
- Scénario
- Graphisme
The Autumnlands – tome 1 de Kurt Busiek et Ben Dewey
De la fantasy anthromorphique
The Autumnlands est un comic prometteur pour qui aime, d’une part Kurt Busiek, mais aussi ceux qui s’évadent avec de la fantasy animalière. Ce genre est finalement peu représenté en France et se retrouve orphelin depuis l’arrêt du Dernier des Templiers.
Cet univers fantastique, empreint de magie est-il aussi enchanteur que je l’espère ?
The Autumnlands – tome 1 : de griffes et de crocs de Kurt Busiek et Ben Dewey est édité par Urban Comics et est disponible à la vente depuis le 06 main 2016.
Résumé de The Autumnlands 1 chez Urban Comics
Résumé de l’éditeur :
Dans un monde divisé entre Ceux Qui Vivent Au-Dessus et les tribus plus sauvages de la Plaine, la magie, garante de l’équilibre, vacille. Pour la revitaliser, les plus grands mages se réunissent secrètement et, dans un dernier espoir, invoquent la prophétie du Sauveur. Malheureusement, la cérémonie provoque la chute de la cité et sa destruction. Réduits au niveau des peuples de la surface, à la merci des terribles bisons, la société se relève et découvre stupéfaite l’apparition de leur prophète.
Contenu : The Autumnlands Volume 1: Tooth and Claw (#1-6)
Magie et fantasy dans un univers animalier !
The Autumnlands est un récit de fantasy se passant dans un univers peuplé d’animaux anthropomorphiques. Tout cet univers repose sur l’utilisation de la magie. Ceux qui le peuvent vivent en haut, les autres en bas. Ce qui crée différentes classes sociales. Sauf que ce monde voit, petit à petit, ses ressources en magie fondre. Un groupe de magiciens va alors entreprendre quelque chose de grandiose mais risqué : ramenez, à leur époque, le « Champion » de leur légende. Et bien évidemment, tout ne va pas se passer comme prévu.
Kurt Busiek, nous présente, dans un premier temps son monde et ses habitants. Ainsi on voit toutes sortes d’hommes-animaux vivrent ensemble sereinement dans des villes flottantes, entourées de magie au quotidien. Tout est fait pour nous plonger dans un monde enchanteur, plein de magie (au propre comme au figuré). Un des attraits majeurs réside ans l’utilisation d’animaux anthropomorphiques. Ce procédé a déjà utilisé à maintes reprises, mais je trouve que ça apporte toujours un peu plus de fantasy. Là, on se plait à suivre des magiciennes phacochères, girafes, des sorciers hiboux, lézard ou autre héron. Sans oublier une marchande renard, des guerriers bisons et notre héros : un chien.
Le personnage principal s’avère être Dunstan, un jeune homme-chien (un bull-terrier à priori), fils d’un notable de la ville, qui va se retrouver embrigadé dans une histoire qui le dépasse. Mais j’ai eu beaucoup de mal avec ce personnage. Je l’ai trouvé inutile et un peu fade. Certes, un drame le frappe, il a un bon charadesign, mais il manque singulièrement d’intérêt. Rien ne le fait ressortir du lot au point qu’il est régulièrement éclipser par des personnages secondaires plus travaillés. Nul doute qu’il sera plus approfondi par la suite mais pour le moment il a des difficultés à trouver sa place.
Le personnage central n’est autre que le guerrier de la légende. Je ne vous spoilerai pas en vous révélant qui il est. Toujours est-il qu’on suit ses premiers pas dans cette nouvelle époque et dans ce nouveau monde. On le voit mettre en place les différents rouages pour réussir sa mission (même si ce n’est pas ceux imaginés par les mages). Ses interventions sont toujours savoureuses soit parce que sources d’action, soit parce qu’il crée un décalage avec le monde de The Autumnlands. Il se révèle être aussi très amusant.
L’intrigue se veut assez épique, pleine de rebondissements et diablement addictive. On se doute que la suite sera une sorte de quête initiatique du jeune Dunstan. Mais au-delà de ça, des personnages anthropomorphiques, le scénariste rajoute de vrais thèmes comme une sorte de lutte des classes (voir esclavagisme), les luttes de pouvoirs, avec un peu de politique de religion et beaucoup de manigances. Il y a une réelle intelligence dans les interactions entre les personnages. Ainsi entre la magicienne à l’origine des événements et une sorte de haut-fonctionnaire, il y a un jeu de pouvoir qui se met en place, avec des motivations claires. Même si le tout se montre parfois un peu trop manichéen, il y a énormément de choses à apprécier dans ce comic. Moi par exemple, j’ai beaucoup aimé la tribu des bisons.
Malgré tout, on sent qu’on a simplement posé l’intrigue et donc qu’on en est qu’à ses balbutiements. On ne sait pas encore bien où veut nous mener l’auteur. L’héros a encore plein de mystères, comme son origine et le pourquoi de la légende et on sent que Dustan ne peut se contenter d’être ce personnage inutile. Surtout qu’on se doute que c’est que le départ d’un voyage initiatique, qui va les mener vers d’autres cités et d’autres tribus. L’objectif est sûrement de faire voir le vrai monde à Dustan lui qui vivait finalement en haut de sa tour d’ivoire, sans voir les injustices de ce monde. De même on s’interroge sur la magie en elle-même, son origine, sa probable fin…
Énormément de pistes possibles de développement sont envisageables, et toutes m’enchantent. J’ai donc hâte de voir où Busiek va nous emmener.
Mais le scénariste n’est pas le seul à saluer. Le travail de Ben Dewey vaut également le détour. Il contribue fortement à donner cette ambiance, ce dépaysement à ce récit. Son travail est fin, plein de détails notamment au niveau des décors permettant de bien s’immerger. Mais surtout, ce qui saute aux yeux, c’est l’incroyable bestiaire qu’il nous présente. Tous ces animaux humanisés, tous avec un charadesign bien étudié nous émerveillent. Ses planches sont magnifiques, avec un découpage réussit, plein de dynamisme. Sans compter la colorisation apportant elle aussi sa touche « magique ».
Pour conclure, The Autumnlands – tome 1 : de griffes et de crocs est une invitation à l’évasion. Les deux auteurs parviennent sans mal à nous plonger dans univers envoûtant avec sa magie et ses hommes-animaux. L’intrigue est rondement ficelée avec des nombreuses thématiques prometteuses. Pour le moment, nous sommes plus dans une longue introduction qui ne demande qu’à décoller ensuite. Notamment parce que le personnage principal est encore terriblement inutile et fade. Pourtant d’autres sont autrement plus travaillés et intéressants. Vivement la suite !!
Et vous qu’en avez-vous pensé ?
Avec les comics indépendants, c’est toujours un peu la loterie. On peut dénicher des pépites, ou tomber sur des choses qui ne sont pas toujours à notre gout, quitte à ne pas aimer des titres que tout le monde encense.