique, le frère de Chu…

La majorité du volume est constituée d’enquêtes indépendantes que mène notre héros, accompagné de Savoy. Il y a donc un coté policier, mais le tout est constitué de scènes et de situations funs. Mais petit à petit une intrigue plus globale se met en place avec quelques révélations et retournements intéressants. La fin du volume est bien maîtrisée avec une scène spectaculaire, un cliff prometteur et qui ne peut que donner envie de connaitre la suite.

L’humour et l’ambiance sont réussis et donnent à Tony Chu, une vraie personnalité et une vraie atmosphère dès le premier volume.

De plus, les personnages sont déjà bien travaillés et valent le détour. Il y a donc le héros et sa capacité, son coéquipier Savoy qui va lui apprendre des choses et qui a une manière de travailler à lui, la fille, critique gastronomique, dont il s’éprend qui a une plume exceptionnelle capable de bien faire ressentir ce qu’elle mange. Ce qui donne lieu à des scènes sympathiques.

Une galerie de personnages prometteuse et charismatique.

Le graphisme, signé Rob Guillory, colle parfaitement au titre et contribuer à donner ce petit coté burlesque. Son trait très cartoony est très agréable et réussi. L’aspect « mignon » tranche avec le background et le pouvoir du héros. Ce qui a l’avantage de mieux faire passer certaines scènes. Car même si ce n’est pas gore et plus souvent suggéré que montré, c’est plus facile de faire passer une dégustation de chaire humaine, avec un graphisme coloré et cartoonesque.

Tout comme le reste du titre, le dessin est très personnel et confère à Tony Chu, un charme indéniable.

Pour conclure, j’ai été séduit par ce Tony Chu. Malgré mon impatience, je trouve qu’il répond à mes attentes. J’ai pris énormément de plaisir à déguster ce titre (ouais facile comme blague). Le pouvoir du héros, le contexte, les personnages, l’aspect graphique (très cartoon) et l’humour font que, dès maintenant, ce titre se détache de la production actuelle. Il a une vraie personnalité.

Cette série a un potentiel certain et possède les arguments pour en faire une grande série comic.

Les « awards » gagnés ne sont pas usurpés et je vais suivre Tony Chu avec beaucoup d’attention.

Un comic coup de coeur, prometteur et original. A découvrir.

Et vous qu’en avez-vous pensé? Avez-vous accroché? Pensez-vous que ce comic puisse devenir une référence?

6 commentaires »

  1. gregfred8 27/10/2010 at 17:00 -

    Je l’ai lu il est très sympa ^^ vivement les tomes suivants.

  2. Bagooor 27/10/2010 at 17:02 -

    Comme il fallait s’y attendre, Tony Chu est une vrai surprise.
    J’ai bien accroché à ce titre, qui permet de passer un très bon moment. Et comme tu le dis si bien, Layman a trouver une idée originale, qui a du potentiel.
    J’ai donc beaucoup d’espoir dans ce titre, qui promet pour la suite de très bon moments de lecture.

    C’est le nouveau titre à lire (et à offrir pour Noël 😎 )

  3. Kameyoko 29/10/2010 at 17:38 -

    @Gregfred8 : Ouais vivement la suite surtout avec la fin du tome qui peut donner lieu à pas mal de choses.

    @Bagoor : Surprise non, il est quand même précédé d’une belle réputation. Disons que c’est une confirmation.

    Une petite nouveauté bien sympathique!

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