
- Scénario
- Graphisme
The Darkness – Tome 5 : Seconde Chance de Paul Jenkins, Frank Tieri, Rob Levin, Dale Keown, Keu Cha, Mark Texeira et Michael Broussard
Début d’un nouveau cycle
Après un long été d’absence, voici une toute nouvelle critique sur une série encore inconnue du catalogue Fant’Asie. Après une chronique dédiée à Spawn, je vous propose de vous pencher sur une autre série « historique » de l’éditeur Image Comics : The Darkness. Créée en 1996 par Marc Silvestri, la série connaît un bon accueil. Malheureusement, les ventes se trouvant en chute libre au début des années 2000, le label TopCow sous lequel est édité la série met un terme au premier « cycle » et relance The Darkness au #1.
The Darkness – Tome 5 : Seconde Chance marque le début de ce nouvel arc. Avec un changement graphique radical et un nouveau scénariste afin de redynamiser le nouveau départ du Darkness. Et quel meilleur choix que celui de Paul Jenkins qui, rappelons-le, est le co-créateur de la génialissime mini-série The Sentry ! Ce volume est le point de départ idéal pour les lecteurs qui seraient tenté de prendre le train en marche.
Ce nouvel arc va-t-il ternir ses promesses ? Quel virage va prendre la série ? Quelle est la nouvelle identité que Jenkins va donner à la série ? Nous allons regarder ça…
The Darkness – Tome 5 : Seconde Chance de Paul Jenkins, Frank Tieri, Rob Levin, Dale Keown, Keu Cha, Mark Texeira et Michael Broussard, édité par Delcourt, est disponible en librairie depuis le 08 Mai 2013.
Résumé de The Darkness 5 chez Delcourt
Résumé du tome 5 :
Alors qu’il a tué son oncle pour venger l’assassinat de son seul véritable amour, Jackie Estacado revient dans son vieux quartier, hanté par ses démons. Censé être prisonnier des Enfers, le Darkness, ce pouvoir qui l’habite, l’a ramené sur Terre afin qu’il accomplisse quelques missions pour lui. Mais le retour de Jackie n’est pas du goût de tout le monde… Une seconde chance ? Pas véritablement !
Restructuration totale
Les scores des ventes étant de plus en plus bas, TopCow décide de mettre fin à la série… et comment ! Le premier arc (regroupé en anglais dans le TPB The Darkness Volume 1, et correspondant aux tomes 1 à 4 de la présente collection Delcourt) est d’une très bonne qualité tout du long, et les intrigues s’enchaînent. Au dernier numéro (#40), Jenkins prend la chose en main. Un épisode suffit à mettre fin à tout cela. En un épisode seulement, Jenkins tue trois des personnages principaux. Et c’est peu dire, puisqu’il tue Jackie Estacado, le porteur du Darkness. Ainsi s’achève le premier arc, par la mort du héros de la série. Quoi de mieux pour relancer la série ? D’autant plus que cet épisode tombe un peu comme un cheveux dans la soupe.
Débute alors le nouvel arc. Le premier épisode pause les bases. Jenkins revient sur l’épisode précédent, expliquant à tout nouveau lecteur où en est le héros. Pardon ? Je ne vous ai pas dit. Jackie est ressuscité par le pouvoir du Darkness. Mais avant toute chose, j’aimerai revenir au principe de la série. Jackie Estacado est une petite frappe, un merdeux, un tueur. Recueillit à l’orphelinat par son oncle mafieux Frankie Franchetti, ce dernier fait de lui son meilleur exécuteur. Jusqu’à son vingt-et-unième anniversaire, Jackie profite de la vie, femmes, alcool, meurtres… La belle vie d’un jeune mafieux. Mais pour ses 21 ans, Jackie hérite d’un pouvoir puissant et sombre : le Darkness. Des ombres sortent des armées de démons à ses ordres. Son seul point faible : le Darkness n’est actif que dans le noir. Autre problème, le porteur du Darkness perd son pouvoir en même temps que sa vie le jour où il conçoit la vie (transmettant le pouvoir à son fils, le père de Jackie est mort ainsi). Jackie, coureur de jupons, se retrouve frustré de ne pouvoir plus jamais profiter des joies du sexe.
