Scott Pilgrim – tome 1 de Bryan Lee O’malley

Pas un manga, pas tout à fait un comic, c’est un mélange

Scott Pilgrim, un peu comme Kick Ass récemment, a fait un petit buzz avant même sa sortie en France. On loue son coté fun, son mélange d’influence, son coté novateur… Sur la couverture nous avons même quelques verbatim comme « La BD la plus drôle de la planète » selon Scott McCloud, ou encore « L’une des meilleures choses qui soient arrivées à la BD durant ce millénaire » selon Ain’t it Cool News.

Le hic avec ce genre de buzz, c’est qu’il faut assurer derrière. Est-ce que ça sera le cas ici? Se montre-t-il à la hauteur de ce buzz (je veux dire ramdam^^).

Scott Pilgrim, Precious Little Life est le premier volume de la série crée par le canadien Bryan Lee O’malley qui s’occupe du scénario et du dessin. Il est disponible depuis le 12 mars 2010 chez Milady Graphics

Résumé de Scott Pilgrim volume 1

Scott Pilgrim a 23 ans et est actuellement entre deux boulots. Il fait de la basse dans un groupe de rock médiocre :  les Sex Bob-omb. Il vit en collocation avec son ami gay Wallace Wells, avec qu’il partage un même lit, par manque d’argent.

Cela fait un an qu’il n’est pas sorti avec une fille, jusqu’au jour où il rencontre une lycéenne de 17 ans : Knives Chau. Très lentement, une relation se construit entre eux, malgré les railleries de ces amis, Wallace en tête.

Mais un jour, alors que Scott et Knives sont à la bibliothèque, le jeune homme va flasher sur une jeune livreuse d’amazon.ca : Ramona Flowers qu’il a déjà vu précédemment dans un rêve. Il rêvera d’elle une nouvelle fois, le soir venu.

Plus tard, il la croisera de nouveau lors d’une fête. Il l’abordera mais il se ridiculisera. Il ira ensuite à la pêche aux infos sur elle. Il apprendra qu’elle vient d’arriver des États-Unis, et qu’elle sort d’une relation difficile.

Mais malgré sa relation avec Knives, il est obnubilé par cette fille.

Ce qu’il ne sait pas, c’est que pour sortir avec elle, il devra affronter ses 7 ex-petits amis maléfiques!

La Geek Cool Attitude!

Après un succès commercial et critique chez nos amis nord-américain, Scott Pilgrim débarque dans nos vertes contrées, auréolé d’une belle réputation. Mais justement c’est ça qui me fait peur.

Néanmoins, j’avais une réellement envie de feuilleter cet ovni, pour me faire ma propre opinion.

Pourtant le synopsis n’est quand même pas des plus engageants. Imaginez : une histoire entre un mec de 23 piges, un peu branleur sur les bords, qui débute une relation avec une lycéenne de 17 ans (et non ce n’est pas Ribery ou Benzema) quand survient une autre fille intrigante.

Là, on est en droit de penser qu’on va lire une banale comédie sentimentale, pas bien originale. Ce serait une erreur de penser cela.

Effectivement le début du comic (enfin si on peut le qualifier ainsi vu l’influence flagrante des mangas, jeux vidéo et culture geek) est assez classique, du moins en apparence. Mais petit à petit des éléments viennent se greffer à la trame principale et orientent le titre vers quelque chose de plus déjanté (ce que confirmera la seconde moitié du titre).

Pourtant même cette première partie se révèle être une bonne surprise. Cela doit beaucoup aux personnages sympathiques comme Scott, Wallace, Stephen Stills, Kim…. mais surtout Ramona Flowers qui apporte un coté lunaire.

Même si on pouvait redouter un coté chiant, cette partie se lit très bien parce que c’est frais, jamais prise de tête, et avec des personnages déjà soignés. L’humour est présent, jamais lourdingue, jamais trop présent. Il est distillé quand il faut. Quand on rajoute à tout cela de multiples références, geeks pour la plupart, et du rock alors on obtient une histoire sentimentale qui n’ennuie pas et qui, au contraire, plait. Peut-être est-ce parce qu’on s’y retrouve tous un peu et que c’est relativement juste. Et puis surtout il y a une espèce de cool attitude!

Bryan Lee O’malley arrive à faire monter en puissance son titre, d’abord avec l’arrivée de la mystérieuse Ramona Flowers et son coté onirique. Elle va dynamiser tout ça et casser le petit train-train de Scott Pilgrim. Dès son arrivée, on sent l’accélération de la narration et le basculement vers le déjanté qui atteint son paroxysme lors de la confrontation avec le premier ex-petit ami.

Cette dernière est un vrai plaisir de geek, de tous hommes élevés à coup de jeux-vidéos, mangas et comics. C’est complètement barré avec ce combat très « Street Fighter », complètement irréaliste mais voulu, mais surtout jubilatoire, tellement c’est bourré de références, déjanté mais surtout fun!

Ce virage brutal peut surprendre, parce qu’on n’imagine pas le titre basculer dans ce délire, car il s’agit bien d’un délire. Il y a notamment le concert des Sex Bob-omb qui est assez énorme tout en référence et auto-dérision.

Il se dégage de ce Scott Pilgrim Precious Little Life une atmosphère particulière, déjantée, jouissive et cool!

C’est vraiment un titre ovni difficile à « chroniquer ». C’est particulier avec ce mélange de genres et d’influences, ce graphisme singulier… Mais le plaisir de lecture est là. C’est fun, bizarre et drôle sans être comique.

Ce qui est sûr c’est que Scott Pilgrim sort des sentiers battus et qu’il souffle un vent frais sur le paysage du neuvième art. Un Ovni aux qualités indéniables.

Par contre, je n’irai pas non plus jusqu’à qualifier ce titre de « L’une des meilleures choses qui soient arrivées à la BD durant ce millénaire« . C’est un excellent titre mais pas forcément la tuerie que j’attendais.

Le graphisme est très particulier avec des grands yeux, des visages manquant de finesse. Les décors sont peu détaillés, et peu réalistes. On sent vraiment l’influence nippone dans le trait noir et blanc, l’encrage et l’utilisation du tramage. Bref le style est peu conventionnel et très personnel. Il ne plaira pas à tout le monde. Personnellement, je n’aime pas trop, mais ça contribue à l’atmosphère.

Pour conclure Scott Pilgrim est vraiment un ovni dans la production actuelle mélangeant comic et manga. L’histoire est surprenante et propose de nombreux rebondissements. Elle nous scotche en réunissant, humour, romance, action, rock’n’roll, références et personnages forts. Le graphisme est très particulier et peu rebuter.

Même si je trouve que nous ne sommes pas devant le chef d’œuvre ultime tel qu’il est vendu, il n’en demeure pas moins un excellent titre, original tel qu’on en lit rarement. Mais justement ce coté inclassable, ne fera pas l’unanimité. Mais si on rentre un tant soit peu dans le trip, ça sera un belle expérience de lecture.

Alors qu’avez-vous pensé de ce tant attendu Scott Pilgrim? Est-il à la hauteur de sa réputation?