Le Cercle – Tome 1 : Your True Colors de Andoryss et Nesskain

Une critique tardive

Nous vous proposons aujourd’hui une critique un peu tardive concernant un titre de ce début d’année. Critique tellement tardive qu’elle arrive alors que le dernier numéro de la série est paru en Août 2013 chez Delcourt. Tout comme Nightfall dont j’ai déjà eu l’occasion de vous parler, Le Cercle est une nouveauté 100% Delcourt issue de la Comics Fabric. En effet, ce label a été créé par Delcourt pour encourager le comics à la française et éditer des nouveautés françaises dans un format comics, format tant dans la forme du livre que dans la forme du récit. Si Nigthfall était une bonne surprise sans pour autant être éclatant, qu’en est-il de la série Le Cercle ? La Comics Fabric promet-elle de belle chose ?

Le Cercle – Tome 1 : Your True Colors de Andoryss et Nesskain, édité par Delcourt sous le label Comics Fabric, est disponible en librairie depuis le 3 Avril 2013.

Résumé du Cercle chez Delcourt

Certaines personnes viennent au monde avec des pouvoirs. Certains les assument et s’en servent, d’autres préfèrent les cacher… La plupart veulent juste avoir une vie normale.
Ils ne sont pas invulnérables. Ils ne se sentent pas super-héroïques. Ce sont des gens presques ordinaires. Ils se connaissent entre eux, ils s’épaulent, ils se comprennent. Ils forment le cercle. Et quelqu’un a décidé de les tuer.
Tous.

Un comics 100% polar

Le label Comics Fabric semble bien rouler pour Delcourt, car des nouveautés sont encore lancés (Superworld, et les suites de Badass et Nightfall). Et malheureusement, je m’intéresse encore aujourd’hui trop peu à ces titres qui pourtant devraient valoir le détour. C’est ainsi qu’après la bonne surprise de Nightfall, je m’attaque aujourd’hui au Cercle, qui n’a malheureusement pas jouis d’une couverture très attractive, le marketing n’est pas  vraiment au rendez-vous… C’est sans conviction que je me suis plongé dans les premières pages, sans trop savoir sur quoi j’allais tomber.

Andoryss est une jeune auteure française qui n’a pas beaucoup de publication à son tableau (7 naufragés et Les Enfants d’Evernight), mais saluons encore une fois Delcourt de donner sa chance à de jeunes talents. Ainsi, sur Le Cercle, elle ne passe pas par dix chemins pour planter le décor. On rentre cash dans l’histoire avec un meurtre qui a tout du suicide et qui portant semble ne pas en être un… Le point de départ est classique, mais rapidement, les personnages introduits sont intriguant : Pia, une jeune femme au cheveux roses avec un pouvoir de voyance, Nicolas, un homme solitaire possédant un étrange pouvoir lui révélant la « couleur » des gens et des choses, Erik, un barman qui parle au vide… On comprend rapidement que l’homme mort est un des leurs.

Mary Blossom, en charge de l’affaire, va se révéler être un personnage tout aussi énigmatique, et pourtant sans pouvoir en apparence. Si les héros mènent leur enquête de leur côté sur la mort suspecte de leur ami, Mary suit aussi le cours de son enquête et ne crois pas au suicide. Sa seule piste : Pia et Nicolas. Le récit nous conduit de mystères en mystères et pourtant de révélations en révélations. Tout s’enchaîne à la perfection, la maîtrise du polar par Andoryss est indéniable.

Si le déroulement du récit est en soi un vrai plaisir à lire et que la soif de dénouement se fait sentir dans notre tête de lecteur, ce qui fait la véritable force du Cercle, ce sont les personnages. Andoryss décrit des personnages complexes et passionnants, pleins de secrets à découvrir. Certains sont même fascinants, notamment Nicolas Lenoir dont le pouvoir est absolument éblouissant (au sens propre tant le dessinateur s’en amuse).

Nesskain est un jeune dessinateur qui signe ici son premier travail publié, et quel talent ! Il a un style assez particulier qui devrait plaire au plus grand nombre. Le visage de Pia, l’héroïne principale, est dans un style très manga, grands yeux, cheveux rose, et pourtant s’accorde très bien avec les visages des personnages qui sont dans un style semi-manga. Beaucoup de jeu d’ombre qui rappelle le comics et un dessin assez figé qui fait penser à du franco-belge. Son dessin, très réaliste, a pourtant une cohérence absolue. Et là où l’auteure a rejoins le dessinateur, c’est dans la conception du personnage de Nicolas dont le pouvoir permet au dessinateur de participer activement à l’intrigue. Car son pouvoir est celui de voir les couleurs des gens, des objets, des lieux. Ces couleurs lui indiquent des choses, si une personne est mauvaise, ou si une pièce a été le lieu d’un ébat amoureux, ou si un objet a un quelconque intérêt. Les jeux de couleur sont magnifiques, Nesskain prend plaisir à dessiner ces planches et ça se sent.

Pour conclure, Le Cercle est une véritable excellente surprise. Il y a une véritable osmose entre le scénariste et le dessinateur qui tous deux maîtrisent le récit à la perfection. Tout s’emboîte, rien n’est forcé. Et c’est alors un plaisir monstrueux à lire. On est happé par cette histoire et surtout par les personnages qui nous entraînent jusque dans leur intimité : le rêve de Pia, les couleurs de Nicolas ou les discussions avec le vide d’Erik… Le succès du Cercle c’est la recette qui prend entre un scénario réfléchi, un dessin magnifique et des personnages passionnants. Le Cercle mérite beaucoup plus de visibilité auprès du public, voilà un comics qui vaut le détour. Je vais poursuivre la découverte à la fois de la série et du label Comics Fabric, car cela promet de belles choses !

Et vous ? Avez-vous le même engouement que moi pour ces jeunes auteurs ? Ce nouveau label Delcourt répond-il à vos attentes ?