Le voyage de Ryu – tome 1 de Shôtarô Ishinomori
La science-fiction à la sauce vintage
Le Voyage de Ryu (Genshi Shounen Ryuu en VO) est un manga qui appartient à la collection Vintage de Glénat. En effet, ce titre date de 1971. Il a eu le droit à son adaptation en anim’ diffusé en France à la fin des années 80/ début 90 sous le nom de Nolan, enfant des cavernes.
Le mangaka Shôtarô Ishinomori est aussi connu pour avoir fait : Cyborg 009, Kamen Rider, Sabu to Ichi…
Le voyage de Ryu est donc un titre ancien, faisant parti du patrimoine manga. Il comptera 5 volumes.
Le voyage de Ryu – tome 1 de Shôtarô Ishinomori est édité par Glénat et est disponible à la vente depuis février 2011.
Résumé du Voyage de Ryu 1 chez Glénat
Un vaisseau se pose sur une planète inhospitalière. A son bord, un jeune garçon se réveille de sa capsule cryogénique. Il découvre que c’est l’unique survivant. Mais il ne se rappelle de rien.
Il va trouver le journal de bord et mieux comprendre la situation. Les autres membres du vaisseau sont mort après avoir contracté une maladie sur une planète. Il découvre aussi qu’il s’appelle Ryu, dans un passage racontant que l’équipage avait trouvé un clandestin. En effet, il y a 40 ans Ryu s’est introduit illégalement dans un vaisseau. Après l’avoir trouvé, l’équipage n’a pas eu d’autres choix que de le garder avec eux.
Ryu, décide de descendre de l’engin spatial. Il y découvre une plaine au milieu de forêts denses et proche d’un volcan en activité. A première vue, il n’y a aucune trace de civilisation. Il n’est donc pas sur Terre.
Pourtant Ryu découvrira des ruines et des inscriptions ne laissant aucun doute : il est bien sur Terre et au Japon plus précisément.
Grâce à la théorie de la relativité, dont il ignorait tout avant, il en déduit que sur Terre, il s’est passé bien plus de 40 ans. Tout est méconnaissable et les formes de vie ont bien changé.
Sa première exploration va le confronter à d’étranges créatures mutantes. Et s’il y avait eu une catastrophe nucléaire?
Les humains existent-ils encore?
Post-apocalypse, science-fiction et créatures mutantes
Le voyage de Ryu est un manga vintage qui date de 1971, si je ne dis pas de bêtise (ou du moins si mes sources sont bonnes). On a aucun doute sur le coté vintage. On retrouve certaines thématiques récurrentes à cette époque, un dessin ancré dans son époque, et une narration différente.
Sur pas mal de points, on est loin des mangas actuels. C’est très loin d’être déplaisant, mais il faut le savoir.
Shôtarô Ishinomori a travaillé avec Osamu Tezuka, et ça se voit dans son graphisme.
Ce manga mélange anticipation, science-fiction, post-apocalypse et survivalisme. Ainsi, on y retrouve un Ryu qui, après 40 ans dans l’espace se réveille au beau milieu d’une planète sauvage. Sauf qu’il se rend compte qu’il est sur Terre et que selon la théorie d’Einstein, le temps écoulé sur la planète bleue est bien supérieur à 40 ans.
S’en suit, un voyage pour en savoir plus sur cette planète dont les êtres vivants ont évolué et pour essayer de trouver des semblables.
Le mangaka rajoute à cette intrigue quelques mystères comme pourquoi Ryu maitrise des choses qu’il devrait être incapable de comprendre.
Shôtarô Ishinomori axe son récit sur l’aventure, la découverte de ce nouvel environnement, de la faune et de la flore. Ainsi nous allons suivre les pas de Ryu qui va affronter des dangers et des créatures qu’il ne connaient pas. Tous ses repères sont faussés. La civilisation telle qu’il la connaissait a disparu, les animaux et même les humains ont muté, la technologie n’existe plus ou presque.
Lors de la première partie, on voit bien la solitude du héros et son désarroi face à l’inconnu. Mais rapidement, le récit va changer un peu de style avec l’arrivée de personnages humains : Jimmy et Maria, avec qu’il va partager sa découverte de ce monde. Cette rencontre va aussi lui permettre de reconstituer un peu les morceaux sur ce qu’il s’est passé.
Sur sa route, il va croiser un robot, qu’il prénommera Isaac (référence à Isaac Asimov), Kiki, un gorille humanoide et croiser des créatures terrifiante : des plantes carnivores, des singes presque humains, des humains à queue, des chauves-souris géantes, et des mutants humains cannibales…
Le mangaka nous propose donc un récit d’aventures très intéressant dans un monde post-apocalyptique et hostile, marqué par les mutations de tout ce qui est vivant. Il se passe de nombreuses choses et rebondissements. L’histoire est très plaisante, même si on sent les 40 années du titres.
En effet, comparativement à maintenant, les personnages et leur développement, les rebondissements font très classiques, sans réels surprises. Pourtant le résultat est efficace, on prend plaisir à lire ces aventures.
D’autant plus, qu’il est flagrant qu’il ne s’agit pas d’un simple titre SF d’aventure. On ressent toutes les craintes de l’époque et un discours pacifiste et écologique.
