Quartier Lointain, manga de Jirô Taniguchi

[Guest Blogging] Critique du manga Quartier Lointain par Kesasar

La critique qui suit sera consacrée à l’oeuvre Quartier Lointain de Jirô Taniguchi. Cette dernière est l’oeuvre à 100% de Kesasar, et entre dans le cadre de la volonté d’ouvrir ce blog à d’autres personnes. Je vous laisse lire cette superbe critique.

Un style pas comme les autres

On pourrait définir le style manga par le dynamisme de la composition, des angles de vues, un grande liberté dans l’utilisation des cases, les exclamations, les visages qui expriment en gros plan des sentiments forts, des combats (parfois) stylisés … ici point de tout ça !
Les cases sont rectangulaires, pas de contre-plongée, peu de personnages en mouvement pas de trais déformées ….
Mais le trait n’est ni baclé, ni grossier au contraire il est fin, ciselé et laisse deviner plus qu’il ne montre.

…Cela ne semblerait pas très engageant si ce style n’était pas …

au service d’une histoire

Tout est raconté par Hiroshi japonais « ordinaire » : 48 ans, marié, des enfants.
Un japonais pris par son travail et qui pourrais négliger sa famille.
Un homme heureux ? Un adulte accompli ?

Un beau jour, par hasard (mais est-ce vraiment par hasard ?) il prend le train qui l’amène vers le village de son enfance.
Il retourne sur la tombe de sa mère.
Subitement, il s’évanouit et se retrouve réellement dans son passé : il a de nouveau 14 ans !
Il retrouve sa famille, ses camarades …

Le coeur de se manga est là : on se souvient partiellement de son adolescence des bons moments, des blessures mais si on s’y retournait ?
Que ferait t’on ? Influerait t’on sur son propre passé ?

Hiroshi est partagé au début : pourquoi ? Qu’arrivera t’il à ma femme et mes enfants ?
Mais ses inquiétudes passent au second plan rapidement.
Hiroshi revit avec un nouveau regard ses cours, ses amitiés, sa famille, ses amours.
Au passage on en profite pour découvrir au quotidien les relations familiales et de camaraderie dans un Japon pas si lointain.

Avec tout le recul de ses 48 ans, Hiroshi re-considère avec tendresse sa vie de collégien japonais, ses relations amicales ou plus.
C’est là que ce livre prend tout sa saveur : une saveur un peu nostalgique du passé révolu.
Une saveur très attachante comme le souvenir d’une chaude journée d’été.

Tout est dans la subtilité et les sous-entendus.
Même si son histoire n’est pas la nôtre on se prend d’amitié pour lui, ses amis, son parcours.
Jirô Taniguchi arrive simplement et sobrement à nous faire partager les émotions.

Pour en arriver au père…

Hiroshi est revenu alors que son père n’est pas encore parti.
Il y a des blessures non refermés, des non-dit qui ont en verité toujours pesé sur Hiroshi et celle-ci est la cicatrice qu’Hiroshi a caché toute sa vie.

Pourquoi un beau jour dans une famille sans histoires son père est t’il parti ?
Il fera tout alors pour le découvrir et l’empêcher.

Le livre deviens comme Hiroshi plus grave.
Je ne vais pas révéler s’il va y arriver ou pas et donc changer le cours de sa vie sur ce point !

En conclusion

Jirô Taniguchi a magistralement traité dans un autre livre « Le journal de mon père » ce thème de la relation à sa propre famille.
C’est quelque chose qui le hante et qu’il traite finement dans « Quartier Lointain« .

Un grand merci à Kesasar pour cette critique d’un auteur qui, bien que connu, commence à m’intéresser. Vous pouvez retrouver Kesasar sur blog ou bien encore sur Twitter.