
- Scénario
- Graphisme
Men of wrath de Jason Aaron et Ron Garney
La malédiction des Rath
Après Preacher et Southern Bastards, Urban Comics continue de publier les œuvres du talentueux Jason Aaron et son style si caractéristique. Avec ce Men of Wrath, on reste sur des thématiques connues, que le scénariste exploite régulièrement.
Mais arrive-t-il à proposer quelque chose de nouveau et d’intéressant. Cette histoire de famille baignant dans le sang vaut-elle le détour ?
Men of wrath de Jason Aaron et Ron Garney est édité par Urban Comics et est disponible à la vente depuis le 26 juin 2015.
Résumé de Men of wrath
Résumé de l’éditeur :
Aussi loin que l’on s’en souvienne, la lignée des Rath fut entachée par le meurtre. Ira semble pourtant s’être accommodé de la malédiction familiale en l’érigeant en véritable philosophie de vie. Tueur à gages, Ira Rath est impitoyable. Femmes, enfants ou vieillards, personne ne trouve grâce à ses yeux… pas même les membres de sa propre famille. Rien ne semble pouvoir arrêter le professionnalisme de cette machine à tuer. Rien, si ce n’est peut-être un cancer récemment déclaré… Contient : Men of Wrath #1-5
Conflits familiaux et meurtres
Comme Jason Aaron nous l’explique dans la préface, ce Men of wrath est inspiré de réels événements autobiographiques. En effet, dans sa lignée, un de ses ancêtres à assassiner quelqu’un pour une sombre histoire de mouton. C’est à partir de ce fait qu’il a imaginé le scénario de ce comic.
Le scénariste nous présente donc la famille Rath, famille maudite, baignant dans le sang. Depuis que Isom Rath a assassiné un homme, cette lignée connait son lot de meurtres, condamnée à vivre dans le sang.
Tous les hommes Rath vont connaître meurtres et violence. Comme si c’était leur destinée.
On s’attarde sur le personnage d’Ira Rath, un tueur à gage sans pitié, qui exécute ses contrats sans sourciller. Mais un jour, on lui demande d’assassiner son propre fils Ruben, à qui on reproche, paradoxalement, de n’avoir su donner la mort. Comme un pied de nez à la malédiction familiale.
L’histoire se concentre donc sur ces deux hommes, sur ces deux destins, et sur leur rencontre inévitable qui s’achèvera dans le sang et la douleur. Jason Aaron oppose donc un père impitoyable, bercé dans l’illusion d’appartenir à une lignée maudite à son fils qui a refusé d’embrasser sa destinée, mais qui va quand même s’en rapprocher dans les faits.
L’auteur prend même le temps d’installer une certaine mythologie de cette famille Rath et du destin des aïeux de nos héros. Il pose ainsi les bases de cette fatalité touchant les Rath, et conditionnant, en partie, l’affrontement entre un père et son fils.
L’histoire est finalement assez simple puisque que consistant en un « simple » affrontement, où l’on se demande comment cela va se finir, si le père sera capable de mettre fin aux jours de son enfant. Mais, on plonge avec délectation dans ce thriller testostéroné et impitoyable. Le destin de ces deux hommes s’avère dur, saisissant et cruel, mais on les suit avec bonheur.
Jason Aaron met encore en scène une certain vision de l’Amérique profonde, la thématique de la vengeance et du poids de son héritage familial, le tout sous fond de violence. En cela, il se reproche quand même beaucoup d’un Southern Bastards. Mais c’est ces thèmes qui donnent la saveur si particulière à ce titre.
Le lecteur sera happé par cette histoire tragique, sublimée par la narration efficace d’Aaron. Tout au long du récit, la notion de fatalité est omniprésente. On a le sentiment d’avoir constamment au-dessus de la tête de nos personnages, une main invisible qui les dirige inévitablement à des drames, à suivre la voie tracée par leurs ancêtres.
Néanmoins, je regrette la rapidité de l’histoire. Les personnages auraient mérité d’être plus développés et posés. Les événements s’enchaînent bien, mais il manque un part de développement pour donner plus de profondeur. Même si on sent bien le poids des actes des aïeux, il aurait été intéressant de plus s’appesantir sur le poids de cette histoire, sur les deuils et en quoi cela a conditionné la vie de Ruben et Ira. Surtout qu’au final on s’y attache peu.
De même à la fin de la lecture, on a le sentiment qu’il manque un petit quelque chose. Il n’y a pas forcément l’impact émotionnel souhaité, même c’est très réussi. Je veux dire par là, que j’ai eu un petit goût d’inachevé.
Graphiquement, le travail de Ron Garney est intéressant. Son style et son découpage donne un aspect dur, froid, brut à l’ensemble. Ses coups de crayons sont rugueux et anguleux et s’adaptent bien à l’histoire concoctée par Aaron. Cela rajoute à la violence et la dureté du récit, tout en donnant un aspect sombre et glauque parfois.
Pour conclure, ce Men of wrath de Jason Aaron et Ron Garney est dans la lignée d’un Southern Bastards, en reprenant quelques thèmes chers au scénariste. Même si je l’ai trouvé moins réussi, notamment à cause d’un sentiment d’inachevé et de manque de certains développements, ça reste un thriller percutant, sombre et violent. L’histoire est certes simple, mais on prendra du plaisir à suivre ce drame familiale se répercutant de génération en génération.
Et vous qu’en avez-vous pensé ? Le trouvez-vous aussi proche d’un Southern Bastards ?
Gros coup de cœur pour ce comics que j’ai dévoré d’une traite ! Il s’agit d’un polar, qui implique une sombre histoire familiale, et se concentrant sur destin d’un homme violent, tueur à gages impitoyable et père absent.