
- Scénario
- Graphisme
Monolith – tome 1 : La voix dans le mur de Jimmy Palmiotti, Justin Gray et Phil Winslade
Le mythe du Golem revisité
Monolith est un comic que je n’attendais pas forcément. Je ne connaissais pas spécialement cette série, et son sujet ne me passionnait pas outre mesure. Pourtant, il faut parfois savoir prendre des risque et s’essayer à la lecture de certaines oeuvres.
Car Monolith est une agréable surprise.
Monolith – tome 1 : La voix dans le mur de Jimmy Palmiotti, Justin Gray et Phil Winslade est édité par Delcourt et est disponible à la vente de puis le 28 août 2013
Résumé de Monolith 1 chez Delcourt
Résumé de l’éditeur :
Alice Cohen, une ancienne junkie, reçoit en héritage de sa grand-mère une maison située dans un quartier délabré de Brooklyn. Fauchée et en manque, pour Alice, la solution est toute trouvée, mais une clause lui interdit de vendre. Alors qu’elle se réfugie sous ce nouveau toit pour échapper à son dealer, elle entend des bruits dans la cave. Derrière un des murs semble se terrer une créature monstrueuse…
Alice, sa grand-mère et le Golem
Dans Monolith, Jimmy Palmiotti et Justin Gray se réapproprient le concept du Golem. Dans l’imaginaire collectif, c’est une créature d’argile faite pour obéir. Elle ne pense pas, n’a pas de libre-arbitre ou d’émotion.
Dans ce Monolith, les auteurs gardent la filiation avec le judaïsme, mais en font une créature avec une conscience et un minimum de libre-arbitre, tout en gardant la notion de vengeance propre au golem.
Contrairement à ce que laisse penser la couverture, ce Golem ne sera pas aussi libre de ses mouvements, ni ne sèmera le désordre à tout va. Parce que naïvement, je pensais que ce Golem serait une sorte d’arme de destruction massive. Mais il n’en est rien (du moins pour le moment)
En effet, l’histoire est celle d’Alice, un junkie, parfois dealeuse, paumée, qui hérite d’une maison, avec l’obligation de ne jamais la vendre. Pour échapper à son dealer, elle se réfugie dans la dite maison et y entends une voix. Une voix derrière le mur de la cave, lui demandant de lui faire la lecture.
On est donc bien loin du personnage bourrin usant à tort et à travers de sa force. Pour preuve ce Monolith n’apparaît qu’à la fin de la première moitié du tome (qui au passage n’est pas très gros). Entre temps, les scénaristes prennent le temps de poser le contexte et les personnages. Ce premier opus est donc très introductif. Outre le personnage d’Alice, les auteurs vont s’amuser à nous présenter aussi sa grand-mère, dans les années 30. Ils vont faire ainsi de nombreux allers-retours entre les deux époques. L’époque Grande Dépression permet de mieux comprendre comment est né le Monolith et comment il en vient à être coincé dans cette maison.
De fait, la teneur du récit alterne entre des phases plus d’action, et des passages plus intimistes où la sensibilité et l’émotion sont de mises. Tout cela est moins orienté action que ce que je croyais mais on y gagne en intérêt.
J’ai ainsi beaucoup apprécié les scènes dans les années 30 que j’ai trouvé touchantes, bien écrites, tout en donnant beaucoup de saveur à ce récit. Pour moi le traitement de cette partie est supérieur aux passages avec Alice, que je trouve finalement un peu fade. Son côté junkie n’est pour le moment pas assez exploité, je trouve. Il manque quelque chose à ce personnage pour avoir vraiment susciter l’empathie. A ce titre, la grand-mère est beaucoup plus touchante.
En tout cas le récit est maîtrisé et on ne s’ennuie pas une seconde. L’alternance des époques et la gestion des scènes plus rythmées et celles plus émotionnelles sont très bien gérsé et aèrent le récit. Cela donne vraiment envie de découvrir la suite, tant cette introduction remplit son office.
Les seuls reproches qu’on pourrait faire c’est de ne pas assez voir la créature et que ce comic ne contienne que peu de pages.
Graphiquement, le travail de Phil Winslade est très agréable même s’il est parfois un peu trop classique. Néanmoins il s’en dégage un charme certain, renforcé par des planches et des gouttières volontairement noires. Ce choix artistique donne un petit côté oppressant et sombre appréciable. L’artiste excelle pour différencier les deux époques et leur donner un cachet différent. J’ai apprécié le côté rétro des années 30. Du coup, cela facilite la lecture car on sait facilement reconnaître dans quelle époque nous sommes.
Pour conclure, malgré le peu de pages Monolith – tome 1 : La voix dans le mur de Jimmy Palmiotti, Justin Gray et Phil Winslade est un comic prometteur. Ce premier volet introduit bien les personnages, les différents contextes et les origines de la créature. Ce golem a été revisité pour nous proposer une version plus sensible et avec une volonté propre. Alors que ce Monolith pouvait jouer la carte du tout action, nous avons au final un comic plus intimiste et avec plus d’émotions que ce je pensais. Et c’est vraiment une agréable surprise.
Une fois le contexte posé, j’ai hâte de découvrir comment les deux scénaristes vont faire évoluer leur oeuvre par la suite.
Et vous qu’avez-vous pensé de cette nouveauté ? Comment trouvez-vous la réinterprétation du mythe du Golem ?