
- Scénario
- Graphisme
Solanin tomes 1 et 2 par Inio Asano
Jeunesse perdue
Inio Asano est un auteur que j’ai découvert très récemment avec Bonne nuit Punpun et c’est avec beaucoup d’intérêt que je m’intéresse à ses oeuvres antérieurs.
Oeuvre complète en 2 volumes, Solanin est très souvent cité sur les forums et les blogs comme l’un des meilleurs titres de l’auteur.
Le récit va ainsi s’attarder sur un groupe de 5 jeunes, tout juste entrés dans la vie active. Ils vont se questionner sur le bonheur et devoir faire face à la réalité, pas toujours facile.
Cette oeuvre a été éditée en France par Kana, dans la collection Made In.
Résumé du tome 1
Meiko qui exècre son boulot de secrétaire d’une grande entreprise, vit depuis un an avec Taneda, illustrateur occasionnel pour un magazine, et guitariste amateur.
Très cynique, la jeune femme n’envisage pas l’avenir de manière positive et entrevoit même la possibilité de « sortir du circuit » en donnant sa démission…
Ses amis, Jirô et Katô, ressentent également un malaise quand ils songent à leur avenir…
Résumé de l’éditeur
De l’adolescence à l’âge adulte
J’ai énormément de retard de lecture sur Bonne nuit Punpun, mais depuis la découverte de ce titre, je m’intéresse beaucoup aux autres parutions d’Inio Asano.
Je m’étais déjà intéressé au Quartier de la Lumière et au Champ de l’arc en ciel, mais c’est sur Solanin que je vais aujourd’hui m’attarder.
Il est vrai que plutôt que de revenir sur d’anciennes oeuvres de l’auteur, je pourrais plutôt avancer ma lecture de Bonne nuit Punpun, mais il est plus facile de se lancer dans une oeuvre courte, plutôt que de rattraper 6 volumes de retard.
Revenons cependant à Solanin, qui a été ma lecture le temps d’un week-end.
A travers ces 2 volumes, nous suivrons une petite bande de 5 amis qui se sont rencontrés dans le club de musique de leur université. Depuis leur rencontre, le temps est passé et ils sont depuis entrés dans le monde du travail.
Le récit débute ainsi alors qu’ils sont déjà entrés dans la vie active. Cependant, ils ne semblent pas apprécier ce qu’ils font, attendant patiemment que des jours meilleurs arrivent.
Raconté de manière très réaliste, Inio Asano nous décrit ainsi de tout jeunes adultes, qui ont maintenant un travail, mais ne trouve pas leurs places dans ce monde d’adulte. Encore trop jeunes, mais déjà trop vieux pour rester dans l’adolescence, l’auteur nous dépeint le passage d’une vie à une autre : ce moment où les rêves disparaissent définitivement, pour laisser place à la dure réalité.
Le ressenti des personnages face à leurs supérieurs ou leurs collègues est très réaliste, tout comme la sensation de ne pas les voir à leurs places.
Cette réalité du monde du travail, qui n’est pas du tout ce qu’ils imaginaient, les obligent à se prendre en main.
Mais le travail n’est pas la seule source de questionnement. Les problèmes de couples sont également de la partie, proposant ainsi un panel très réaliste de difficultés auxquels les Hommes peuvent être confrontés de nos jours.
Autour de tout cela, il y a également la musique. C’est la passion commune du groupe d’amis, qui reviennent vers leur passion après l’avoir laissé de côté en entrant dans la vie active.
La musique permet d’apporter un peu de poésie et un objectif pour les personnages, évitant à l’oeuvre d’être trop pessimiste ou démoralisante.
Je regrette juste le saut de 2 mois qui a lieu entre les 2 volumes. Cela ne permet pas de connaître la réaction des personnages suite à l’événement qui conclut le premier volume : j’étais curieux de voir comment l’auteur allait représenter la réaction des personnages face à cette tragédie, mais il le zappe complètement. On se retrouve donc 2 mois plus tard, avec quand même des bouleversements dans leur vie.
Évidemment, cela n’est pas un frein à la lecture de l’oeuvre, qui poursuit son développement.
L’oeuvre est finalement très bien conçue, avec un sujet plutôt dur, qui présente néanmoins une réalité d’aujourd’hui.
Nul doute que les jeunes adultes (lecteurs de seinen) sauront se retrouver parmi les personnages mis en avant par l’auteur. Malgré l’âge de l’oeuvre (presque 8 ans), le thème est vraiment d’actualité et plus uniquement au Japon.
Malgré tout ce sérieux, Inio Asano parvient tout de même à intégrer des éléments complètements loufoques ou drôles, qui font toujours mouches, sans complètement faire oublier le thème dur de son oeuvre.
L’alternance entre passages sérieux et pointes d’humours est vraiment un exercice périlleux, mais l’auteur s’en tire à merveille, nous faisant sourire après des passages poignants, sans en perdre la magie.
D’ailleurs, fait amusant, il est possible de distinguer une représentation de Punpun sur le second volume (page 71, sur le panneau de circulation).
Graphiquement, le titre est encore une fois une petite merveille. Le trait du mangaka est très réaliste et précis, participant pleinement à l’ambiance générale de l’oeuvre. Comme les Clamps, certains paysages sont en réalité des photos incrustées, mais le résultat est assez harmonieux.
La représentation des différents personnages peut être un peu caricaturale, mais ils ne sont pas pour autant exagérés.
En conclusion, Solanin est une oeuvre très forte de l’auteur, qui se veut très réaliste et qui correspond beaucoup à ce que peut ressentir quelqu’un qui entre dans la vie active. La difficulté à trouver un emploi et à faire ce que l’on aime y est bien retranscrite, alors qu’aujourd’hui le chômage est en progression constante.
L’oeuvre est donc toujours d’actualité et mérite d’être lu par beaucoup, que l’on soit fan de l’auteur ou non.
Encore une fois, une très bonne découverte d’Inio Asano.
Y a-t-il des lecteurs ayant lu Solanin ? Avez-vous aussi apprécié le titre ?
C’est le premier titre que j’ai lu d’Asano et pour moi, il reste toujours le meilleur de l’auteur. C’est clairement son plus grand chef d’oeuvre. On a rarement fait de manga aussi juste sur la jeunesse japonaise.