La Route de Cormac McCarthy
Un avant-goût de la fin du monde
Je ne connaissais pas ou peu ce roman avant la sortie en salle du film, La Route avec Viggo Mortensen. Et puis quand j’ai vu la bande-annonce, et les premières images, je me suis intéressé à l’œuvre de Cormac McCarthy.
Et finalement, j’ai lu le livre bien avant de voir le film.
La Route est un roman de Cormac McCarthy publié au États-Unis en 2006 et en France en 2008 aux éditions de l’Olivier.
Ce roman a été récompensé par le prix Pulitzer de la Fiction en 2007.
Résumé de La Route de Cormac McCarthy
Une énorme catastrophe a dévasté le monde, recouvert sa surface de cendres. Tout est en ruine, plus rien ne pousse, il n’y a plus de vie animale. C’est un monde post-apocalyptique où il est quasiment impossible de survivre. Pourtant un homme et son fils essaient. Ils errent sur la route trainant un caddie contenant toutes leurs maigres possessions.
Ils tentent de survivre dans ce monde et d’avancer vers le sud dans le froid, la pluie, la neige et la peur au ventre. Ils sont sans cesse sur leur garde pour ne pas tomber sur une hordes d’humains cannibales. Ils sont seuls, ont toujours faim, soif et froid et ne peuvent compter sur rien, ni personne.
Arriveront-ils au bout de leur voyage? Qu’y trouveront-il?
Un roman coup de poing
Si vous êtes dépressif ou suicidaire, merci de passer votre chemin et de ne pas lire les pages de ce livre. Je décline toute responsabilité si vous passez outre mon conseil.
Le synopsis est très court et peu se résumer en un « road movie » sur fond d’apocalypse. Un père et son fils vont simplement essayer de survivre et descendre plus vers le sud dans l’espoir de trouver un meilleur endroit.
Une quête du paradis perdu en quelque sorte.
Dès les premières pages, la puissance du roman vous saisit. Sa froideur, son austérité, son dépouillement prennent aux tripes.
Très rapidement, on se rend compte qu’on est bien en présence d’un roman sombre où toute lueur d’espoir semble utopique. Le lecteur se rend compte que la lecture ne sera pas de toute gaieté et la fin sera incertaine. On doute sacrément sur une fin en happy end.
Cormac McCarthy fait preuve d’un extraordinaire talent pour rendre l’atmosphère glauque, presque monochrome, étouffante et sinistre.
Son style brut et incisif donne le ton et c’est bien ses mots qui donnent toute l’ambiance. Ses paragraphes sont très courts, vont à l’essentiel et sont frappant par leur aspect dépouillé et brut de décoffrage.
Pourtant il y a quand même une certaine prose poétique.
Mais son style est très caractéristique et déstabilisant pour le lecteur. Une de ses marques de fabrique consiste a beaucoup utiliser le « et », y compris dans de longue énumération. Cette technique donne vraiment l’impression que tout est très rare et précieux. La moindre couverture, le moindre vêtement, la moindre nourriture, tout semble tellement rare.
Il utilise également beaucoup de phrases sans verbe. Il a une certaine faculté pour aller droit au but, tout en disant ou plutôt en suggérant beaucoup de chose. C’est une écriture abrupte mais puissante.
Avec la forme, il donne une incroyable consistance au fond.
Autres points déstabilisant, c’est le manque d’informations pour le lecteur. Cormac McCarthy ne place pas son roman dans un cadre spatio-temporel. On ne sait rien de l’époque, ni du lieu. Bien évidement, on suppose que c’est dans un futur assez proche et plutôt sur le continent Nord-Américain (mais ce n’est qu’une supposition).
De même, on ne sait absolument rien de cette catastrophe. Elle n’est jamais expliquée et on a juste brièvement quelques idées sur les différentes étapes ayant menées à cette situation.
On connait la situation actuelle, c’est tout, le reste n’a que peu d’importance.
