
- Scénario
- Graphisme
Rebels – la naissance du rêve de Brian Wood, Andrea Mutti et Jordan Bellaire
La guerre d’indépendance américaine
Bizarrement, la guerre d’Indépendance Américaine, est, à ma connaissance, un thème peu utilisé dans le comic. Quand on sait l’importance de cette dernière pour ce pays, on peut être surpris par ça.
Mais Brian Wood va apporter sa pierre à l’édifice avec ce Rebels.
Quel éclairage apporte-t-il sur cette période ?
Rebels – la naissance du rêve de Brian Wood, Andrea Mutti et Jordan Bellaire est édité par Urban Comics et est disponible à la vente depuis le 04 novembre 2016.
Résumé de Rebels chez Urban Comics
Résumé de l’éditeur :
1775. La Guerre d’Indépendance éclate entre les treize colonies d’Amérique du Nord et le Royaume de Grande-Bretagne. Parmi les insurgés, le jeune Seth Abbott quitte alors femme et foyer pour mener le plus grand combat de sa vie : celui pour la liberté. Un rêve, mais à quel prix ?
Histoire des Green Mountain Boys
Dans une très intéressante préface Brian Wood explique qu’il a voulu montrer qu’on pouvait être patriote et de gauche. Ce Rebels tente de le montrer en racontant la guerre d’Indépendance vu par le jeune Seth Abbott.
Brian Wood est typiquement un scénariste capable de narrer une histoire sur fond historique. Son travail sur Northlanders et DMZ prouve qu’il est en est capable.
Il va donc s’intéresser à la Guerre d’Indépendance Américaine aux environs de 1775. Il tente de dépendre cette partie de l’histoire américaine mais en se focalisant plus sur l’humain que les événements. On sent la volonté de montrer les idéaux qui se cachaient derrière pour les « petites gens » de l’époque.
Rebels est une anthologie qui est consacrée en grande partie à l’histoire centrale, celle de Seth Abbott. Mais il y a également plusieurs mini-récit sur d’autres types de personnages impactés par cette guerre contre les Rouges (noms donnés aux anglais du fait de leur uniforme rouge).
Le gros de ce volume est donc consacré au dénommé Seth Abbott, grand connaisseur de la forêt, qui va s’engager dans le conflit, pour d’abord protéger les gens de chez lui. Il est dépeint plus comme quelqu’un qui se bat pour sa sécurité et les siens plutôt que pour de grands idéaux. Mais les ramifications du conflit vont le pousser plus loin que sa terre natale. Et paradoxalement pour protéger les siens, il va s’éloigner longtemps et délaisser sa femme qui va vivre sans lui dans leur cabane dans les bois.
Au travers des missions de Seth et des Green Mountain Boys, Brian Wood nous embarque dans sa guerre d’indépendance mais toujours en brossant finement le portrait d’hommes du peuple. Certes, on va croiser des figures plus historiques comme Georges Washington, mais le point de vue reste focalisé sur ces rebelles, ces hommes communs, pour qui cette guerre a de vrais conséquences.
Le récit se montre efficace, épris de liberté et d’indépendance et très agréable à suivre. En choisissant de se placer à hauteur d’homme et donc en humanisant le conflit, Brian Wood dépeint une fresque humaine mais commune. Car les différentes missions d’Abbott ne sont finalement qu’une partie d’un tout plus grand, qu’on ne fait qu’entrapercevoir.
A cet effet, ce n’est donc pas une fresque historique. Ce n’est pas un cours d’histoire américaine illustrée.
D’ailleurs c’est un des points faibles, à mon sens, de ce Rebels. L’auteur suppose que son lecteur connaisse bien cette Guerre d’Indépendance. Et j’avoue que, dans mon cas, je ne le connais que dans les grandes lignes. Là, beaucoup de batailles, de personnages et de lieux sont abordés comme étant important mais sans être explicités. Il faut également avoir une bonne connaissance de la géographie de la côté Nord-Est des Etats-Unis. Du coup, j’ai eu l’impression de manquer certaines clés de lecture.
L’autre gros défaut pour moi, de ce premier récit, c’est le côté fractionné. L’histoire manque de fluidité. Les différentes scènes se succèdent avec de gros ellipses temporelles et sans forcément d’explication sur ce qui se passe entre. Cela empêche de vraiment se plonger dans l’histoire de cette unité de forestiers et d’apprécier le personnage principal. Surtout que je trouve que son charadesign n’est pas excellent. Plusieurs fois, j’ai eu du mal à le reconnaître par rapport à d’autres.
Les autres histoires, plus courtes, montrent également comment cette guerre à toucher d’autres personnes : une femme, un natif indien, les esclaves… Et j’ai trouvé ces portraits souvent plus fins et touchant que l’histoire principale. Cela permet de voir quels sont les rêves et aspirations de chacun, voir comment cette guerre a pu toucher un peu tout le monde. Loin d’être parfait, ces personnages sont terriblement humains et sont embarqués dans quelque chose qui les dépasse. Et ça Brian Wood sait bien le décrire !
Graphiquement, on retrouve principalement Andrea Mutti qui livre des planches pleines de personnalité avec un style un peu rude, mais qui convient bien. Il parvient à nous plonger dans les paysages américains, et à nous immerger dans cette fin du 18ème siècle. Son coup de crayon un peu brut donne un effet « sale » au tout en conférant beaucoup de cachet à ses planches. Son charadesign est discutable car j’ai trouvé que les principaux protagonistes avaient du mal à être identifiable au premier coup d’oeil. D’autres artistes se succèdent sur les histoires annexes avec des styles différents.
Pour conclure, Rebels de Brian Wood, Andrea Mutti et Jordan Bellaire nous fait découvrir ces période de l’histoire que peu connaissent. Mais l’angle de rester à hauteur d’homme apporte plus de profondeur au récit et plus d’humanité. Mais le récit s’avère assez complexe car supposant quelques connaissances. De plus, la narration manque de fluidité avec un côté haché qui empêche de totalement se plonger dedans. Mais les portrait peints sont assez justement écrits et poignants.
A noter la richesse des bonus, avec des infos sur la création, des croquis, des étapes de créations de couverture…
Et vous qu’avez-vous pensé de ce Rebels ? Brian Wood réussit-il son pari de montrer qu’on pouvait être patriote et de gauche ?
Un commentaire »