
- Scénario
- Graphisme
L’oiseau bleu de Takashi Murakami
Un one-shot saisissant !
Sous ce titre un peu énigmatique : L’oiseau bleu qui pourrait faire penser à titre rayonnant, tout en joie, se cache une oeuvre forte, dramatique et qui ne laissera pas indifférent.
Sa thématique, son propos et sa maturité en font le candidat parfait pour rejoindre la collection Latitudes.
L’oiseau bleu de Takashi Murakami est édité par Ki-oon et est disponible à la vente depuis le 12 novembre 2015.
Résumé de L’oiseau bleu chez Ki-oon
Résumé de l’éditeur :
Yuki Higashimoto est la plus heureuse des femmes : un mari aimant, Naoki, ainsi qu’un adorable garçon de cinq ans, Shu, la comblent de bonheur. Mais la sortie de route de la voiture qui les ramène d’un innocent pique-nique va sonner de manière cruelle et irrémédiable la fin de cette existence paisible… Le petit Shu ne survit pas à la violence du choc, et Naoki est plongé dans un coma végétatif. Pour Yuki, un long combat commence : comment reconstruire sa vie et préserver un lien avec un mari qui est présent sans l’être ?
Comment supporter le deuil et la maladie ?
Après le très estimé Le chien gardien d’étoiles, Takashi Murakami nous revient avec ce titre dramatique : L’oiseau Bleu. Mais cette fois, il est publié chez Ki-oon dans sa collection Latitudes.
Donc l’ambition affichée de l’éditeur et d’ouvrir cette oeuvre à un public, peut-être, moins initié au manga. Et cette stratégie a du sens dans la mesure où le récit de Murakami est un petit bijou d’émotion, de finesse et de drame. Le tout en étant très ancré dans notre réalité.
L’auteur a un vrai don de conteur dans ce registre dramatique. Il est capable très rapidement de nous tirer une larme. Mais son talent ne vient pas que de ça. Car il serait facile de jouer sur ça et de trop tirer sur la ficelle du pathos et de l’excès de drame. Lui, le fait tout en pudeur, en sensibilité et ne cherche pas à dramatiser son récit pour insister sur le coté larmoyant. On sent que sa volonté est d’aborder des thèmes forts mais tristes.
Ainsi, le mangaka nous propose plusieurs histoires centrées autour de la perte d’un être cher, de l’accompagnement d’un être aimé gravement malade et de sa propre conscience de sa faiblesse.
Ainsi dans le première histoire, en quelques pages, il faut survenir un drame à Yuki, qui causera la mort de son fils de 5 ans et le coma de son mari. L’auteur a choisi d’emblée de nous confronter à ce drame pour mieux se focaliser sur les conséquences. Il n’a pas cherché outre mesure à créer une affection au préalable des personnages pour mieux les faire souffrir. La perte de Shu et le coma de Naoki sont un fait et pas une finalité. Ce qui va l’intéresser c’est comment Yuki va arriver à survivre à ça.
Cette histoire est déchirante mais d’une justesse et d’une finesse certaine. Etant père d’un enfant de presque 6 ans, et un autre d’un an, inutile de vous dire que ça m’a profondément ému et touché. Je me projetais dans cette situation et n’osait imaginer à quel point je serais dévasté. Car je crois que fondamentalement, c’est le pire drame qui puisse survenir à quelqu’un.
La pauvre Yuki passe par une phase de déni avant d’accepter la réalité et de se battre pour que son mari survive et sorte du coma. S’en suit un combat de tous les instants pour elle, conter avec beaucoup de pudeur et d’intelligence.
Une critique du système médical est également au cœur de ce récit avec son combat pour permettre à son mari de recevoir des soins, alors qu’il n’est plus « prioritaire ».
Au-delà de ce récit, nous en avant d’autres, tous liés (mais je ne vais pas vous spoiler en vous disant comment). Les autres histoires abordent également divers drame comme la vie avec une personne malade ou encore un homme atteint d’Alzheimer qui se voit décliner mais qui n’y peut rien.
Dans ces récits on voit très bien l’impact de ces divers drames pour les principaux concernés et leurs proches. Tout parait d’une crédibilité et vraisemblance inouïes, rendant encore plus poignant ces « témoignages ».
Mais pour captiver son lecteur, il ne joue pas toutes ses cartes sur ses récits et sa capacité à nous émouvoir tout en pudeur. Il a un vrai talent dans sa narration. Au cours de ces histoires, plusieurs flashbacks sont insérés donnant plus de consistance aux personnages, pour lesquels on s’attache, et permettant de faire monter la tension et/ ou l’émotion. Tout est fait intelligemment. Au final, il brosse des portraits intimes d’une incroyable tendresse mais aussi malheureusement terriblement émouvant.
Graphiquement, le trait de Takashi Murakami n’est pas son point fort. Cela manque de finesse, de précision et de maîtrise. Pourtant, il s’en dégage beaucoup de tendresse et d’émotion. Il arrive à donner vie à ses personnages grâce à leur expressivité et un certains sens du détail. Même si son dessin parait grossier parfois, il colle finalement bien au récit, tout en retenu , simplicité et émotivité.
Pour conclure, L’oiseau bleu de Takashi Murakami est un petit bijou. Il est difficile de le décrire tant c’est une lecture qui se vit. Evidemment il faudra avoir le cœur bien accroché mais ce manga est tellement bouleversant et touchant qu’il serait criminel de passer à côté. Le mangaka arrive à nous émouvoir grâce à son sens de la narration, sa pudeur, son réalisme et sa tendresse. C’est indubitablement triste et émouvant mais on ne bascule jamais dans le pathos gratuit et l’abus de larmoyant. C’est très juste et les « drames » servent l’intérêt du récit.
Bref un récit qui m’a particulièrement touché et d’une efficacité rare ! Un pépite à découvrir d’urgence !
Vraiment triste l’oiseau bleu, mais j’ai adoré.
J’en ai encore la larme aux yeux en me rappelant cette lecture.
J’ai sillonné le web afin de découvrir, en plus de la présentation, plusieurs résumés de cet œuvre très émouvante. D’après ce que j’ai lu, il faut s’accrocher ! Le récit raconte avec émotion une terrible journée où tout bascule pour une famille.