Terra Formars – tome 1 de Yû Sasuga et Ken-ichi Tachibana

Mauvaises surprises sur Mars

Terra Formars est un seinen de science-fiction, prépublié dans le Young Jump. Il est question de terraformation (fait de rendre habitable une planète) et d’insectes; en particulier les cafards. Ces bestioles répugnantes nous donnent une furieuse envie de les écraser. Sauf que dans ce manga c’est elle, après avoir mutée, qui veulent nous écraser

Terra Formars – tome 1 de Yû Sasuga et Ken-ichi Tachibana est édité par Kazé Manga et est disponible à la vente depuis le 30 janvier 2013

Résumé de Terra Formars 1 chez Kazé Manga

Résumé de l’éditeur :

La population terrienne en constante augmentation épuise toujours plus les ressources de sa planète. Seule solution pour éviter l’extinction : faire proliférer sur Mars l’unique forme de vie capable d’endurer son environnement et de le rendre habitable… le cafard.

An 2599 :

La terraformation entre dans sa phase finale et les rampants doivent maintenant être exterminés. À bord du vaisseau spatial “Bugs 2″, quinze jeunes gens venus des quatre coins du globe, et génétiquement modifiés en vue de cette tâche, s’apprêtent à atterrir sur Mars. Ils ignorent encore tout du sort de leurs prédécesseurs disparus en tentant de remplir la même mission… Et si la théorie de l’évolution ne s’appliquait pas qu’à l’Homme ?

Les cafards, c’est vraiment des sales bêtes

Terra Formars est un seinen de science-fiction assez bourrin et violent. Pour la petite information, on retrouve Ken-Ichi Tachibana au dessin, que l’on connait pour avoir oeuvrer sur le très intéressant « L’Affaire Suguya« . Mais ici, on est bien loin d’une investigation journalistique.
En effet, le contexte relève un petit plus (doux ephémisme) de l’imagination.
L’histoire se situe dans un futur où l’humanité, face à l’épuisement de ses ressources naturelles, entreprend le projet pharaonique de terraformer Mars, pour la rendre habitable. Pour cela ils vont envoyer du lichen et des cafards (le pourquoi étant expliqué dans le manga).

Après 500 ans de terraformation, alors que la terraformation est presque achevée, il est temps d’éradiquer les cafards. Une expédition « Bugs 2 » est menée, alors qu’on la précédente mission Bug 1 a mystérieusement disparue. 15 jeunes gens sont envoyés sur place.

Ils trouveront bien des cafards. Sauf que ces derniers se sont adaptés et ont muté. Ce sont devenus des créatures très dangereuses et l’équipe ne va pas tarder à s’en rendre compte.

Vous l’aurez compris, Terra Formars ne va pas faire dans la finesse. C’est très bourrin, violent, rempli d’action et super dynamique. Très rapidement, les premiers morts vont pleuvoir, les membres vont voler dans tous les sens. Ce déferlement de morts violentes, de démembrements et de sang qui gicle ne va pas s’arrêter de tout le volume.
Alors oui, c’est très primaire mais c’est très bien fait. C’est un énorme défouloir, mélangé à du WTF bien venu. Rien que cela suffirait à rendre ce manga intéressant à lire. Mais heureusement Terra Formars a d’autres qualités et va plus loin qu’un simple massacre.

En effet, notre équipe d’explorateurs, prise au dépourvu, n’en est pas pour autant désarmée. Ils ont été sélectionnés et génétiquement modifiés. Ainsi en s’injectant un sérum, ils sont capable de se transformer et d’emprunter des caractéristiques à un insecte propre. Et là, le scénariste s’est fait plaisir puisque chacun de ces 15 personnages possède des caractéristiques propres à un insecte comme la carapace d’un scarabée, la force d’un autre, les pattes avant de la mante religieuse ou encore un autre capable de générer du feu…
Ainsi à chaque découverte de pouvoirs, nous avons le droit à la présentation de l’insecte dont est tiré cette capacité.
Cette idée d’utiliser les insectes comme armes est très intéressante car le potentiel est énorme, tant ces petites bébêtes regorgent d’étranges caractéristiques.
De plus, Yû Sasuga peut facilement nous surprendre avec les différents choix. Personnellement, j’ai trouvé cette approche géniale et collant parfaitement au coté bourrin du titre. Et ce décalage entre le coté encyclopédique sur ces insectes et le récit SF, complètement WTF, est intéressant.

Un autre point positif réside dans les morts qui pleuvent. C’est totalement décomplexé mais surtout, on ne sait pas qui peut mourir, comment, ni à quel moment. Même si on se doute que les chances de se faire étriper sont grandes, on reste surpris. D’autant plus que le scénariste s’amuse régulièrement à développer et introduire un personnage, même si c’est parfois sommaire, pour le tuer la case suivante. Et quand je dis « case suivante » j’exagère à peine.

On appréciera aussi certains mystères et complots latents présentés ou légèrement introduits. Ainsi, on sait que certaines personnes, aux objectifs différents, tirent les ficelles et manipulent les gens. Les cafards eux aussi sont intrigants car ils évoluent vite, utilisent un peu notre technologie et on voit, par exemple, apparaître des pyramides, façon Kheops sur Mars. Tout ne sera pas expliqué dans ce tome, mais les mangakas posent les bases de la suite. On sent donc que ça ne sera pas juste de l’étripage d’humains et de cafards.

Evidemment le scénario ne respire pas la finesse. Les personnages introduits sont un peu clichés, tout comme leur background, certains rebondissements sont un peu abruptes et ces cafards sont délicieusement ridicules mais effrayants. Mais ce coté imprévisible, allant dans l’excès et cette impression que tout peut partir en vrille donnent énormément de personnalité à ce titre. On sent que la démesure est assumée et n’a pour but que d’offrir un divertissement encore meilleur, où l’action et le dynamisme sont de mises.

Graphiquement, même si on avait connu Ken-ichi Tachibana sur un récit très réaliste, son excursion dans de la pure SF est une réussite. Le trait est fin, détaillé, avec un sens de la mise en page qui dynamise le tout. L’action est assez lisible. Le charadesign est dans l’ensemble correct avec des humains que l’on différencient bien. Je me montrerais plus emprunté pour celui des cafards, très étrange. Ils ont des têtes d’abrutis, simplets. Mais ça les rend, paradoxalement, flippants. Il parvient à donner un coté très cinématographique à l’ensemble, mais aussi un peu glauque.

Pour conclure, Terra Formars – tome 1 de Yû Sasuga et Ken-ichi Tachibana est une très bonne entrée en matière. Le récit est hyper dynamique, bourrin à souhait, parfois primaire, mais que c’est jouissif !! Tout est fait pour divertir et proposer un spectacle presque régressif. Ca charcute et tue dans tous les sens et le rythme est endiablé. L’idée d’utiliser les insectes est savoureuse. C’est un gros WTF assumé et qui y va à fond. Le pendant de cela, c’est qu’il y a quelques raccourcis, des rebondissements qui arrivent comme un cheveu sur la soupe et des personnages un peu caricaturaux. Néanmoins, cette introduction donne furieusement envie de lire la suite. J’ai hâte de voir encore les humains se confronter à ces cafards évolués.
Un beau bordel, mais qui étrangement fonctionne très bien, car le scénariste a su incorporer des éléments intriguants qui seront à développer pour la suite.
Pour peu que l’on rentre dedans, Terra Formars est un petit kiffe survoltés et jouissif. Une belle surprise.

Et vous qu’avez-vous pensé de ce seinen ? Aimez-vous ce coté bourrin et 100% action ?