
- Scénario
- Graphisme
Rising Stars – tome 1 de Joe Michael Straczynski, Ken Lashley, Keu Cha et Christian Zanier
Assassinats suspecs chez les super-héros
Rising Stars – tome 1 n’est pas une nouveauté en France. En effet, ce comic de Joe Michael Straczynski (JMS pour les intimes) est déjà paru, dans nos vertes contrées, aux éditions Semic voilà près de 10 ans. Malheureusement, jamais cette édition n’a été complète. C’est ce que propose Delcourt avec cette réédition, qui permettra de voir la fin de Rising Stars. C’est également une excellente occasion de découvrir cette série, pour ceux qui sont passés à coté à l’époque, comme moi.
Rising Stars – acte 1 : Né dans le feu de Joe Michael Straczynski, Ken Lashley, Keu Cha et Christian Zanier est édité par les Editions Delcourt et est disponible à la vente depuis le 18 janvier 2012.
Résumé de Rising Stars 1 chez Delcourt
Résumé de l’éditeur :
En 1969, une boule de feu s’écrase sur une petite ville américaine. Quelques années plus tard, 113 enfants, conçus cette nuit-là, manifestent des pouvoirs surnaturels. Le gouvernement les recense sous l’appellation de « Spéciaux », les traque, tente de les contrôler, mais cherche aussi un moyen de les neutraliser. Un jour, les rangs des Spéciaux se mettent à être mystérieusement décimés…
Polar super-héroïque
Rising Stars n’est pas un comic inédit en France. Il était déjà sorti à l’époque de Semic, mais sans avoir été jusqu’au bout de la publication.
Delcourt ressort donc ce comic de 1999, en format hardcover, comprenant 8 chapitre par tome. Il devrait donc compter 3 tomes en tout et pour tout.
La réédition de ce Rising Stars – tome 1, intitulé Né dans le feu devrait permettre au plus grand nombre de découvrir cet excellent comic de Michael J. Straczynski, et pour les autres d’avoir ce titre en intégralité. Et vu la qualité global, ça serait dommage de se priver.
Alors qu’il travaillait sur sa série Babylon 5, le scénariste a, en parallèle, imaginé cette histoire de super-héros.
L’histoire prend place en 1969, dans une commune de l’Illinois, où l’on a aperçu à un flash consécutif à la chute d’un objet provenant de l’espace. Quelques années plus tard, 113 enfants, alors à l’état de fœtus au moment de l’évènement, se retrouvent dotés de super-pouvoirs : vol, vitesse, force, invulnérabilité, télékinésie…
Ces enfants spéciaux vont vite être l’objet de crainte et être le centre de nombreuses attentions. Ils vont être réunis dans un camp pour pouvoir être étudiés et développer leurs capacités.
Une fois devenus adultes, certains de ses enfants vivent à l’écart, d’autres sont parfaitement intégrés, certains sont des héros, quand d’autres sont devenus des criminels. Mais certains de ces spéciaux semblent avoir été éliminés. Mais par qui ? Pouquoi ? Et comment ?
Très rapidement, le lecteur comprend qu’il n’aura pas une simple histoire de superhéros. Le scénariste pend l’option de proposer un récit orienté polar et critique sociétale. Il y a une vraie enquête au sien de cette communauté superhéroique sur fond de complot politique.
Malheureusement, trop rapidement à mon goût, le personnage central , John Simon trouve une piste trop sérieuse sur l’identité du tueur. Straczynski semble plus se concentrer, non pas sur l’identité du tueur, mais plus sur ses motivations et les ramifications que cela implique.
Son scénario et la conduite de l’enquête sont excellents. Le parallèle avec ce que fait Rorschach dans Watchmen est frappant, mais tout en étant différent. L’introduction de cette intrigue et de cet univers est intelligente et addictive. Le lecteur est rapidement pris dans l’engrenage et prend plaisir à suivre les avancées de l’enquête, découvrir de nouveaux « Spéciaux » et leur pouvoir.
Mais ce qui fait de ce Rising Stars, un comic si captivant, c’est la narration choisie. Ce tome est un gigantesque récit basé sur des flashbacks, où via des histoires personnelles, une histoire plus vaste, sur le traitement de ces enfants, se dessine. Le lecteur va rencontrer différents protagonistes qui vont lui narrer les évènements tels qu’ils les ont vécus et permettre de mieux comprendre leu parcours. De nombreux personnages seront croisés, de celui avec un pouvoir ridicules, voir quasi-inexistant, aux « gros bills » bien puissants. Le scénariste n’a pas le temps de s’attarder sur tous, mais développent suffisamment les principaux pour donner une vraie consistance à tout le background. Cela permet de bien replacer le contexte de l’enquête, la psychologie de différents superhéros impliqués.
