Otaku Girls – tome 1 de Konjoh Natsumi
Mon premier Shôjô?
Depuis le temps que je me disais que je devais m’ouvrir à tous les styles de mangas, j’ai franchis un premier pas en sortant de mon carcan shonen/ seinen. Je vais donc commencer un manga qu’on peut (presque) qualifier de shôjô.
J’en vois déjà certain sauter au plafond et réclamer que l’on me brûle vif, pour oser dire qu’Otaku Girls est un shôjô. Effectivement, ce titre est à la limite entre le Seinen et le shôjô. Mais comme c’est mon blog, je fais tout ce que je veux . Donc je vais dire que c’est un shôjô. Mon tout premier shôjô. Clairement ce titre est décalé puisqu’il traite d’une otaku (qu’on appelle aussi otakette) qui vit dans son monde et à tendance à voir du yaoi partout.
Séance de rattrapage : définitions
Pour que cet article soit le plus accessible à tous, il est bon de rappeler certaines définitions de base dans ce monde du manga pour passionnés :
Shôjô : Signifie en japonais, jeune fille/ adolescente. C’est un manga destiné à une cible particulière : les jeunes filles. Il se caractérise par des histoires mettant en scène les relations entre personnages souvent des romances. Par abus de langage, on définit shôjô par un manga mettant en scène une histoire d’amour aux différentes étapes conventionnelles.
Seinen : désigne un manga destiné à un public plus adulte. Souvent les histoires et les personnages sont plus complexes, plus sombres et plus élaborés. On associe souvent ces mangas à des histoires crédibles ou plus violentes ou plus érotique.
Otaku : L’otaku c’est un peu le geek du manga. C’est-à-dire une personne totalement passionné par un domaine touchant le Japon. Par abus de langage, on désigne une personne qui est à fond dans le manga/ les anim’.
Otakette : C’est l’Otaku au féminin
Yaoi : C’est un sous genre des mangas dont le public visé est les filles. L’intrigue est centrée autour d’une relation amoureuses entre deux hommes. Ils s’agit de relations idéalisées avec de jeunes éphèbes très androgynes. Le plus souvent ils comportent des scènes sexuelles explicites.
Voilà quelques définitions qui permettront aux plus néophytes de comprendre la critique.
Résumé d’Otaku Girls 1 chez Doki-Doki
Asai, est une jeune lycéenne otakette, et fan de Yaoi. Elle voit un monde déformé par ses lectures de mangas. Par exemple, elle voit des relations homosexuelles partout.
Par exemple, elle s’imagine que le tombeur du lycée, le beau Chiba, qu’elle trouve esthétiquement parfait a une relation amoureuse avec son meilleur ami : Abe.
Faute de pouvoir rejoindre un club manga, elle passe beaucoup de temps dans un cours d’arts plastiques où elle est seule.
Un soir, alors qu’elle entend des garçons parler entre eux dans une classe, son fantasme de voir un couple de Yaoi va prendre vie, à ses yeux. Elle entrouvre la porte et voit Chiba enlever la chemise d’Abe.
Sous le choc elle s’évanouit et se met à saigner du nez.
Alerté par le bruit de la chute, Abe sort en courant et malencontreusement la heurte avec son genou. Il est, dès lors, persuadé d’être le responsable de son saignement de nez. Il l’emmène à l’infirmerie.
A son réveil, il lui demande comment il pourrait se faire pardonner. Asai lui répond qu’elle aimerait beaucoup qu’il pose pour son cours de dessin. Abe accepte. Mais lors de cette séance, il se rend compte qu’il tombe amoureux d’elle.
Mais comment faire quand l’élu de son cœur croit fermement qu’il est gay et qu’il a une relation avec son meilleur ami? Tomber amoureux d’une otakette lui réservera son lot de surprises et de situations cocasses.
Que faire quand on est amoureux d’une otakette qui vous croit gay?
