
- Scénario
- Graphisme
L’affaire Sugaya, l’histoire vraie d’un homme accusé à tort de Kenichi Tachibana et Hiroshi Takano
D’après des faits réels
L’affaire Sugaya, l’histoire vraie d’un homme accusé à tort est un manga d’un type assez particulier et assez rare puisque entièrement basé sur des faits réels. Il s’agit d’un manga, qu’on peut qualifier de documentaire, basé sur une affaire judiciaire qui a marquée le Japon. Ce seinen retrace le travail d’une équipe de journalistes ayant permis la libération d’un prisonnier accusé à tort d’un meurtre.
L’affaire Sugaya de Kenichi Tachibana et Hiroshi Takano est édité par Delcourt/ Akata et est disponible à la vente depuis le 14 mars 2012
Résumé de l’Affaire Sugaya
Résumé de L’affaire Sugaya, l’histoire vraie d’un homme accusé à tortpar léditeur :
Dans les années 90, un reporter enquête sur des meurtres sordides commis sur des fillettes. Des détails troublants le mènent sur la piste d’un tueur en série. Problème : Toshikazu Sugaya a déjà été condamné. Emprisonné, il avait avoué sous la torture… L’histoire vraie d’une terrible erreur judiciaire qui causa une profonde indignation au Japon et l’intervention d’Amnesty International.
Une enquête journalistique va révolutionner la justice japonaise
L’affaire Sugaya est une sorte de manga-documentaire-journalistique. En effet, ce titre est tirée d’une histoire vraie, une des erreurs judiciaires les plus retentissantes au Japon, celle concernant Toshikazu Sugaya. Ce petit homme, réservé, faible, a été condamné pour le meurtre d’une fillette. Depuis, il ne cesse de clamer son innocence du fond de sa cellule.
L’affaire Sugaya va se concentrer sur Kiyoshi Shimizu,un jounaliste, et son équipe, qui, dans le cadre d’une émission télé, vont enquêter sur une série d’affaires criminelles aux similarités troublantes. Sauf que pour l’une d’elle, un coupable a été arêté en la personne de Sugaya. Mais Shimizu est convaincu qu’il n’y a qu’un tueur et que ce n’est pas Sugaya. Petit à petit, lui et son équipe, vont refaire l’enquête et pointer du doigt certaines incohérences et certains faits troublants.
Contrairement à ce que laisse penser le titre complet : L’affaire Sugaya, l’histoire vraie d’un homme accusé à tort, ce seinen ne s’intéresse finalement que peu à ce fameux Sugaya. L’histoire se focalise sur le journaliste et son enquête. Le lecteur va suivre les différentes avancées de l’équipe et découvrir tout ce qui na pas été fait, ou mal fait, des années auparavant. Via ces avancées, les journalistes vont mettre en avant les errements de la police, de la justice, mais plus globalement du système judiciaire japonais.
Ce one-shot permet d’ouvrir une lucarne sur l’importance des aveux pour le système nippon, qui diffère un peu de notre fonctionnement.
Nous assistons donc à une enquête minitieuse, où ce journaliste va faire preuve d’une sacrée persévérance et abnégation pour metre en exergue les abérations de l’enquête et de la justice.
Avec en point d’orgue la validité d’un test ADN qui revêtera une importance particulière pour toute la justice.
Ainsi, l’équipe va retravailler sur tous les indices et témoignages, essayer de trouver de nouveaux éléments, poser des questions à d’autres personnes… Ils vont par exemple beaucoup discuter avec la mère de la jeune fille présumée assassinée par Sugaya. Sachant que ce manga a été supervisé par les différents protagonistes et que c’est tiré d’une histoire vraie, tout ces passages sont touchants. Des années après avoir perdu sa fille, avoir fait son deuil en pensant que le coupable était derrière les barreaux, une mère va se replonger dans ce drame et jouer un rôle important dans la libération de Sugaya. Avec beaucoup d’humilité et de force de caractère, on ne peut qu’être admiratif de cette femme.
