
- Scénario
- Graphisme
RASL de Jeff Smith
Nouveauté Delcourt
Un OVNI est venu se greffer dans les parutions Delcourt il y a un peu moins d’un an. Le projet ? Une série en trois tomes qui sortira en moins d’un an. La série en question ? RASL, par le créateur de la série Bone, adressée aux enfants, elle-même éditée par Delcourt en France. Je me suis lancé dans la lecture de ces trois volumes, et alors que je pensais étaler ma lecture dans le mois, cela m’a pris à peine deux jours pour dévorer l’intégralité des 475 pages de bandes-dessinées. Je ne connaissais pas Jeff Smith. Je n’ai jamais lu Bone, malgré son succès toute fois relatif, et je me suis lancé dans RASL sans grande conviction. A vrai dire, la promesse d’une mini-série a été ma principale source de motivation, n’ayant ni ouvert le livre ni lu le résumé avant de commencer…
Cette chronique traite de l’ensemble de la série qui se découpe en 15 chapitres regroupé en quatre actes. Ces « actes » correspondent en réalité aux quatre tomes anglais tels qu’ils ont été initialement publiés outre-Atlantique par Cartoon Books (entre 2008 et 2012). Le découpage français effectué par Delcourt donne une lecture assez inégale en termes de quantité. Si les tomes 1 et 3 restent équivalents (4 chapitres chacun), le tome 2 est un petit pavé regroupant 7 chapitres.
La série est écrite et dessiné par Jeff Smith, et éditée par Delcourt en France.
RASL – Tome 1 : la dérive est disponible depuis le 27 août 2014, RASL – Tome 2 : Uma est disponible depuis le 03 décembre 2014 et RASL – Tome 3 : Maya est disponible depuis le 18 mars 2015.
Résumé de RASL par Delcourt
En découvrant les journaux perdus de Tesla, RASL, ex-ingénieur, parvient à décrypter les secrets de l’un des plus célèbres inventeurs. Il abolit les lois de la physique et passe alors de dimensions en mondes parallèles pour dérober des pièces uniques. Mais posséder l’un des plus grands secrets scientifiques de l’humanité n’est pas sans danger. Encore faut-il en maîtriser les conséquences…
Retour vers notre réalité
RASL est l’histoire d’un jeune homme qui, au premier abord, est bagarreur, perdu, voleur, dépensant son argent dans l’alcool et les putes. Au milieu de tout ça, il dispose d’une étrange machine, deux gros réacteurs, qui lui permettent de voyager entre les mondes parallèles. Dès le départ, Jeff Smith pose un décor d’apocalypse, on est dans un coin paumé du désert d’Arizona, et notre anti-héros voleur de tableau est poursuivi par un étrange gars de deux mètres avec une tête de crapaud qui lui tire dessus sans sommation.
Rapidement, on apprend que RASL, Rob de son prénom, est en réalité un scientifique passionné par Nikola Tesla, l’électromagnétisme et la physique quantique. Finalement, notre héros ne semble pas si perdu que ça. A coup de génial flash-back, Jeff Smith nous raconte qui est cet étrange personnage que l’on suit depuis les premières pages. Comment en est-il arrivé où il en est. Qui est cette Maya dont il expose le tatouage sur son bras. Comment a-t-il découvert cette technologie.
Entre l’action dans l’intrigue présent et les révélations des flash-black, Jeff Smith laisse aussi un temps de parole à son personnage. Ce dernier nous raconte alors sa passion pour Tesla, la vie et les recherches de Tesla, ainsi que les découvertes cachées de ce dernier, ses tests secrets de l’époque. Tous ces éléments sont magistralement disséminés au cours de la lecture, et, comme un puzzle, c’est à nous de reconstituer l’histoire au fur et à mesure.
Tout s’emboîte petit à petit. On alterne avec de l’action, de la violence, de l’horreur, du sexe, des révélations, de la science, de l’amour, de la science-fiction. Jeff Smith jongle avec tout ça d’une facilité déconcertante. De plus, l’auteur nous livre tantôt de longues séquences tout en image sans dialogue, tantôt des pages tartinées à la bulle. Il n’y a aucun temps mort dans le récit, et Smith a su rythmer ses pages pour ne pas lasser le lecteur.
A l’image de quelques grandes séries cinématographiques de Science-Fiction, comme Terminator, Retour vers le futur ou Star Wars, le second volume de RASL est bien supérieur au reste de la trilogie ! Il faut avouer qu’avec ses trois chapitres supplémentaires, il apporte forcément son supplément d’action et de révélations. Ce second tome est réellement un régal, et correspond, à mon sens, au cœur même de la série. Le premier tome est une sorte de longue introduction, le dernier en est la longue conclusion. Le dénouement justement peut être
un peu décevant. Le final est beau et grandiose, pourtant il manque un peu de surprise et est un peu abrupte par rapport à l’ensemble de la série.
Les personnages sont peu nombreux, on y compte quatre personnages principaux, quatre secondaires mais remarquables.
Chacun a son importance. Bien évidemment, RASL est le plus travaillé, toute la série est focalisée sur lui. On est même dans sa tête. Et pourtant, on croit ne jamais réussir à bien le cerner. Au début paria, puis scientifique, il devient un génie et un guerrier. Les autres personnages suivent un peu le même principe, ils évoluent. L’idée qu’on se fait de chacun change au cours de notre lecture, selon les événements. Ils sont imprévisibles, et c’est ce qui fait leur authenticité.
Le graphisme est quant à lui un peu particulier. L’encrage est épais, les personnages ont souvent une allure de jeunes adultes. Pourtant, le dessin allie à la fois violence et luxure. Les femmes savent être sexy et les combats rudes. Le dessin nous surprend parfois à nous effrayer, et parfois à nous émerveiller. Pour cela, il faut alors féliciter Steve Hamaker, le coloriste, qui rend hommage aux dessins et aux ambiances de Smith par une luminosité dosée intelligemment.
Pour conclure, RASL est une belle série de Science-Fiction, pleine de surprise. D’abord, graphiquement elle est réussie. Ensuite, le scénario est dense, plein de rebondissement et d’action. C’est à la fois une histoire d’amour et les aventures d’un scientifique pour sauver le monde. RASL est de ces rares séries intelligentes, bien pensées. Jamais trop violente, juste dosée comme il faut. J’encourage les amateurs du genre de se jeter dessus car c’est un bijou que nous livre Jeff Smith, une BD que je classe directement dans la case des grands classiques.
Et vous ? Avez-vous aimé RASL ? Pensez-vous qu’il s’agisse d’un classique
?
Les couleurs sont magnifiques, mais je suis sûr que ce serait encore mieux avec les couleurs noires et blanches. Mais quoi qu’il en soit, j’avoue que l’humeur et l’histoire de ce manga sont vraiment agréables.