L’histoire est marquée par la menace du nucléaire, les radiations, les mutations et la guerre. Au travers du récit, on sent le traumatisme post-Hiroshima et Nagasaki. La peur de la Guerre Froide se ressent aussi très bien avec la supposition d’un conflit nucléaire total de deux blocs militaires
Le discours pacifiste et écologiste et la mise en garde contre la mauvaise utilisation de la technologie est donc bien présente.
Ce manga est marquant justement pour cette photographie des mentalités mais surtout des craintes d’une époque. J’ai trouvé cela flagrant.
De par son histoire et son discours, on ne peux s’empêcher, à raison, de le comparer à la Planète des Singes. Comme le titre de Pierre Boulle (je vais genre j’ai lu le livre, alors que j’ai vu que les films), Le Voyage de Ryu est aussi un récit captivant qui n’a pas trop mal vieilli, même si le coté vintage est bien présent.
Graphiquement, le trait de Shôtarô Ishinomori fait penser à un Tezuka-like, mais peut-être moins enfantin. On sent également que le titre date. Les visages sont moins travaillés, certaines postures révélatrices de l’époque choquent un peu notamment sur les profils et des têtes orientées bizarrement compte tenu de la position du corps. Le trait fait parfois statique et mois dynamique que ce qui se fait actuellement.
En revanche, le travail sur les décors et arrière-plans est juste superbe. Ils sont fins, fourmillant de détails permettant une immersion rapide dans ce nouveau monde. Que se soit les forêts denses et dangereuses, les restes de la civilisation, ces pages sont saisissantes. Il y a de belles doubles pages.
Concernant le chara-design et le design des vaisseaux et autres éléments technologiques, ils sont délicieusement rétros. Alors oui c’est vieux et naïf, mais sans être ringard ou kitsh. C’est plus la nostalgie qui ressort. J’aime cet aspect. Les designs sont ronds, épurés, bref caractéristiques de la vision du future de cette époque.
Pour conclure, oui Le Voyage de Ryu est un titre vintage et ça se voit bien. Le graphisme est caractéristique des vieux titres avec ces visages si particuliers, ces représentations rétros des éléments futuristes, un manque d’effet graphique permettant de donner du mouvement rendant les pages un peu statiques. Mais le travail sur les décors et l’encrage sont assez impressionnants.
Scénaristiquement, après 40 ans de manga, ça nous parait forcément basique et classique, mais pourtant, le plaisir est là. Suivre Ryu, accompagné de Maria et Jimmy dans ce monde qui a totalement changé est très agréable. Nous avons affaire à un titre fondateur du manga de science-fiction, qui a servi d’inspirations aux futures générations de mangaka.
Les thèmes développés sont caractéristiques de cette époque qui craignait une 3ème guerre mondiale nucléaire. On y retrouve cette crainte du nucléaire et donc un certain discours pacifique qui parait aujourd’hui moralisateur mais qui fonctionne dans ce titre.
Shôtarô Ishinimori n’a pas perdu son talent de mangaka malgré les années. Il nous embarque dans une histoire aussi classique qu’elle est incontournable. Le voyage de Ryu est un titre qui a bien vieilli et qui reste accessible. Il faut certes avoir un petit coté nostalgique mais c’est bon de se plonger dans le vintage surtout quand il est de qualité comme ici.
Et vous qu’en avez-vous pensé? Trouvez-vous ce manga kitsch?
Ce manga n’est certainement pas kitsch ou je ne sais quoi ^^’
Il s’agit d’un fantastique manga d’aventure mélangeant de nombreux aspects de la SF, avec même un aspect horreur plutôt poussé.
Pour les ressemblances avec Osamu Tezuka, c’est d’une imparable logique : non seulement le maître a inspiré toute une génération de mangaka – je ne reviendrai pas dessus vu que je l’ai déjà fait sur Chapelier Fou et Alice au Pays des Shôjo – mais en plus Ishinomori a été un temps assistant de Tezuka, à l’époque de Tokiwaso.
Pourtant, le trait de Ishinomori a énormément évolué au fil des années, pour passer d’un style enfantin proche de celui (d’origine) de Osamu Tezuka, à quelque chose de plus mature. Si tu compares le Voyage de Ryu à Cyborg 009, c’est flagrant. C’est encore plus flagrant si tu prends le premier volume de Sabu & Ichi sorti chez Kana : le trait de l’auteur n’a plus rien à voir entre le premier et le dernier chapitre.
@Gemini : Ce manga ne l’est pas. Par contre certains aspects s’en rapprochent. On m’enlèvera pas de la tête que les costumes et le design des vaisseaux et autres technologie sont très rétros.
Je précise, certes rapidement, que Ishinomori a travaillé avec Tezuka. Mais on voit des ressemblances. Est-ce parce qu’ils ont travaillé ensemble ou est-ce plus une question d’époque, je sais pas, mais c’est assez voyant. Même si comme tu le fais remarquer justement, c’est plus mature.
N’ayant pas lu Cyborg 009 et Sabu et Ichi je ne peux pas faire de comparaison.
Mais pourtant, même si le dessin fait son âge, je ne le trouve pas moche ou ridicule. Il a plutôt bien veilli. Et le travail sur les décors est superbe.
ça m’a donné envie de le lire en tous cas.
Oui la critique donne envie de lire le titre, car l’histoire que tu présente semble être très sympathique.
Sait-on combien de tome contiendra la série ?
@Savon @Bagooor : Ce titre est un classique du manga. Honnêtement, ça a très bien vieilli, même si on sent que 40 ans se sont passé. Mais le récit s’annonce passionnant.
Normalement, il fait 5 tomes