Voilà un des mes objectifs atteint : je lis des mangas qui sortent de mes habitudes. Avec ce Otaku Girls, je teste le shôjô (on dira ce qu’on voudra mais, moi, je le classe ainsi). Mais j’ai choisi quelque chose d’accessible, avec un titre décalé et très fun. Certes il y a bien des relations sentimentales entre les personnages mais c’est surtout humoristique.
L’attrait de ce manga vient de son héroïne Asai et le coté Otaku. En effet, les otakus ne sont pas si présents que cela et encore moins les otakettes. Asai est fraîche, pétillante mais totalement à l’ouest. Elle vit dans son monde et ses repères sont issus des mangas. Du coup, elle perçoit le monde différemment. Et comme elle est fan de Yaoi, elle voit des relations homosexuelles partout. De plus, ses propres relations sont biaisées par le monde qu’elle idéalise.
Il en résulte énormément de décalages, de situations ambiguës, de quiproquos. Le tout est servi par un nombre incalculable de références et d’auto-dérision.
Je parle d’auto-dérision parce qu’il ne fait aucun doute pour moi, que Konjoh Natsumi est aussi une otakette et qu’il y a une part de autobiographie dedans.
Asai est vraiment une héroïne très attachante. Son coté complètement à l’ouest, un peu fofolle et naïve est exquis. Elle se révèle attachante dans ses délires d’otakette. On prend beaucoup de plaisir à voir son monde par ses yeux, avec plein de scènes magnifiées et idéalisées pour faire très yaoi, ou bien des interprétations tirées par les cheveux d’une scène anodine.
Mais cette otakette n’est pas le seul personnage intéressant. Il y a tout initialement un trio qui deviendra quatuor ensuite. Tout d’abord, il y a Abe Takahiro qui a toujours vécu dans l’ombre du beau-gosse Chiba, et qui est peu looser sur les bords. Il est tombé amoureux d’Asai sans se douter de son coté otakette. Du coup, il ne comprend rien à cette fille et à ce qu’elle pense. Il essaie désespérément de lui faire comprendre qu’il n’est pas gay et qu’il est réellement amoureux d’elle. Mais face à une fan invétérée de yaoi c’est plus difficile que ce qu’il n’y parait. On prend beaucoup de plaisir à suivre ces mésaventures, à le voir essayer de prouver qu’il n’y a rien avec Chiba, à essayer de comprendre Asai mais surtout le voir se prendre des râteaux involontaire.
Il y aussi Chiba, le playboy du lycée, qui fait fondre toutes les filles, mais qui se montre très désintéressé quand il reçoit une déclaration. Il prend un malin plaisir à contrarier Abe. Il s’amuse de sa relation difficile avec Asai et n’hésite pas à la compliquer. Mais petit à petit, lui aussi va entrer dans le jeu, en déclarant tomber amoureux d’Asai. Sauf que lui, outre son physique, a un avantage : il comprend le monde des otakus. Plus tard, Matsui viendra compléter cette galerie de personnages.
Cette dernière est elle aussi complétement barrée.
Tout ce petit monde est déjanté et leur caractère est bien marqué. Ils deviennent très vite attachants et on se plait à suivre ce petit groupe dans leurs péripéties
Outre ces personnages, ce qui rend ce manga si divertissant et si drôle c’est les situations. La plupart du temps, la mangaka s’amuse à reprendre des scènes un peu classiques dans le shôjô, yaoi, pour les détourner et se moquer gentillement d’elles.
Il est très marrant de voir comment Asai perçoit une scène. Et ce d’autant plus que Konjoh Natsumi utilise plein de procédés graphiques et narratifs pour illustrer son monde. Elle utilise par exemple des petites indications directes au lecteur, une scène redessinée et magnifiée pour montrer la représentation que se fait l’héroïne ou encore une brève explication par autre personnage…
Tout cela fonctionne à merveille, on sourit et rit beaucoup devant ces situations incongrues.
Par contre le dessin est un peu quelconque et minimaliste. J’ai trouvé que le chara-design manquait parfois de détails et de finesse, les décors sont assez minimalistes. En revanche, je trouve que la mangaka rend bien tout ce qui touche à « l’otakisme » (beau néologisme!), notamment par rapport aux réactions d’Asai.