De fait, ce manga est passionnant à suivre. Il est dense, avec beaucoup de dialogues. On suit les avancées de l’enquête pas à pas. Tout est décrit avec précision et méticulosité. On ressent bien le travail effectué par Shimizu et son haut niveau d’implication. Et tout comme le journaliste, l’innocence de Sugaya nous apparait comme de plus en plus certaine.
Cependant on peut reprocher un certain pamphlet sur le journalisme et une sorte d’idéalisation de Shimizu. Il nous apparait comme trop bon, presque décrit par une certaine propagande. C’est un peu dérangeant, tant on a parfois (mais heureusement peu souvent) l’impression que c’est plus un manga pour louer ce Shimizu que pour raconter un faits divers.
Autre point négatif, c’est l’impression de fluidité et de rapidité de l’enquête. Alors que dans la réalité l’enquête a duré près de deux ans, et que les protagonistes se sont heurtés à la Justice et à la police, mis à mal par cette révision de l’enquête, le lecteur a l’impression que ça s’enchaine trop bien. Pourtant, j’imagine, l’enquête a dû être moins linéaire et a dû se heurter à beaucoup de freins.
Mais le choix du médium manga oblige à faire ce genre de choix pour proposer une naration fluide et qui capte le lecteur.
Enfin dernier point qui peut gêner un peu c’est que c’est, je me répète, tiré d’une histoire vraie. Donc nous ne savons rien sur le vrai tueur, qui, dans la réalité, est encore en liberté. L’affaire Sugaya ne s’attarde pas sur les pistes d’identification du meurtrier mais plus sur l’innocence de monsieur Sugaya.
L’édition de Delcourt/ Akata est superbe. Outre une couverture que j’aime beaucoup, elle est également riche en bonus permettant de mieux comprendre l’enquête, les personnages… On retrouve ainsi une brève interview de Sugaya faite par Shimizu et sa reporter free lance, un décryptage des différentes affaires, ainsi que quelques anotations et photos de Shimizu.
Graphiquement le trait de Kenichi Tachibana est très réaliste. Son soucis de réalisme couplé à une finesse du détail rendent la lecture très immersive et crédible. On sent que ce n’est pas une simple histoire mais bien quelque chose s’étant réellement passé. Les décors et détails sont travaillés. Les personnages ne bénéficient pas d’un charadesign soigné mais ce n’est pas le but. Ils se rapprochent de la tête de ces vraies personnes. Néanmoins, ils sont assez expressifs. Le mangaka utilise aussi pas mal de tramage, pas toujours très discrètement, mais ils sont variés.
Un graphisme réaliste qui ne fait que servir le coté documentaire de ce one-shot.
Pour conclure, ce L’affaire Sugaya, l’histoire vraie d’un homme accusé à tort est un très bon one-shot, passionnant à lire mais qui prend aux tripes parce qu’on sait que c’est réel. Le scénario nous décortique bien les différentes affaires et les différentes étapes ayant permis la relaxe de Monsieur Sugaya.
On peut reprocher un certain parti pris clairement pro Shimizu, avec cette tendance à un peu trop le magnifier, ainsi qu’une impression de rapidité de résolution de l »enquête, mais le tout est de qualité. Il permet de mieux comprendre une des affaires phares et marquant de la justice japonaise, et pour nous occidentaux d’entrapercevoir le fonctionnement de la justice (et notamment l’importance des aveux).
Et vous qu’en avez-vous pensé ? Trouvez-vous aussi que ça manque un peu de recul sur Shimizu et qu’il ne s’intéresse peut être pas assez à Sugaya ?
Merci pour ta critique qui je l’avoue m’a bien incité à acheter le manga.
Je viens justement de le trouver je posterais mon avis !
il a l’air asse interessant . Merci pour ta critique 🙂