. Les pieds bandés par Li Kunwu | Fant'asie
Bagooor 22/07/2013 1
Les pieds bandés par Li Kunwu
  • Scénario
  • Graphisme

Les pieds bandés par Li Kunwu

Une oeuvre forte

Le thème de ce titre se porte sur une pratique ancienne, qui consistait à bander les pieds des femmes chinoises pour qu’ils restent tout petits. Avoir des petits pieds était en effet considéré comme charmant et pouvait ainsi permettre à certaines femmes d’évoluer en trouvant un mari plus riche.

Pas d’humour ou de bons sentiments, Les pieds bandés est un récit fort, qui nous rappelles les pratiques anciennes, pas toujours très respectueuses.

Éditée aux éditions Kana dans la collection Made In, Les pieds bandés n’est pas un manga, mais une oeuvre chinoise. La lecture se fait donc dans le sens de lecture français, le tout proposé dans un format plus grand qu’un manga.

Résumé de l’oeuvre

Chunxiu n’avait que 6 ans lorsque sa mère l’a forcé à se faire bander les pieds. Car plus cette pratique est réalisée tôt sur une enfant, plus elle peut conserver des pieds petits et « gracieux ».

Si Chunxiu n’acceptait pas cette épreuve lorsqu’elle était petite, adolescente elle a commencé à accepter ces coutumes, à une période où justement la Chine cherchait à se moderniser et interdire ces pratiques.

Récit biographique

Le titre de cette oeuvre laisse à penser que l’histoire ne s’intéressera qu’à la pratique des pieds bandés.
Mais en lisant l’oeuvre, on se rend compte s’il s’agit plutôt d’un récit biographique, qui porte sur l’évolution de la culture Chinoise.

Avec les oeuvres traitants de sujets douloureux, il est souvent difficile d’en faire une critique précise, tout en évitant de se tromper dans la reconstitution des faits.

J’espère donc ne pas me tromper dans la suite de l’article et exprimer correctement mon impression de lecture.

Ainsi, la pratique des pieds bandés était un symbole esthétique, où une femme avec de petits pieds était considérée comme belle.

Pourtant, cette pratique était dangereuse (pouvant entraîner la mort) et restait très douloureuse. Cette technique permettait également de laisser la femme à la maison : vu que les pieds bandés étaient très douloureux, les femmes se déplaçaient moins.

Le titre va ainsi suivre la vie de Chunxiu, de son enfance où elle pouvait courir comme bon lui semblait, jusqu’à son décès.

Un des points forts du titre est de ne pas montrer grand-chose.

Outre cette pratique des pieds bandés, c’est également toutes les coutumes de l’époque qui sont mentionnée, ainsi que l’évolution de ces coutumes dans la Chine de l’époque.

Et bien que la description de la marche à suivre pour réaliser un bandage de pied sur une petite fille soit assez dure à lire, rien de tout cela n’est montré. Lorsque cette opération est réalisée sur Chunxiu, les cases ne montrent plus que des plans de la maison ou de la ville, avec juste quelques bulles où la petite fille exprime sa douleur : rien n’est montrer, mais la souffrance est bien présente et se faire ressentir.

Le thème de ce récit est donc très fort, mais à la lecture la souffrance se fait ressentir. Il plane d’ailleurs une ambiance très particulière sur la lecture, que je ne qualifierais pas de mauvaise, mais qui nous donne une sensation d’inconfort.

Cela sert très bien le récit, et donne de la profondeur à la lecture.

La partie graphique est également très particulière.

Les premières pages ont été assez difficiles à lire, du fait d’un trait très épais, qui ne se veut pas trop réaliste. Les personnages sont à la limite de la caricature, mais cela n’empêche pas le lecteur de bien les reconnaître.

L’impression sans nuance de gris donne également un aspect brut aux dessins, renforçant l’atmosphère d’inconfort mentionnée plus haut.

Comme mentionné plus haut, l’oeuvre est éditée dans un format plus grand que celui auquel on a l’habitude de lire pour des mangas. Le titre atteint presque la taille d’un comics kiosque et est publié dans le sens de lecture occidental.

La papier utilisé est un petit peu jaune, mais cela apporte un cachet à la publication, qui propose un récit typé ancien.

Pour les lecteurs qui souhaiteraient d’ailleurs en apprendre plus sur ce titre (principalement sur la pratique des pieds bandés), vous pouvez lire le dossier réalisé par Kana (http://www.kana.fr/blog/dossier-les-pieds-bandes/).

Pour être honnête, je ne suis pas un grand fan de ce type de lecture.

Le but de cet oeuvre est bien entendu d’informer les lecteurs sur d’anciennes pratiques (et elle remplit très bien son rôle), mais je ne raffole pas des lectures trop historiques.
Je ne regrette cependant pas du tout ma lecture, qui a été très instructive et intéressante à lire : je ne connaissais pas du tout cette pratique et j’ai donc complètement découvert cette période de la Chine.

Les Pieds Bandés fait donc partie des lectures intéressantes, où l’on en apprend beaucoup, mais qui n’est malheureusement pas le type de lecture vers lesquelles je m’oriente habituellement.

Je dois donc me forcer, mais je ne regrette nullement la lecture après coup. Et d’ailleurs, il est très difficile de se faire une idée de l’oeuvre en ne lisant que quelques pages : c’est le récit dans sa totalité qui est intéressant, limitant par la même occasion les possibilités de feuilleter le titre pour s’en faire une idée avant achat.

Les Pieds Bandés est donc une lecture très particulière, qui ne plaira certainement pas à tout le monde, mais qui mérite pourtant qu’on s’y intéresse.

Avez-vous lu ce titre ? Avez-vous également ressentit cette atmosphère si particulière ?

Un commentaire »

  1. Cynthia 22/07/2013 at 21:12 -

    J’ai profité que c’était en sens de lecture français et sur un thème très sérieux pour l’offrir à un proche qui ne lit ni BD ni manga. Et ça a marché !
    Il ne m’en a dit que du bien.

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