J’ai également trouvé le tramage souvent assez voyant. Dommage.
L’édition est de bonne facture, par contre certaines polices ne sont pas très bien choisies parce qu’on a du mal à lire certaines petites phrases qui font le charme de cette série.
Pour conclure, ce n’est pas à proprement parlé un shôjô mais on suit bien les histoires amoureuses d’un quatuor. Le titre est très divertissant et il déclenche de nombreux sourires.
Bizarrement j’ai beaucoup apprécié. Je pense que même les mecs, les durs, les tatoués, pourront prendre du plaisir à la lecture.
Vu que le thème tourne autour de l’otaku, je pense qu’il faut avoir certaines connaissances de bases pour bien tout comprendre. Otaku Girls parle beaucoup de yaoi, mais ce n’est pas un frein. Par exemple, je n’en ai jamais lu, mais ça ne m’a pas géné. Il faut juste savoir ce que ça signifie.
J’ai été très agréablement surpris par ce titre que je trouve vraiment bien et surtout drôle. Pourtant, je pensais me faire chier et ‘être un peu allergique aux romances à l’eau de rose. Mais ce titre s’amuse de cette vision et de ces clichés pour les détourner intelligemment. Moi aussi j’ai succombé au charme de cette Otaku Girls.
Même si vous êtes réfractaire au shôjô et yaoi et que vous êtes un féru de shonen, je suis persuadé que ce titre pourra vous faire changer d’avis. Il ne faut pas mourir idiot.
Personnellement, je vais continuer à suivre cette série et avec intérêt.
Que pensez-vous de ce titre? Shôjô ou pas shôjô? Pensez-vous que les adeptes de shonen/ seinen puissent apprécier ce titre?
Niveau classification, le cas d’Otaku Girls est très particulier, car il est issu du magazine Comic High ! Or, sachant qu’un manga est officiellement classé selon son mag de prépublication, j’ai eu la surprise d’apprendre que le Comic High ! est censé être le premier magazine shôjo pour hommes (cf Comipedia : http://comipedia.com/magazine/comic-high). Donc oui, ce manga peut plaire à des fans de shônen : il est fait pour ça 😛
Concernant la série en elle-même, je n’ai pas du tout accroché à la preview du volume 1 (cf les previews de Manganews). Quelque part, je crois que j’ai trouvé la réaction de l’héroïne un peu trop prévisible… Cependant, j’ai eu l’occasion de feuilleter récemment le volume 3 et je dois dire que je l’ai trouvé plus drôle, plus varié (plusieurs aspects des otakus sont abordés) et plus travaillé au niveau des relations entre les personnages principaux. Donc j’hésite… Peut-être lirai-je cette série finalement.
Concernant la définition du Yaoi :
Techniquement, l’acronyme Yaoi désigne les doujinshi et, par extension, tout ce qui concerne les productions nées d’une autre oeuvre (fanfics, fanarts…). Le Boy’s Love est le terme officiel pour désigner tout ce qui est production originale du genre. En allant plus loin, je dirais qu’Asai est bien fan de Yaoi, puisqu’elle fantasme sur la relation de deux personnages existants ^^. Ceci n’est bien sûr qu’un détail technique. D’ailleurs, j’utilise souvent le terme Yaoi pour tout désigner (c’est plus clair pour la majorité des gens) et je suis loin d’être la seule. Cependant, on peut noter qu’il existe des fans adorant le Yaoi et ne s’intéressant pas au BL, d’autres adorant le BL et n’aimant pas le Yaoi et d’autres qui apprécient les deux, mais pas forcément à égalité (personnellement, j’ai un gros faible pour le BL).
Puisque tu as l’air de vouloir aborder tous les genres, je te conseillerais bien de te lancer dans le BL… Sauf que les publications françaises sont très réduites (en style, pas en nombre) pour l’instant. A la rigueur, il y a Gravitation pour son côté humoristique très barré et ses rares scènes explicites (sachant que l’anime est, à mon avis, meilleur et sans scène explicite), New-York New-York pour certains côtés plus réalistes (et peu explicites aussi), Le syndrome du Tournesol pour son côté seinen (très fouillis malheureusement), Après l’orage pour son réalisme (ici, pas de bishônens longilignes, mais des « vrais » hommes) ou le jeu du Chat et de la Souris, très explicite, mais particulièrement soigné dans la description des sentiments.