Jackie Estacado découvre alors dans ce tome 5 que le Darkness est bien plus puissant que ce qu’on pouvait imaginer, puisque ce dernier l’a ressuscité suite à la fin tragique du premier arc. Cette découverte apporte un ton très sérieux à la série. Jackie comprend que le Darkness l’a ramené pour une raison bien précise, et qu’il ne donne pas sans reprendre. Alors que le premier arc jouait avec une double carte humouristique/fantastique, le nouveau départ prend des allures plus que sérieuses. Jackie n’est plus le « patron » du Darkness avec ses Darkies (petits démons) marrants et cruels. Il craint le Darkness, dans une certaine mesure. Les Darkies ne lui parlent plus, et le seul échange que l’on a le plaisir de lire en est un où ses démons lui disent de se débrouiller tout seul. Le personnage de Jackie est plus tourmenté qu’avant. L’ambiance est plus sombre, le ton plus sévère et dramatique. Le dessin de Dale Keown et Keu Cha apporte vraiment un côté plus réel, donc plus sérieux, et donc plus noir.
Les auteurs ont voulu prendre les lecteurs au contre-pied, et c’est réussi ! Exit le dessin très « comics » et léger, exit l’humour déjanté des Darkies et l’aspect fantastique, exit les nanas sexy à tout va. Le nouveau départ met en avant le personnage de Jackie et sa quête de pouvoir au sein de la mafia. En confrontant Jackie au cousin Paulie, l’auteur prend la décision de mettre le fantastique de côté (Sonatine, Angélus, les chérubins…) et de mettre le paquet sur quelque chose de plus terre-à-terre. Pour appuyer cela, le dessin est sombre, réaliste. Tout est vraiment en accord. Mais tellement différent. Je ne vois pas comment ils auraient pu faire mieux pour relancer la série ! Même si je regrette un tout petit peu l’aspect décalé des démons barrés qui faisaient leur apparition. C’est là pourtant un changement très radical, puisque les démons du Darkness ne s’expriment plus. Si on sentait une véritable fusion avant, il existe maintenant une distance palpable entre Jackie et son pouvoir.
Sur le contenu même de ce Darkness – Tome 5, l’éditeur Delcourt a décidé de fournir des petits extras. Ainsi, vous pourrez lire tout d’abord les #1 à #6 du nouveau départ scénarisé par Jenkins et illustré par Dale Keown et Keu Cha. La seconde moitié de l’album renferme des mini-séries cross-over. Tout d’abord, Paul Jenkins associé à Keown, encore, livre un superbe Darkness/Pitt (vous aurez droit à un petit explicatif de qui est Pitt en avant-propos de ce récit). Delcourt propose ici les #1 à #3. La présence des deux mêmes artistes donne un ton unifié avec la première partie. L’histoire est bouclée un peu rapidement, mais Jenkins signe vraiment trois numéros très bons, notamment avec un ton plus léger du fait de la présence de Pitt. Quant au dessin, il est tout simplement parfait. Sombre à souhait, avec des « zombies » bien dégueux ! On sent que les auteurs se sont amusés, et ça, on le ressent à la lecture. Le second bonus est un numéro de Darkness/Wanted Dead, écrit par Frank Tieri et illustré par Mark Texeira. Cette histoire relate l’enquête de deux policiers sur Jackie. Si le dessin crayonné est d’une qualité exemplaire, le récit n’apporte pas grand chose. Enfin, la dernière « back up » et en réalité un spin off sur le Joyce le boucher : The Darkness/Butcher #1. Rob Levin et Michael Broussard nous livre une petite aventure « légère » qui nous permet de découvrir un peu mieux le monde du Darkness, et surtout le personnage de Joyce le boucher. Ce personnage est le « nettoyeur » qui s’occupe de faire disparaître les corps après que les mafieux aient fait leur boulot.
En conclusion, The Darkness prend un ton dramatique qui dénote beaucoup avec les premiers tomes. Ce n’est pas pour déplaire car Jenkins signe un scénario d’une grande qualité, avec des bases solides, et le dessin, s’il change radicalement la vision classique que l’on se fait de la série, lui donne un aspect bien plus sombre qu’auparavant et surtout plus adulte. Cependant, Jenkins a focalisé son récit sur les histoires mafieuses et de pouvoir, tout en laissant de côté l’aspect fantastique. Sonatine et l’Angélus, les deux ennemis de Jackie et du Darkness, sont toujours là, à l’affût. Comment la série réussira-t-elle à intégrer ses personnages dans son nouvel état d’esprit ? Nous verrons cela dans les prochains tomes. Les nombreux bonus (3 mini-séries ajoutés aux 6 premiers numéros réguliers) font toujours plaisir. Le cross-over The Darkness/Wanted Dead aurait pu être évité. Ceci dit, Butcher et Pitt sont vraiment une bonne surprise et apporte un peu de légèreté à un nouveau départ qui est très pesant. Intelligent de la part de Delcourt !
Et vous ? Que pensez-vous de ce nouveau départ pour Jackie Estacado, mais surtout pour la série The Darkness ? Avez-vous aimé le ton plus adulte ?