
- Scénario
- Graphisme
Les Seigneurs de Bagdad de Brian K. Vaughan et Niko Henrichon
Quatre lions à Bagdad
Les Seigneurs de Bagdad est un titre Vertigo qui profite de la récupération par Urban Comics du catalogue DC Comics et Vertigo, pour ressortir, quelques années après sa première édition.
L’occasion de découvrir ce titre intriguant, avec sa superbe couverture.
Inspiré de faits réels, ce comic, narrant le parcours de quatre lions échappés du zoo de Bagdad, est une oeuvre dont il serait dommage de se passer.
Les Seigneurs de Bagdad de Brian K. Vaughan et Niko Henrichon est édité par Urban Comics et est disponible à la vente depuis le 23 mars 2012
Résumé des Seigneurs de Bagdad chez Urban Comics
Résumé Les Seigneurs de Bagdad par l’éditeur :
Bagdad, 2003 : quatre lions emprisonnés dans le zoo, sont libérés suite à un raid aérien de l’armée américaine. Un jeune mâle dominant, deux femelles de deux âges différents et un petit lionceau vont découvrir, en errant dans la ville dévastée, que cette liberté soudaine s’avère plus dangereuse que leur ancienne prison dorée.
Le monde des hommes et la guerre vus par des félins
L’éditeur Urban Comics, en quelque mois, a déjà su s’imposer comme un acteur qualitatif du monde du comic. Outre une meilleure mise en avant de l’univers DC, l’arrivée de ce nouvel entrant aura également permis la réédition de titres, souvent Vertigo, devenus difficilement trouvable ou complètement méconnus. Ce fut déjà le cas avec l’excellent Top Ten, ou encore Soldat Inconnu et donc avec ce Les Seigneurs de Bagdad (connu aussi sous son nom en VO : Pride of Bagdad). Et il aurait dommage de s’en priver.
Ce comic avait déjà été publié par Panini il y a quelques années. Mais Urban Comics ressort ce titre Vertigo dans un format plus respectueux de l’oeuvre (comprendre sans planches tronquées), avec une nouvelle traduction et une nouvelle édition.
Inspirée d’un fait d’hiver réel, Brian K. Vaughan nous livre, une histoire totalement romancée mais magnifique, excellente et très profonde. En un volume, la portée du scénario et son univers est incroyable.
C’est l’histoire de quatre lions (deux femelles, une jeune et une vieille, un mâle dominant et un petit lionceau) du zoo de Bagdad qui, à la suite d’un bombardement, se retrouvent libre. Dans un Badgag, détruit par la guerre, les lions vont retrouver leur liberté dans un monde qui est loin de la savane qu’ils connaissent.
Ces lions parlent, mais nous ne sommes pas dans de l’anthropomorphisme, puisqu’ils n’ont d’humain que la parole. Ils se comportent, pensent (du moins je le présume) comme des lions.
Chacun de ces lions bénéficient d’un traitement aux petits oignons. Ils sont tous attachants, avec un caractère bien marqué, interagissent bien ensemble et ont chacun un caractère propre. Mais surtout chaque personnage est d’une profondeur assez insoupçonnable. Entre Safa, la vieille lionne désabusée, borgne, qui ne connait que trop bien la savane; Noor, la jeune lionne éprise de liberté et de grands espaces, mais un peu idéaliste; Ali le jeune lionceau ignorant mais plein de dynamisme, de curiosité et de rêve; et enfin Zill, le mâle dominant qui a perdu son instinct de roi des animaux; tous sont incroyablement attachants et touchants.
Le lecteur vit le récit par leurs yeux, avec leur ressenti, leur innocence animale. Sauf que le lecteur comprend ce qu’il se passe autour, sait que c’est la guerre (contrairement aux protagonistes). Et de fait, l’allégorie parait évidente et le propos prend tout son ampleur.
Ce qui est extrêmement fort, c’est que du simple fait divers de lions s’étant échapper du zoo de Bagdad, Brian K. Vaughan arrive, outre un coté divertissant, à livrer un récit presque philosophique, d’une profondeur incroyable. Sans jouer sur le pathos ou l’anthropomorphisme voyant et militant, le scénariste arrive en toute simplicité et naturellement à mettre en place une allégorie à multiple interpretation. Chacun peut y voir un type d’allégorie comme celle des victimes civiles de guerre, celle de la dictature et d’un peuple opprimé ou tout simplement une réflexion sur la liberté et l’image idéalisée de la liberté…
En effet, au travers d’un parcours presque initiatique, les lions vont se poser de nombreuses questions sur la liberté, le rôle positif ou négatif de leurs geôliers (les gardiens), le retours de l’instinct primal et même de l’oppression.