La narration est un peu particulière, et ne plaira pas à tout le monde. Même si j’ai été pris par ces histoires personnelles, humaines, on peut avoir l’impression que c’est parfois décousu et un peu lent. Mais, dans mon cas, ça n’a pas du tout été le cas. J’ai été happé dans ce récit brillamment construit, intelligent et captivant. J’ai beaucoup apprécié cette narration. Pour moi, c’est un très bon travail de scénariste.
En suivant les principaux personnages au cours de leur vie, d’enfants à super-héros, le scénariste brosse des portrait touchants de jeunes tourmentés, mis à l’écart et qui ont du mal à trouver leur place au sein de cette société.
Il dépeint aussi tout un panel de caractères et de rapports humains assez justes entre ces personnages. Il mélange tragédies humaines, et actes héroiques avec une facilité déconcertante.
Une fois la base posée, le rythme s’accélère en fin de volume, avec un traque remplie d’action. Ces scènes sont spectaculaires, justifiées par le scénario et terriblement jouissives. On sent que Straczynski a pris le temps de poser sa base narrative, pour lâcher les chevaux en fin de volume.
Mais derrière se cache aussi un discours un peu subversif sur la différence, la discrimination, et les comportements limites de l’état. Ces 113 enfants ont toujours été tenus à l’écart, observés, rejetés, source de beaucoup de méfiance et de manipulation.
Il s’interroge aussi sur les dérives d’un gouvernement et de l’adminsitration d’une république, capable de faire des choses abominables au nom de la sécurité nationale.
Bafouement des droits de l’homme et des libertés individuelles, expériences, complots politiques, chasse à l’homme, mensonges et peur sont utilisés sans remords par cet état, au nom d’un intérêt supérieur. Cette vision est d’autant plus marquante, compte tenu de la politique américaine post 11 septembre. Comme quoi Joe Michael Straczynski a été bien visionnaire (Rising Stars ayant débuté en 1999).
Pou la mise en image, plusieurs artistes ont travaillé dessus comme Keu Cha, Christian Zanier et Ken Lashley. Malgré le nombre de dessinateurs, le style est assez cohérent et ne perturbera pas la lecture. Ils ont un style assez classique mais efficace notamment quand l’action prend le pas. Ils sont plutôt bons pour représenter des combats énormes, avec des dégats importants.
On peut reprocher des charadesigns un peu décevants. Les grosses pointures de cet univers manquent un peu de charisme et sont un peu trop classiques.
Dans les faits, on peine à distinguer les personnages puissants et importants, de ceux plus secondaires. De plus, on peut avoir certaines difficultés à différencier certains personnages.
Néanmoins, le résultat est plus que plaisant, notamment grace à bon travail sur le découpage, la gestion des flashbacks et un certain dynamisme.
Pour conclure, Rising Stars – tome 1 de Joe Michael Straczynski, Ken Lashley, Keu Cha et Christian Zanier est un excellent comic, très prenant et intelligemment mené par le scénariste. Se basant beaucoup sur les flashbacks, cette enquête au sein d’une communauté super-héroique est passionnante. En plus d’une critique acerbe sur le gouvernement américain, le scénariste traite avec finesse et beaucoup de brio, les relations humaines, la ségrégation, la discimination, le communautarisme et la peur de la différence.
Une excellente introduction pour une histoire qui s’annonce complexe avec de multiples ramifications, en louchant du coté du polar et du conspirationnisme.
La qualité graphique, bien que de très bonne facture, déçoit à cause du charadesign un peu raté.
Mais ça ne doit pas éclipser l’excellente qualité de Rising Stars. Vivement la suite.
Et vous qu’en avez-vous pensé ? Avez-vous apprécié l’utilisation repétée des flashbacks ? Trouvez-vous aussi pauvre le charadesign ?
un des meilleurs comics que j’ai lu, en gros la série Heroes s’en ai largement inspiré… TRES largement… c’était mon analyse :
http://www.amha.fr/159-heroes-na-rien-invente-decouvrez-rising-stars.html
Ca me donne envie de l’acheter ta chronique xD
Mais bon, trop de choses à acheter alors je verrais plus tard xD
@Txeng : Tant mieux si ça t’a donné envie.Honnêtement ça vaut le détour. Mais bon après sil y a d’autres choses à acheter avant….