Le Chant des elfes- La Dernière Alliance, par Ratera, Falba et Max

Petite incursion dans le monde de Soleil Celtic

Soleil Celtic est une « sous-marque » des éditions Soleil. Leurs publications tournent toutes autour d’histoires se rattachant aux celtes et aux légendes qui y sont parfois associées. Des cycles arthuriens aux recueils de contes bretons, on y trouve toute une palette de BD assez intéressantes. Je préfère l’avouer sans détours : je lis plusieurs séries de cette collection et j’aime beaucoup ces livres, tant pour leurs histoires que leur graphisme. Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas ce genre de bandes dessinées, j’ai décidé de vous présenter Le Chant des elfes, série scénarisée par Bruno Falba, dessinée par Mike Ratera et mise en couleur par Max. Voici donc le premier tome de la série, La Dernière Alliance.

Résumé de La Dernière Alliance

451… en ces temps obscurs, période de transition entre l’Antiquité et le Moyen Âge, une gigantesque bataille a lieu. Sur les champs catalauniques, les hordes de Huns sous les ordres du terrible Attila affrontent la coalition menée par le général Romain Flavius Aetius. Comment cette grande alliance a-t-elle été mise sur pied ? L’histoire prend le point de vue du petit peuple (constitué de tous les êtres imaginaires que nous connaissons : harpies, farfadets, lutins, elfes…). Obéron, leur roi, veut essayer de protéger le petit peuple contre les persécutions chrétiennes et lui permettre d’atteindre la Bretagne, où il sera plus en sécurité. Il veut également que les légions romaines quittent ladite Bretagne. En échange, il est prêt à aider les Romains dans leur lutte contre les Huns.

C’est ainsi que l’aventure commence pour Dracène et Harpya, les deux envoyées du roi Obéron. Se transformant en êtres ailés, elles se rendent à Ravenne pour proposer cette alliance au général Aetius. Mais, une fois sur place, elles sont très vite confrontées à un complot visant justement à éliminer le noble général. Bien évidemment elles le déjouent et entrent dans les faveurs d’Aetius. Les deux femmes exposent la proposition d’alliance avec les êtres fantastiques. Mais c’est à l’Empereur Valentinien III de décider. Ce dernier est très influencé par le pape Léon I, un chrétien qui n’est pas très favorable aux païens du petit peuple…

Enfin, pour corser le tout, Dracène et Harpya ne sont pas insensibles à la virilité du général Aetius et bien vite, une rivalité s’installe entre elle pour savoir qui pourra goûter au plaisir charnel avec lui. Ce désir va peut-être les amener à sceller de nouvelles alliances…

Quand des êtres imaginaires s’immiscent dans l’histoire réelle…

Mon résumé de ce premier opus est vraiment fouillis. Je m’en excuse tout en précisant qu’il est vraiment difficile de parler d’une histoire si dense sans spoiler. A vrai dire ce tome 1 est vraiment une introduction à l’histoire. On découvre les différents protagonistes, les pions s’avancent. L’ambition de la série est de raconter ce qu’il s’est passé avant la bataille des champs catalauniques et forcément l’intrigue demeure très « politique ». Mais malgré cette densité, je trouve l’intrigue vraiment bonne. L’idée de prendre un fait historique réel et de le saupoudrer de magie et d’êtres mythiques est vraiment bonne. De plus ce mélange prend bien et sonne juste. Finie la dernière page on ne peut que se demander : « mais comment vont évoluer les liens qui ont été tissés ? »

Les bouquins de Soleil Celtic ont, selon moi, la particularité d’être très soignés au niveau visuel. La Dernière Alliance ne déroge pas à la règle. Le dessin a été très travaillé. On sent bien la recherche que Ratera a effectuée. Le résultat l’atteste bien. En effet, la qualité du dessin est vraiment très bonne. Les cases sont très riches et détaillées et les personnages dessinés avec attention. Les visages méritent plus particulièrement une mention car ils sont vraiment expressifs. Paradoxalement, certains visages me posent problème car je n’aime pas vraiment leur apparence. Je pense que cette opinion dépendra des goûts de chacun. Certains peuvent aimer, d’autres pas et dans mon cas je suis parfois dérangé par ce style. Il n’empêche que cela n’enlève rien au travail accompli.

Le constat pour les couleurs est un peu similaire. Les tons de couleurs, les contrastes, tout a été vraiment peaufiné de façon magistrale. Pour exemple, il suffit de prendre les cases se déroulant la nuit et où personnages et objets sont baignés par la lune. Les contrastes des plis des vêtements l’illustrent (c’est le cas de le dire) également très bien. Mais une fois encore, je n’adhère pas totalement. Harpya étant dessinée dans des tons proches du bleu et du violet, Dracène dans des tons rouge et orange, il y a parfois des moments où ces couleurs « jurent » trop à mon goût. Le mariage des couleurs n’est pas totalement harmonieux. Cela m’a un peu dérangé par moments.

Mais globalement, La Dernière Alliance constitue véritablement une bande dessinée de qualité. Tout dépend des goûts de chacun, on peut aimer ou pas, mais il est incontestable que ce premier tome a été réalisé par nos trois protagonistes avec sérieux. Mes vœux pour la suite : que l’intrigue évolue vers des éléments plus concrets, m’habituer aux visages et des couleurs aussi bien soignées.

Pour ceux qui l’ont lu, partagez-vous mon enthousiasme et mes réserves ? Pour les autres, est-ce que le sujet (bd-fantasy-Antiquité tardive) vous plaît et vous attire ?