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- Graphisme
Last Hero Inuyashiki – tome 1 de Hiroya Oku
Ichiro Inuyashiki cet anti-héros
La rentrée littéraire est souvent un moment privilégié pour les éditeurs pour sortir de bons petits titre.s Je dirai même que c’est, après la Japan Expo, le mois où l’on a les plus gros lancements.
C’est ce qu’a fait Ki-oon avec ce Last Hero Inuyashiki auquel elle croit beaucoup.
Mais pour quelles raisons ? que vaut ce manga à la couverture peut révélatrice ?
Last Hero Inuyashiki – tome 1 de Hiroya Oku est édité par Ki-oon et est disponible à la vente depuis le 10 septembre 2015.
Résumé de Last Hero Inuyashiki 1 chez Ki-oon
Résumé de l’éditeur :
À 58 ans, Ichiro Inuyashiki est loin d’être un modèle pour ses enfants. Vieux avant l’âge, méprisé de tous, il a vécu toute sa vie en employé de bureau minable et n’a pour toute amie que sa chienne Hanako. Comme si cela ne suffisait pas, on lui diagnostique un cancer en phase terminale lors d’un examen de routine… C’en est trop pour le pauvre vieillard. Alors qu’il pleure de désespoir dans un parc en pleine nuit, une lumière aveuglante apparaît… et c’est l’impact !
À son réveil, étendu dans l’herbe, Inuyashiki n’est plus le même. Il a été transformé en cyborg surpuissant, libre de faire ce qu’il veut de ses nouveaux pouvoirs, le meilleur comme le pire. Et il n’est pas le seul dans ce cas…
Un vieux super-héros !
L’auteur de Gantz arrive dans le catalogue de Ki-oon avec ce Last hero Inuyashiki, prometteur et bien vendu par l’éditeur. Avec son « vieux » comme héros, ce manga s’annonce original.
L’histoire est celle de Ichiro Inuyashiki, un salary man de 58 ans quelconque, méprisé par sa femme et ses enfants. Bref un homme qui a une vie un peu misérable et qui, en plus, fait beaucoup plus vieux que son âge. De plus, on vient de lui diagnostiqué un cancer incurable. Mais un jour, il se fait percuter par une comète. A son réveil, il va se rendre compte que son corps a quelque peu changé.
Ce premier tome de ce Last Hero Inuyashiki se révèle être une très bonne introduction, avec un angle d’attaque qui donne toute la saveur à ce titre. Oku propose un récit de SF mais se passant dans le monde contemporain. Ici, il est question de cyborg, mais dans un Japon actuel, apportant ainsi une relative crédibilité à ce seinen. Il s’agit d’une introduction d’une efficacité redoutable. Bien que nous n’en sommes qu’aux prémices, le mangaka parvient facilement à présenter ce qui fera l’essence de son titre et même, dans les dernières pages, ses futures orientations.
La grosse singularité de ce manga réside dans son héros : Ichiro Inuyashiki, un anti-héros parfait. Utiliser un vieil homme comme héros, qui mène une vie des plus ennuyante, peu apprécié par sa propre famille est vraiment une idée géniale. Surtout qu’ici les interrogations de cet homme sur sa vie et son « apport » sont bien menées et créent de l’empathie pour ce pauvre homme. Le sentiment de pitié n’est, néanmoins, jamais très loin, mais le mangaka n’est pas tombé dans le piège de trop accentué cet aspect. Il sort des clichés du héros et n’en est que plus attachant. Surtout que le mangaka le vieillit encore plus dans ses attitudes et physiquement que son âge réel.
Et puis tout bascule pour lui, lorsqu’il se rend compte à quel point l’épisode de la comète l’a changé. D’ailleurs cette scène charnière, où il découvre son nouveau corps, est extrêmement bien menée : impactante et efficace…
A partir de là, notre héros va trouver un sens à sa vie, reprendre confiance en lui et plus globalement être quelqu’un.
Avec ce portrait dressé, on sent bien que le mangaka glisse quelques critiques de la société japonaise. Le monde du travail (notamment le manque d’estime envers les salary men), le respect des plus jeunes, la condition et l’utilité des personnes âgés souvent délaissées, ou encore la propension à tout filmer sont autant de thèmes brièvement abordés. A voir si ces aspects seront encore exploités après.
Ses nouveaux pouvoirs sont donc issus de son corps de cyborg et offre de multiples possibilités, dont on a eu qu’un aperçu. De plus, il y a un côté résolument moderne avec l’utilisation des réseaux sociaux.
Dans ce premier tome, l’essentiel du récit se focalise autour de Inuyashiki, un peu trop peut-être. Les personnages secondaires peinent à exister. Heureusement la fin de tome contrebalance ça, avec un nouveau personnage qui sera surement très important par la suite et offre de belles pistes de développement. On se doute que ce personnage va permettre une mise en perspective des motivations de Inuyashiki. J’espère juste que Hiroya Oku ne va pas tomber dans la facilité de tomber dans un conflit générationnel, qui pour le coup serait un peu facile.
Graphiquement, le trait du mangaka est superbe. Ses dessins sont soignés, détaillés, avec une véritable volonté d’être réaliste. Mais au-delà de ça, même quand il dessine des éléments plus tpés science-fiction, il a également ce sens du détail qui fait merveille. Les pages sont donc la plupart du temps superbes, et on prend plaisir à admirer le trait de Oku.
Les personnages ne sont pas en reste et bénéficient d’une très bonne expressivité. Beaucoup d’émotions passent, notamment le côté désabusé et résigné d’Inuyashiki.
Au niveau de l’édition, Ki-oon fait de l’excellent travail, comme à l’accoutumée, notamment avec une couverture avec du relief. Après malheureusement, le choix du dessin de couverture n’est pas ce qu’il y a de plus vendeur, ou même révélateur du contenu. Dommage.
Pour conclure, Last Hero Inuyashiki – tome 1 de Hiroya Oku est une franche réussite. En un tome, le mangaka arrive à poser les bases de son intrigue, tout en aiguillant sur ce que pourrait devenir ce seinen. Il parvient également à narrer une histoire de super-héros en sortant du carcans du jeune adolescent insouciant. Toute la saveur de ce titre provient du choix du héros. Choisir un homme agé, presque pitoyable, méprisé de tous, est une excellente idée. Surtout qu’ici, elle est cumulée à quelques critiques de la société japonaise mais surtout parfaitement exploitée.
L’intégration d’éléments de SF forts dans un monde actuel est également bien réalisée et aide à donner une sensation de réalisme, sublimée par le trait soigné, précis et détaillé d’Oku.
Une belle mise en bouche qui ne demande qu’à être confirmée avec un tome 2 qui devrait nous en dire plus sur l’orientation choisie.
Et vous qu’en avez-vous pensé ? Aimez-vous ce choix de héros ?
Ce que j’aime avec ce manga, c’est que l’auteur nous fait voyager dans la réalité de notre monde cruel, mais l’espoir en une humanité éclaire de sa flamme vacillante les recoins de nos pensées. J’ai hâte de lire son deuxième tome.