The Traveler – tome 1 de Stan Lee, Mark Waid et Chad Hardin

Un de trois derniers héros créés par Stan Lee

Bien qu’âgé de 88 ans et bien qu’ayant eu une vie bien remplie avec pas mal de créations, Stan Lee fait encore parler de lui.
Après s’être essayé au manga avec Karakuridôji Ultimo, LE monsieur comic nous revient avec trois nouvelles créations pour le compte de Boom! Studios.
Ces 3 nouveautés sont sortis en France. Il y a Soldier Zero, Starborn et celui qui nous intéresse aujourd’hui : The Traveler.

The Traveler – tome 1 de Stan Lee, Mark Waid et Chad Hardin est édité par Emmanuel Proust Editions et est disponible à la vente depuis le 16 juin 2011.

Résumé de The Traveler

Danielle, une jeune mère de famille se fait subitement attaquer alors qu’elle va chercher ses lunettes, par un étrange personnage doté de pouvoirs. Ce dernier, sorti d’une horloge publique, est capable d’envoyer des décharges électriques.

Danielle, complètement paniquée par la situation, tente de fuir vers un chantier des alentours, en espérant que l’individu ne la suivra pas.

Ce n’est malheureusement pas le cas. Alors qu’elle est sur le point de se faire attaquer, le temps se fige et un homme en costume bleu nuit avec cape et capuche surgit devant elle.

Il lui dit que pour survivre, elle devra faire exactement ce qu’il ordonne. Puis, le temps reprend son cours.
Mais le mystérieux encapé, prénommé Kronus, parvient à mettre hors d’état de nuire, l’homme aux pouvoirs électriques. Le Traveler vient de faire son apparition et est bien décidé à modifier les évènements.

Le Temps au coeur du récit

Après avoir crée de nombreux super-héros pour le compte de Marvel, Stan Lee, âgé de presque 90 ans n’en finit pas de créer de nouveaux personnages. On l’a récemment retrouvé sur Karakuridôji Ultimo, où il s’essayait au format manga.
Aujourd’hui ce qui nous intéresse c’est ses premiers amours avec le comic. En effet, il vient de participer à l’élaboration de 3 nouveaux super-héros, publiés chez Boom ! dont The Traveler.

Sur son concept, c’est Mark Waid, connu notamment pour l’excellent Irrécupérable ou encore Kingdome Come qui s’occupe du scénario. Chad Hardin, que je ne connais pas , pour être honnête, se charge lui de la partie graphique.

The Traveler se focalise sur le personnage de Kronus, alias the Traveler, ses pouvoirs, sa mission et son origine.
Sans trop spoiler, ce super-héros a pour pouvoir de contrôler le temps dans un champ d’action assez limité et d’influencer la vitesse des objets en l’accélérant ou le ralentissant. Ainsi il peut donc influer sur des objet, figer le temps, faire des sauts dans le temps… mais je vous laisse découvrir ça.

Dès le premier tome, on commence à en savoir plus sur lui, son identité, ses motivations, d’où lui provient ce pouvoir. C’est d’ailleurs au cœur même de l’intrigue.

C’est un personnage mystérieux, trouble qui flirte toujours avec la limite entre le bien et le mal. C’est un héros torturé par l’impact d’un évènement dans le continuum espace-temps, qui a aussi été profondément marqué par certains évènements de sa vie passée. Il est loin d’être lisse et d’être une incarnation parfaite du héros. Par exemple, il laisse volontairement des gens mourir ou avoir des déconvenues, alors que dans le même temps, il en sauve d’autres.

Sur le papier ce personnage est un intéressant, mais dans les faits nettement moins. Même si son costume est plutôt bien trouvé, son charadesign, sans le masque est fade. Alors que le personnage est torturé, trouble, avec des aspérités, il ne dégage aucun charisme, aucune empathie.

Pourtant son background devrait s’y prêter, mais le résultat est que ce n’est pas spécialement le cas. Ce qui est assez décevant de la part de Mark Waid.

Il faut dire qu’il n’est pas aidé par les méchants. Ces derniers, appelés Split Second  Men ont un très mauvais charadesign, ont encore moins de charisme que le héros, et frôlent parfois le ridicule. Pourtant, excepté un, ils n’ont pas des pouvoirs ridicules. Mais le scénariste et le dessinateur n’arrivent pas à les rendre intéressant.

Pourtant, je fais parti des gens qui pensent qu’un héros ne peut-être bon que s’il a un méchant charismatique comme némésis. Là, ce n’est pas le cas.

Au niveau du scénario, là aussi sur le papier, c’était prometteur. Entre un héros au pouvoirs temporelles, l’utilisation des voyages dans le temps… et Mark Waid au scénario, tout cela laissait présager du très bon.

Pourtant, le tout est poussif et un peu prévisible. Je ne trouve pas la narration maitrisée notamment avec les répercussions des actes du présent dans le futur.
L’ingérence de Kronus dans le présent (ou le passé, tout dépend du point de vue) connait quelques lourdeurs, comme si Waid était dépassé par les problématiques liées à l’espace-temps et aux répercussions.

Le scénariste essaie de proposer une intrigue en usant d’évènements à priori anodins et indépendants pour tout relier à la fin. Les évènements se lisent avec facilité, c’est agréable à lire, mais ça manque de fluidité.
Il arrive à bien faire monter la sauce jusqu’à une scène de fin, permettant d’y voir plus clair dans le background général de The Traveler.
Mais j’ai trouvé cette fin un peu tirée par les cheveux.

Même si je suis déçu par Mark Waid, que j’avais adoré sur Irrécupérable, qui avait le matériel pour faire quelque chose de bien, j’ai quand même pris plaisir à lire the Traveler. Et je persiste à penser, malgré quelques lourdeurs, que ce titre a du potentiel. Reste à voir comment va se passer la suite.

Graphiquement, Chad Hardin livre un travail correct. Son style, un peu cartoony n’est pas transcendant et manque un peu de pucnh et de détail. Son charadesign est à revoir. Les personnages manquent de style et de charisme. Par contre sa mise en page est assez maitrisée, lisible et fluide.
Pour résumer c’est pas désagréable à l’œil, mais c’est loin d’être exceptionnel. Faut dire qu’il n’est pas aidé par une colorisation manquant de relief.

Pour conclure The Traveler, bien que divertissant et agréable à lire, est assez décevant. Le personnage, la thématique et Mark Waid promettait sur le papier, mais finalement on en attendait plus de Waid, qui ne se montre ici pas sous son meilleur angle. La partie graphique est correct mais, là non plus sans réel génie artistique.
Mais pourtant, je ne peux m’empêcher de penser que ce titre a du potentiel. Ce n’est certainement pas le comic de l’année, mais il n’est pas désagréable non plus.

J’espère que la suite va s’améliorer, car si c’est le cas, on pourrait avoir un très bon comic.

Et vous qu’avez-vous pensé du bébé de Stan Lee ? Trouvez-vous aussi Mark Waid en petite forme ?