Ainsi nous avons droit à de magnifique passage avec le petit Ali qui s’interroge sur la vie dans la savane, sur la chasse, la notion de liberté. Il a pour réponse la vision parfaitement opposée de Noor et Safa, mais chacune étant sensée et plausible. Nous avons vraiment une belle galerie de personnages et de belles interactions. Evidement le jeune lionceau Ali est extrêmement touchant et attendrissant de par sa fougue, sa jeunesse, sa candeur…
Tout cela n’est pas sans rappeler le Roi Lion, avec qui on retrouve quelques points communs évidents, mais en beaucoup plus adulte et profond.
Les passages forts sont légions, entre l’alliance avec les gazelles, l’apparition de chars, ou encore le lion décharné rendu inoffensif ou encore l’apparition de chevaux complètement inconnu pour eux… Autant de moment qui donnent en plus un aspect très aventure à cette histoire. Le lecteur se passionne pour cette aventure superbe où l’ignorance des animaux contraste avec un background de guerre, mais dont ils ignorent tout.
Le rythme est excellent, on ne s’ennuie jamais, et plus on avance dans l’histoire, plus la guerre se matérialise et plus le discours est fort et poignant. Le tout pour atteindre une fin de comic aussi brutale que touchante, qui ramène le lecteur à la réalité du fait divers.
Si le scénario brille par sa qualité, le dessin n’est pas en reste. Niko Henrichon, dessinateur quasiment inconnu, livre un travail remarquable. Son trait est plein de personnalité. Il excelle notament dans la représentation du groupe de lions. On les reconnait bien tous, mais ils sont surtout extrêmement expressifs.
Son trait fin a une puissance visuelle envoûtante. En soi, il n’est pas net, et l’encrage n’est pas prononcé, mais il est plein de personnalité et de vie. Le tout est renforcé par une colorisation sublime, qui use beaucoup des tons ocres et jaunes, mais elle rend excellement bien. Certaines pages sont magnifiques. Je pense notamment à la splash page avec la sculpture représentant deux cimeterres qui s’entrecroisent formant une arche, ou bien encore de la vue de Bagdad du haut d’un monticule de gravats ou encore de l’entrée des lions dans une villa de marbre à l’abandon.
Pour conclure Les Seigneurs de Bagdad est un titre Vertigo comme je les aime : beau, adulte, maîtrisé et original. Une vraie création d’un scénariste talentueux, magnifié par un dessin touchant et bourré de personnalité.
Ce comic est un vrai coup de coeur. Je ne le connaissais pas, mais je suis tombé amoureux de ce titre, qui est d’une puissance évocatrice assez hallucinante. Même avec une lecture très premier degré, avec cette aventure, cette redécouverte de la liberté, mais aussi ces dangers, le tout dans un Bagdad en guerre, c’est excellent. Mais si on rajoute à ça une portée allégorique, presque philosophique, nous avons sans conteste un des meilleurs titres de ce début d’année.
Je ne connaissais pas ce titre avant sa réédition. Et rien que pour m’avoir permis de lire ce chef d’oeuvre, je remercie Urban Comics.
Je suis peut-être trop dithyrambique sur l’oeuvre de Brian K. Vaughan et Niko Henrichon, mais j’ai réellement adoré. C’est ce genre de titre, qui s’éloigne un peu des chemins balisés, qui me fait aimer le comic et plus généralement le neuvième art. Une oeuvre intelligente, qui a un coté très conte !
Une oeuvre à découvrir et à avoir dans sa bibliothèque !
Et vus qu’en avez-vous pensé ? Avez-vous été aussi emballé que moi ?
J’en ai lu beaucoup du bien partout! Va falloir que je me le procure je pense!
Oulah, je ne sais pas ce que je faisais à cette époque mais je découvre cette histoire juste maintenant. Je vais essayer de me procurer cet ouvrage, l’histoire semble vraiment passionnante, je suis un fan de ce genre de petites histoires qui paraissent anodines et à partir desquelles on peut construire un truc grand!
@Torospatillo : Il faut !! Cest un très bon comic qu’il faut décourvrir.
@Cake salé : C’est un ouvrage que je conseille, ca je le trouve vraiment magnifique et profond. A tester !