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- Graphisme
Marineman – tome 1 : une question de vie ou de mer de Ian Churchill
Un nouvel héros aquatique et écolo
Ian Churchill fût l’un des principaux invités de la dernière édition de la Comic Con’ à Paris. Il est venu pour nous présenter son, très personnel, Marineman. Il s’agit d’un projet qu’il avait déjà commencé à imaginer à l’âge de 8 ans.
Initialement publié par Images Comics, c’est Glénat Comics qui se charge de l’édition française. C’est son amour de la mer, de la plongée et du Commandant Cousteau que va essayer de nous faire partager Ian Churchill avec son comic.
Marineman – tome 1 : une question de vie ou de mer de Ian Churchill est édité par Glénat Comics et est disponible à la vente depuis le 04 juillet 2012.
Résumé de Marineman 1 chez Glénat Comics
Résumé de Marineman 1 par l’éditeur :
Steve Ocean est un océanographe amoureux de son métier et de la mer. Connu dans les médias sous l’identité de Marineman, son nom de scène en tant qu’écologiste et scientifique reconnu, Steve Ocean cache pourtant un précieux secret, qu’il va devoir révéler à la suite d’un accident en mer : il peut respirer sous l’eau. Au même moment, des révélations sur ses origines vont venir bousculer son quotidien. Qui est vraiment Steve Ocean ? Marineman l’écolo va-t-il devenir Marineman le nouveau super-héros venu des océans ?
Un projet de longue date pour Chruchill
Marineman est un projet à part entière pour Ian Churchill et 100% personnel. Enfant, il avait déjà imaginé les prémices de ce personnage aquatique. Il lui aura fallu quelques années pour finalement se consacrer à sa création, même si, pour cela, il a dû dessiner avec un bras plâtré.
Marineman est d’abord l’histoire de Steve Ocean, biologiste marin, animateur d’émission marine et donc grand amoureux des fonds marins et de sa faune.
Avec cette façade de surfeur américain, blond, cool, musclé, le sourire contenant 58 dents complètement blanches et sa mâchoire carrée, on pourrait croire que l’on est en plein de le cliché et que l’histoire sera très très light. Et ce serait une erreur de penser ça. Marineman a malheureusement, je trouve, beaucoup d’aprioris négatifs contre lui. Pourtant, la lecture de ce comic balaiera les doutes que l’on pouvait avoir.
Même si effectivement, le personnage a un quelque chose de convenu, Ian Churchill parvient à intéresser le lecteur par un personnage attachant, positif et cool, puis par des révélations sur son passé assez intéressantes.
Il est évident qu’à la lecture de ce tome et des capacités de Marineman, on ne pourra que penser à Aquaman ou Namor, voir même l‘homme de l’Atlantide. Néanmoins l’artiste parvient à s’en éloigner quand même. Mais, on ne pourra s’empêcher de faire, inconsciemmment, la comparaison.
Ce qui différencie ce comic de ceux précédemment cités c’est clairement le ton employé. Alors que la mode est à des histoires sombres, matûres, Marineman prend le contrepied de ce mouvement et propose quelque chose de plus léger, avec de la bonne humeur, un héros profondémment gentil, serviable, humble et cool. Et cette orientation change un peu et fait du bien. On s’attache vite à ce personnage, peut-être un peu lisse, mais touchant et agréable à lire. Les pages défilent avec plaisir.
Les autres personnages sont moins bien traités et pas assez développés à mon goût. Il y a bien Charlie qu’on devine être la probable future petite amie de Steve Ocean, ou encore son meilleure pote ou bien son père. Mais pour le moment, ils manquent de développement. Tout est centré autour de Steve. J’imagine que la suite les mettra un peu plus en avant.
Concernant l’histoire, Ian Churchill propose un déroulé assez commun pour une introduction. Commun mais maîtrisé et non dénué d’intérêt et de rebondissements. Il se fait en 3 phases.
La première consiste à présenter, l’homme, Steve Ocean, sa passion pour la mer, son respect de la nature, son statut de célébrité. Ian Churchill, nous introduit donc son héros, sous un visage des plus humains, sans mettre en avant son coté super-héroique. On y voit donc un homme intègre, entier et foncièrement bon.
Puis, dans un second temps, l’auteur va s’attarder sur son coté plus super-héroique et notamment l’impact de la révélation de ses pouvoirs sur son entourage et sur sa vie « publique ». La dernière partie elle se focalise sur les origines de Marineman et de ses pouvoirs. On y voit aussi des ennemis dont le probable némésis de notre héros.
