
Le Mythe de Cthulhu de H.P. Lovecraft.
Un recueil de nouvelles au titre un peu galvaudé.
Bon, avant toutes choses, je précise car je sais que tout ce qui touche Cthulhu peut être sujet à polémique, que ceci est ma première lecture d’un écrit de Lovecraft, mais également ma première plongée littéraire dans ce qui semble être le vaste monde de Cthulhu…
Alors pourquoi cette lecture ? Pour deux raisons : je n’avais jamais lu d’ouvrage « fantastique » et je voulais connaître d’où venait ce fameux Cthulhu qui est presque devenu un «meme » culturel (je pense notamment au Cthulhu à la sauce Toroto dans South Park, ou toutes autres vidéos très sympathiques trouvables sur youtube du genre « Hey there Cthulhu »)…
Me voilà donc en possession de « Le Mythe de Cthulhu » de H.P. Lovecraft édité chez J’ai Lu, qui, en réalité, est un recueil de 6 nouvelles :
- L’Appel de Cthulhu (1926) ;
- Par-delà le Mur de Sommeil (1919) ;
- La Tourbière Hantée (1926) ;
- La Peur qui Rôde (1923) ;
- La Couleur Tombée du Ciel (1927) ; et
- Celui qui Chuchotait dans les Ténèbres (1931).
Je considère le titre de ce recueil comme galvaudé, car en réalité, seule la première nouvelle est réellement consacrée à Cthulhu. Même si la dernière y fait également référence, pour les autres, il n’y a aucun lien avec cette mythologie (enfin je crois).
Six nouvelles pour un schéma narratif identique.
Je ne rentrerai pas dans le résumé en détail de ces six nouvelles, dont la structure narrative est sensiblement toujours la même : un homme relativement instruit, intelligent, curieux mais cartésien, se retrouve à enquêter sur des phénomènes étranges l’entrainant aux frontières de la folie…
Lovecraftien.
Après la lecture de récit, je comprend enfin la signification de l’adjectif « Lovecraftien » tant cette lecture ne ressemble à rien d’autre (même si comme j’ai pu le dire précédemment il s’agit de ma première lecture « fantastique »)…
Ici, tout est rugueux, flous, fumant, suintant, cerné de miasmes… tout est folie, mais une folie tangible, qui s’insinue lentement dans la tête du lecteur et des protagonistes de Lovecraft.
Dérangeant, aurait également été un adjectif applicable à cette lecture.
Alors, oui j’ai complètement accroché au style de l’auteur, mais les nouvelles en elles-mêmes (sauf la première j’y reviendrai) n’ont que peu d’intérêt quant à leur histoire, seule la forme prévaut ici…
« C’était le stade final de la dégénérescence d’un mammifère, l’effroyable résultat d’alliances consanguines et de cette nutrition cannibale, aérienne et souterraine, le cœur de tout ce chaos, de ce grondement de cette peur grinçante qui rôdent à l’arrière-plan de la vie »
Concernant la première nouvelle, « L’Appel de Cthulhu » il s’agit, à mon avis, de la plus intéressante de ce recueil, et je comprend pourquoi elle a pu servir de base à ce qu’est aujourd’hui le mythe de Cthulhu.
En effet, Lovecraft va nous donner quelques informations parcellaires quant à l’origine de Cthulhu, sa résidence, son possible réveil, les religions ancestrales lui vouant un culte, les rites barbares qui y sont associées, le Necronomicon…
Mais nous ne faisons en réalité qu’effleurer cette histoire cosmique :
« Dans sa demeure de R’lyeh la morte, Cthulhu attend en rêvant ».
Je finis donc ma lecture emballé mais frustré : emballé par le style si viscérale de Lovecraft mais frustré de par le titre quelque peu racoleur de ce recueil…
Je relirai donc du Lovecraft, mais certainement un roman… Et évidemment je souhaite continuer à explorer la mythologie de Cthulhu, alors si l’un d’entre vous à des lectures à me conseiller je suis plus que preneur !
Et vous avez-vous lu ce recueil, vous a-t-il donné comme moi l’envie d’explorer plus en profondeur les mondes de Lovecraft et de Cthulu ?
J’ai également commencé par ce tome et j’ai ressenti la même impression que toi : une lecture dérangeante mais totalement addictive !
Je ne peux que te conseiller la lecture de L’Affaire Charles Dexter Ward qui est pour moi l’un de ses meilleurs écrits.
+1 sur l’Affaire Charles Dexter Ward et je rajoute Les montagnes hallucinées.
Lovecraft possède un style à lui, d’ailleurs assez facilement caricaturable (monstruosités innommables, horreurs indicibles et visions blasphématoires s’accumulent rapidement…)
Il n’en reste pas moins un maître du genre.
Sinon, sur Cthulhu :
Lovecraft montre très très rarement les Grands Anciens. Le plus souvent, on sera confronté à leurs adorateurs ou à des créatures à leur service.
Rien que la rencontre avec ce monde là (ou la lecture du Necronomicon) suffit à rendre fou un humain normal à brève échéance, donc croiser Cthulhu, ce serait de l’overkill 😉
Mes nouvelles préférées sont celles assez décalées qui concernent les contrées du rêve. Beaucoup moins horrifiques et beaucoup plus oniriques (la clef d’argent, par exemple)
Merci pour vos commentaires, et ravi de ne pas avoir heurté les spécialistes de Lovecraft et de Cthulhu que vous semblez être avec ma critique de « débutant »…
Je prend note pour l’affaire Charles Dexter Ward,et je le rajoute volontiers à ma liste de lecture…
Et vous dit donc à bientôt pour une critique de celui-ci (par contre pas tout de suite, j’ai pile de lecture assez monstrueuse en ce moment)
Mon top 3 des nouvelles de Lovecraft : 1) Les Montagnes Hallucinées (dont l’annulation de l’adaptation de Guillermo Del Toro a été une sale nouvelle) 2) L’Affaire Charles Dexter Ward, véritable chef-d’oeuvre et 3) Dans l’abîme du temps. Lovecraft continue de fasciner et on a pas fini de le découvrir…
Bienvenue dans l’univers Lovecraft 😉 !
Je voudrais t’apporter quelques précisions : le titre n’est pas si galvaudé que ça, car en réalité l’expression « Mythe de Cthulhu » désigne l’univers de Lovecraft dans les années 1920-1930. Il ne tourne donc pas autours de Cthulhu même (il est juste le Grand Ancien le plus célèbre).
Le Mythe est en fait une sorte de panthéon littéralement inhumain et surhumain, volontairement incohérent et mystérieux. Il expose également selon moi la vision que Lovecraft avait de l’Univers : un endroit hostile où les humains sont juste de la poussière destinée à être balayée tôt ou tard.
Chaque nouvelle de Lovecraft peut donc sembler anecdotique, n’ayant pour but que de distraire avec une histoire fantastique, mais en réalité c’est en tant que Tout, en tant que Mythe, qu’il faut les comprendre.
Voilà, j’espère ne pas avoir été trop long. Mon conseil lecture serait, outre ce qui a déjà été dit, « à la recherche de Kadath l’inconnu », une nouvelle à la fois liée au Mythe tout en étant dans un registre plus fantasy et moins horrifique.