Par contre, pour trouver des BL s’éloignant vraiment des codes graphiques du shôjo, il vaut mieux aller chercher du côté de la VO (les titres du magazine Opera par exemple : http://www.akaneshinsha.co.jp/online/edge/opera-bn1-12.htm, ou peut-être ceux du mag Reijin, de Takeshobo).
Shôjô ou pas shôjô?
-> j’ai renoncé depuis longtemps à mettre une définition précise derrière ce terme. Après, il faudrait voir dans quel magazine de prépublication à été publié Otaku girls, ça peut être un bon indicateur.
Sinon Otaku Girls c’est bieng. Même si dans le 2ème tome il y a un peu trop de romance et de fanservice. (d’ailleurs les gros plans sur la poitrine de Matsui me font dire que ce manga doit aussi avoir un public masculin)
Oui alors, je précise : le commentaire de Natth n’apparaissait pas lorsque j’ai posté le mien 😆
@Natth : Pour les réactions prévisibles, il y a un peu de ça puisque un des buts est de caricaturer les otakus, donc c’est un peu normal. mais en même temps, c’est délirant donc il y a pas mal de surprises quand même.
Je pense sincèrement que c’est une série à découvrir.
Pour Yaoi : Techniquement, tu as raison, mais c’est vrai que par abus de langage on regroupe tout ce qui touche aux relations (sexuelles ou pas) entre hommes.
A terme j’essaierai un pur Boys Love, mais à terme. On va y aller progressivement quand même. Je vais commencer par un pur shojo puis par un titre plus ecchi et après le yaoi.
Passer direct au yaoi risque d’être trop dur pour moi. Faut pas oublier que je suis très basique comme monsieur : shonen/ Seinen
Mais merci pour la liste
@Faust : C’est vrai que le 2ème opus fait un peu plus de fanservice, mais je trouve que ca s’intègre bien. Et oui Matsui est là pour satisfaire le lectorat masculin, surtout que sa relation avec Asai est quand même bien ambigüe
Bon courage si tu te mets au BL, moi même étant pourtant une fille j’ai beaucoup de mal à accrocher à ce genre… ^^ Tout dépend vraiment des goûts dans ce cas.
Pour en revenir à Otaku Girls, j’ai été totalement conquise par le premier tome. Chaque personnage à un petit quelque chose qui nous fait l’apprécier (les filles ne particulier) et les gags vont de bon train.
Et puis on peut jamais vraiment savoir ce que pense Asai, elle entretient une relation un peu spéciale avec Matsui, et la fin du tome 3 concernant sa relation avec Abe est tout simplement épique.
Cette œuvre a décidément beaucoup de charme bien que le design reste assez banal. Des manga comme ça j’en veux plus. 😀
Je lis otaki girl tome 1 et 2. Et perso j’aime bien, ça m’a bien fait marrer. J’adore l’otakette complètement décalé et à l’ouest 😀
Perso je lis tous les type de manga, du shojo au seinen. Je suis bon public on va dire…
@Lu-sama : J’en suis pas encore au tome 3, pas de spoil. Mais Matsui est excellente aussi. Ce que j’apprécie c’est de voir comment Asai modifie le monde qui l’entoure à cause de ces lectures. C’est très bon.
@Coccy : Je crois que cette otakette parle à tout le monde sans être pour autant otaku soi-même.
Pour les styles de mangas, ça dépend tellement des goûts. J’aimerai être plus grand public, mais les histoires d’amour et tout ce qui est ecchi inutile m’intéresse pas trop. Mais j’ai pris comme bonne résolution de ne pas mourir idiot et d’essayer.
Mais un bon shonen et un bon seinen on ne fait pas mieux 😆