Ce passage est assez intéressant car il permet de gratter derrière la couche du héros bien sous tout rapport. Le héros nous apparait plus fragile, plus enclin au doute, mais tout en gardant son coté « bon gars ».
Sans trop spoiler, ses origines sont étranges. Je veux dire par là, qu’elles surprennent, tout en étant un peu convenues. Pourtant, ces dernières contribuent à donner au comic Marineman un petit coté très années 90. Surtout que derrière, cela renforce le coté iconique du personnage qui va chercher à se construire sur ce qu’il est, ce qu’il fait, ce qu’il veut faire, plutôt que sur ce qu’il a été.
Même si Marineman met du temps à décoller, au point de se demander si on lit un comic super-héroïque, puisque que l’arrivée d’ennemis est assez tardive, la lecture se révèle légère et plaisante.
Le coté écolo est faussement moralisateur, dans le sens où l’on sent la passion de l’auteur pour le monde marin et sa préservation, mais tout en ne la jouant pas trop moralisateur, ni en faisant ressentir de la culpabilité. Mais cet aspect est agréable et nous replonge à l’époque du Commandant Cousteau.
Graphiquement, Ian Churchill nous surprend avec un style très cartoony. Le héros possède une machoire carrée, des pommettes très marquées et une musculature en V très cartoonesque. Le trait est épuré, tout en rondeur et simplicité. Je trouve que cet aspect va bien avec ce héros bien propre et bien gentil. Mais en même temps c’est ce qui peut déranger. Le tout fait très enfantin et le trait manque de diversité. Marineman manque d’expression faciale et a tendance à avoir les mêmes poses.
Son découpage a un quelque chose de très didactique. Il prend son lecteur par la main pour raconter son histoire.
La colorisation haute en couleur, très punchy et vive, rajoute encore un peu plus de légèreté au titre et de fraicheur. C’est joyeux, gaie et agréable à l’oeil.
Pour conclure, Marineman – tome 1 : une question de vie ou de mer de Ian Churchill est un comic qui diffère un peu de la mouvance actuelle, en proposant quelque chose de résolument positif, léger, frais, simple mais divertissant. Même si l’auteur s’en défend, on ne peut s’empêcher de faire une comparaison avec des Aquaman et autre Namor, mais dans une version plus joyeuse. Evidemment Marineman a un coté enfantin et très grand public, car c’est simple et accessible. mais cela ne signifie pas pour autant que c’est simpliste. C’est du divertissement pur et dur, bon enfant mais non dénué d’intérêt.
Un bon moment de lecture qui donne envie de plonger en mer, de nager avec les dauphins et de nourrir les requins. A découvrir pour se vider la tête et voyager dans le monde sous-marin concocté par le très sympathique Ian Churchill.
Pour information, nous avons pu le rencontrer durant la Comic Con’. La vidéo devrait être disponible dans les jours/ semaines à venir. Et vous verrez que c’est quelqu’un de très sympa.
Et vous qu’en avez-vous pensé ? Trouvez-vous que le graphisme colle bien à l’univers du titre ?
Le problème de la « mouvance actuelle » c’est qu’elle empoisonne l’industrie du comics depuis 20 ans. Et que les éditeurs refusent de comprendre en proposant plus de noirceur, de morts, de trash, alors que le lectorat se casse la gueule et que la solution est ailleurs.
Bonne nouvelle, donc, que ce Marineman, même si les dessins de Churchill m’ont toujours rendu malheureux. Je vais jeter un oeil, merci.
@JeanSeb : C’est un vaste débat que cette tendance à dramatiser les comics, les rendre plus sombres, plus réalistes.
Perso j’adore. Je pense que c’est un virage logique et pas si mal fait que ça. C’est avec ce genre d’histoire ou on voit le talent d’un scénariste. Même les dessins sont mieux dans ce genre d’histoire je trouve.
Mais on perd le coté iconique de certains héros, ce qui ne les rend pas moins charismatique.
De plus, le problème de l’ancienne mouvance, c’est que le coté kitch n’est jamais loin
Mais j’aime lire aussi quelque chose de plus léger parfois. Ce débat mériterait plus qu’un simple commentaire.
Pour le dessin de Churchill, il diffère vraiment de ce qu’il a pu faire chez DC et Marvel. C’est beaucoup plus cartoony ici !!