Le Crépuscule des Dieux- Tome 1: La malédiction des Nibelungen- Jarry & Djief
Là-bas, loin dans le nord
L’Asgard, Thor, Fafner, Siegrid, Brunhilde… que de noms de la mythologie nordique qui ne cessent de fasciner ! On a toutes et tous entendu parler de ces légendes du nord, de ces combats mêlant dieux, géants et autres walkyries. Ce terreau fertile a inspiré Wagner et son immense tétralogie, mais il a aussi donné des idées à Tolkien, avec un certain anneau très puissant forgé au cœur de la montagne…. Retranscrire un tel univers et toute sa complexité dans le format de la bande dessinée est une véritable gageure. Mais c’est à cette tâche difficile que se sont attelés Jarry et Djief dans la magnifique série Le Crépuscule des dieux. Reprenant les éléments mythologiques et l’opéra de Wagner, ils nous proposent une incursion dans une histoire « folklorique » teintée de Fantasy. Embarquement immédiat pour les terres nordiques, merci de ne pas fumer sur le char à bœufs. Envie d’une boisson ou d’un steak de licorne ? Nos charmantes walkyries sont à votre disposition…
Le début d’une saga
Au commencement était le chaos. Bien après, et quelques épisodes plus tard, furent Albéric, le roi des Nibelungen et Mine. Ces deux frères forgèrent un anneau, un anneau magique capable de plier toute chose à sa volonté. Entre-temps, les deux géants Regin et Fafner achevaient la construction d’un mur en Asgard. En échange ils voulaient Idunn, la déesse de la jeunesse éternelle, mais Wotan (appelé Thor dans la mythologie classique), dieu des dieux, refusa. C’est alors qu’intervint Loge (Loki dans la mythologie), le dieu sournois. Il proposa d’échanger Idunn contre le fameux anneau magique.
Attirés par la convoitise, les deux géants engagèrent un combat et Fafner se transforma en dragon pour avoir le dessus. Mais pour cela, Wotan a dû voler l’anneau des mains d’Albéric. En accomplissant ce méfait, Wotan et sa lignée sont maudit par le roi des Nibelungen. Afin de dissiper ce « feu noir » qui le ronge, Wotan se met alors à parcourir le monde des humains, multipliant les aventures jusqu’à ce qu’une de ces unions ne le libère.
De ces aventures naissent Sieglinde et Siegmund. Maudits par leur ascendance et confrontés à des attaques des Huns contre les royaumes des Huns, les deux jeunes gens sont fait prisonniers. Afin que Sieglinde ne devienne pas la femme du chef de Horde, la fratrie va alors commettre une relation incestueuse et faire ainsi disparaître l’attrait de la virginité qui attirait le chef des Huns. Mais cette relation sera lourde de conséquence et verra entrer en scène Brunhilde, envoyée par Wotan…
Une histoire difficile à résumer
Le résumé du tome est on ne peut plus mauvais. Mais quelle difficulté à parler de l’histoire sans spoiler, tant elle est complexe ! Toute cette mythologie mêle les fils, les histoires, les personnages. Forcément, dans une adaptation de ce genre, il faut synthétiser à outrance, amener beaucoup d’éléments en peu de cases, et tout ceci rend l’histoire très dense. Honnêtement, il faut parfois s’accrocher pour bien comprendre, les événements défilant à une vitesse fulgurante, surtout au début. En effet, les premières planches servent à introduire l’histoire et à donner au lecteur tout le background nécessaire. La Malédiction des Nibelungen ne peut éviter cette nécessaire introduction.
Lorsque la « vraie » histoire commence, le rythme se calme et l’ensemble devient plus compréhensible. Si l’esprit de synthèse du scénariste est à souligner, on peut néanmoins regretter que tout soit si / trop complexe au début. Je me plains, mais il faut d’emblée préciser qu’un tome 0 a été publié depuis et qu’il nous en apprend plus sur Wotan, Albéric et cie.. Il sera critiqué un autre jour. Sachez juste qu’il raconte justement ce qui est synthétisé dans la première partie du tome 1.
Une fois l’introduction passée, l’intrigue prend véritablement son envol. L’histoire va et vient entre le monde normal des humains et Asgard, où certains protagonistes mènent des intrigues liées à la malédiction. Sans en dire plus sur l’évolution de l’histoire, je peux vous garantir qu’au terme du premier tome, on ne veut que savoir ce qu’il va se passer par la suite. Pour les néophytes qui ne sont pas tout à fait au clair avec la mythologie scandinaves (inutile de se cacher, nous sommes une grande majorité), un lexique explique placé à la fin de l’ouvrage explique quelques termes « techniques ». Si je puis me permettre un petit conseil, autant le consulter immédiatement, cela ne coupera pas la lecture de l’histoire par après.
Visuellement parlant, Le Crépuscule des Dieux est une véritable claque. Les personnages évoluent dans des décors somptueux et très impressionnants. Tant le trait du dessinateur que les couleurs transportent le lecteur dans un monde tantôt nordique, tantôt féérique. Les quelques scènes de guerre sont également impressionnantes. Vu le format du livre et la taille de certaines cases, nous sommes parfois en présence d’images réellement dignes d’un Artbook. Qui plus est, un petit cahier d’esquisse va de pair avec le lexique.
Les personnages évoluent dans un monde majestueux, où l’on sent le vent souffler. L’atmosphère nordique du récit ressort très clairement dans son aspect visuel. Vraiment, Le Crépuscule des Dieux doit s’entendre comme une œuvre visuelle à part entière. Djief a effectué un travail de titan (pas bien de mélanger les mythologies…) et s’est occupé lui-même des couleurs. Opinion toute personnelle, mais admirer les planches de cet album procure un sentiment d’évasion très bienvenu. Bien plus rafraichissant qu’un fisherman’s friend !
Bref, voilà plusieurs critiques où je développe des points de vue positifs. Mais force est de constater qu’en l’occurrence, il s’agit vraiment d’un coup de cœur. Lorsque je l’ai lu, je n’attendais que d’avoir le tome 2 entre les mains en espérant que Jarry allait réussir à nous maintenir en haleine sans trop compliquer ou simplifier l’histoire. Il sera d’ailleurs bientôt critiqué ici même et l’on pourra se rendre compte de ce qu’il en est vraiment d’une série qui a vraiment un sacré potentiel.
Et vous ? Qu’avez-vous pensé du scénario ? Est-il trop compliqué, correct ? Qu’attendez-vous de cette saga nordique ?
Plus généralement, les amateurs de mangas et comics sont largement majoritaires parmi les lecteurs du blog. Est-ce que ces bandes dessinées « classiques » vous attirent ? Est-ce que vous avez pris du plaisir à découvrir les deux premières critiques d’albums de Soleil Celtic ?
Je ne suis pas représentatif des lecteurs, mais j’ai bien aimé ces deux critiques. D’ailleurs plus celle là que l’autre, parce que la mythologie scandinave a une influence plus que perceptible chez Tolkien.
Et puis entendre tous ces dieux me font aussi beaucoup pensé à la saga d’Asgard de Saint Seiya.
Et tout bonnement, j’aime beaucoup tout ce qui est mythologie (grec, nordique, egyptienne et dans une moindre mesure celte).
Mais ta critique m’a donné envie de m’intéresser à ce titre.
Après une telle critique, difficile de ne pas vouloir en voir plus !!! Surtout lorsque comme moi on a adoré les légendes nordiques dans sa jeunesse… D’ailleurs, je me permets de rectifier : Wotan est appelé Odin dans la mythologie « classique » ; Thor est un de ses fils.