
- Scénario
- Graphisme
No Longer Heroine – tome 1 de Momoko Kôda
Un shôjô surprenant
No Longer Heroine (Heroine Shikkaku en VO) est le shôjô vedette de cette première moitié d’année du catalogue Delcourt. Ce manga a été élu deuxième shôjô de l’éditeur Kôdansha. Ce titre se différencie par une héroïne qui change du personnage principal type du shôjô. Ce qui fait que ça pourrait bien plaire à ceux qui ne sont pas familier du genre (comme moi).
Que vaut ce manga prometteur ? Vais-je aimer un nouveau shôjô ?
No Longer Heroine – tome 1 de Momoko Kôda est édité par Delcourt/ Akata et est disponible à la vent depuis le 13 mars 2013.
Résumé de No Longer Heroine 1 chez Delcourt/ Akata
Résumé de l’éditeur :
Hatori, l’anti-héroïne de ce manga, a toujours rêvé d’être comme ça, digne d’être l’héroïne de sa propre histoire d’amour. Le hic, c’est que Rita, son ami d’enfance, est un véritable coureur de jupons, et qu’il ne la considère que comme une amie. Jusqu’à aujourd’hui, Hatori se contentait bien volontiers de cette situation : après tout, elle était dans une position privilégiée de confidente et d’amie. Persuadée que Rita finirait par la remarquer, elle n’a jamais osé franchir le pas et lui déclarer sa flamme… Mais quand Rita commence à sortir avec une intello binoclarde bien différente de ses conquêtes précédentes, rien ne va plus ! Jalousie, rage, mesquinerie et surtout désarroi… La jeune fille se laisse aller à ses pires émotions. Ô enfer ! Ô damnation ! Et si elle était en train de devenir le personnage secondaire de sa propre histoire ?!
Hatori, héroïne de sa propre histoire d’amour ?
L’idée principale de No Longer Heroine repose sur une idée aussi simple qu’elle est superbe. Le personnage principal, Hatori, pense être le personnage principal de sa love story avec son ami d’enfance Rita. Malgré les multiples conquêtes sans lendemain de Rita, Hatori reste très confiante quant à leur relation. Elle est la mieux placée en tant qu’ami depuis de nombreuses années et confidente du charmant jeune homme. Comment ne pourrait-elle pas être le premier rôle de sa romance ?
Et pourtant, que se passerait-il si elle devenait un simple second rôle dans la vie de Rita ? C’est ce qui est sur le point d’arriver avec la venue de la discrète et gentille Adachi bien loin des autres prétendantes.
Tout part du principe même de la définition même de l’héroïne dans un shôjô. Et ce parti pris est très intéressant et novateur. Car souvent, et moi le premier, on reproche aux shôjôs d’avoir du mal à s’extirper des codes du genre entre le trio ou quatuor amoureux, l’amitié qui se mue en amour ou encore la moche qui devient belle. Mais là, le personnage principal, regroupant toutes les qualités d’une héroïne, qui se fait piquer sa place pour devenir un second rôle c’est bien vu et original.
Mais cette idée aussi brillante soit elle, ne serait rien sans un personnage principal fort. Et c’est ce qu’est Hatori. Cette jeune femme bénéfice d’un traitement approfondi. Sa situation amoureuse devrait la placer dans les meilleurs conditionss pour ravir le coeur de Rita. Et de ça, elle en est assurée et fait preuve d’une confiance inébranlable dans la réussite de sa relation à plus ou moins long terme. On peut même dire qu’elle fait preuve de suffisance.
De plus, elle a un coté imparfait, très moderne qui la rapproche du lecteur. Outre sa suffisance, elle est également très dynamique, idéaliste, mauvaise langue, manipulatrice et n’hésite pas à être fourbe pour arriver à casser le couple Adachi–Rita. Mais pourtant, elle n’apparaît pas comme mauvaise, juste une petite peste un peu superficielle mais terriblement attachante et drôle.
Et ce d’autant plus que l’humour est toujours au rendez-vous. Le ton du manga est assez léger et on s’amuse beaucoup de voir les faits déformés par son interprétation subjective, donnant lieu à des scènes cocasses. Surtout que les dialogues, et notamment les réflexions de l’héroïne sont bien écrits et modernes. La traduction joue aussi beaucoup, puisque de nombreux termes sont ceux entendus dans les lycées comme les « relou », « boloss »…
J’ai également apprécié la façon dont Momoko Kôda s’est servie de certaines oeuvres de fiction pour construire son personnage et certaines situations. Elle ne parodie, ni ne copie ces modèles mais c’est son héroïne qui s’en sert comme modèle pour résoudre ses problèmes ou construire son identité. Les références sont donc assez nombreuses.
En revanche, les autres personnages sont un peu moins bien travaillés. Rita est présenté comme l’objet de fantasme féminin par excellence : beau gosse, un peu mystérieux et désinvolte, mais il manque de développement et de profondeur. Néanmoins sa relation avec Hatori est intéressante. Notamment à partir du moment, où elle décide de passer à l’action et de lui avouer ses sentiments.
Adachi, quant à elle, est un savant mélange de second rôle presque insignifiant, et d’un personnage central, discret mais pas inintéressant. Sa gentillesse et sa faculté à cerner les gens sont assez bien utilisés. Cela casse un peu l’image de la rivale et cela la fait tendre vers le stéréotype de l’héroïne. Ce qui est raccord avec le caractère d’Hatori qui fait plus penser à une rivale. Ca met donc en exergue le postulat de ce shôjô qui consiste à faire du personnage principal, un second rôle.
Comme tout shôjô qui se respecte la dominance des sentiments est bien présente. Ainsi au cours du tome, on va pouvoir voir l’évolution des sentiments d’Hatori. Elle passera de l’assurance, à la déprime, en passant par la fourberie, la tristesse ou encore la nostalgie. Cette dualité entre vie rêvée, fantasmée et la réalité offre, outre des situations cocasses, une vaste palette de sentiments pour Hatori. J’ai trouvé la description des différentes phases émotionnelles assez juste, sans tomber dans le « too much ». Il s’en dégage une certaine véracité. Ce qui rend le tout, touchant.
Graphiquement, le trait de Momoko Kôda est typé shôjô, pas de doute là-dessus. Cela manque parfois d’arrière-plans, il y a beaucoup d’utilisation de trames, les personnages ont souvent de grands yeux larmoyants. Mais ici, cela passe bien car c’est utilisé avec parcimonie et discrétion. Surtout que la mangaka est plutôt douée et offre de jolies planches.
Les personnages ont beaucoup d’expressivité, et cela passe pas mal par l’utilisation de visages déformés, renforçant l’aspect comique.
Pour conclure, bien que je ne lise que peu de shôjô, j’ai apprécié ce No Longer Heroine – tome 1 de Momoko Kôda, notamment parce que ce n’est pas un shôjô comme les autres. Avec son excellente idée de base, son héroïne attachante, son humour, la sincérité et vraisemblance des sentiments font que la lecture est addictive et passionnante.
Avec un premier abord léger et frais, ce manga cache aussi une certaine justesse dans les relations.
Pour un premier tome, c’est une très bonne surprise, plein de promesse !
Et vous qu’avez-vous pensé de ce shôjô ? Sort-il vraiment des standards ?
Un shôjô pas comme les autres ? Ça donne envie tient ^^’ On verra suivant mes finances pour me le procurer.