On manque cruellement d’informations sur les personnages. Le père et le fils n’ont pas de nom. Jamais au cours du roman, l’auteur nous donne leur prénom ou un surnom. On ne sait quasiment rien sur leur passé. L’homme que faisait-il avant?
La seule chose que le romancier daigne nous communiquer c’est sur le fait qu’il y avait la femme de l’homme et donc la mère du fils avec eux auparavant. Au travers de flashbacks plutôt poignants, on en apprendra plus sur elle, et pourquoi elle n’est pluss avec eux.
Ce manque de background, voulu, est déstabilisant. Mais la volonté est de simplement se concentrer sur la survie des deux personnages et rien d’autres.
Le scénario est assez lent. Il ne se passe pas de grands évènements, mais que des petits mais pourtant cruciaux. Le livre est ponctué de petits passages tantôt oppressant, tantôt triste, tantôt plus simples, mais jamais inintéressants. Même les passages où ils recherchent un endroit pour dormir, ou quand ils visitent des maisons sont intéressants. On en vient presque à penser qu’on survit avec eux. On ressent quasiment leur faim et le froid qui les étreint.
Tout au long du roman, la menace de tomber sur d’autres hommes est présent. On sait que beaucoup sont devenus cannibales. Donc toutes les rencontres seront très tendues, et on se demande ce qu’il va leur arriver.
La relation entre le père et le fils est poignante. Au-delà de l’aspect purement survie, c’est cette relation pudique entre eux qui est émouvante. Malgré ce monde froid, cendreux, poisseux et sombre, le père fait tout pour inculquer de nombreuses choses à son fils : survivre mais aussi garder le « feu ». Il essait de le préserver de ce monde et de lui faire garder son innocence et des valeurs morales. Il y a clairement une dimension biblique, le petit représentant le bien, les hommes le mal.
C’est touchant! Il y a vraiment des passages forts comme lorsque le père se demande s’il sera capable d’appuyer sur la gâchette s’ils se font prendre par des cannibales.
Pourtant, leur relation est très simple, ils n’ont jamais de grandes discussions, ne se confient que très peu, pourtant on ressent leur amour respectif et le besoin de l’autre.
Le seul défaut qu’on puisse reprocher à ce titre, mais qui n’a pas été le cas, pour moi, c’est peut être qu’on frôle parfois l’ennui. Pourquoi? Parce que le style d’écriture est vraiment très épuré, les dialogues ne sont pas très constructifs, et il y a peu de véritables échanges. Il n’y a pas non plus une dimension épique. On suit juste un père et son fils survivre au jour le jour et essayer de rallier un point. Forcément l’action est un peu répétitive : chercher de la nourriture, trouver où dormir, fouiller les maisons… Du coup c’est très réaliste.
Son style et cette « banalité » de l’action pourront rebuter. Moi, je trouve ça superbe et ça crée un réalisme saisissant, qui m’ont scotché à la lecture. Mais clairement c’est particulier.
Pour conclure, je trouve qu’on n’est pas loin du chef-d’œuvre. C’est un roman au style littéraire particulier, à l’ambiance glauque, mais pourtant très juste, prenant et émotionnellement très fort. On va suivre, avec beaucoup de justesse un père et son fils survivre dans un monde horrible. On ressent leur souffrance, on sent leur envie de survivre malgré le manque d’espoir.
Pour à peine 250 pages, ce serait dommage de se priver de ce roman qui mérite son prix.
Et vous qu’en avez-vous pensé? Comment trouvez vous le style de McCarthy? Ce roman vous a-t-il touché?
Un grand bravo pour cette chronique! je n’aurais pas pu exprimer mieux ce que j’ai ressenti en lisant ce chef d’oeuvre il y a quelques mois…
J’avais vu le film avant et donc inévitablement j’ai fait pas mal de rapprochements ( film très fidele). Et pourtant il est évident que le livre rend encore plus mal à l’aise que le film excellent par ailleurs…
Je me suis sentie oppressée, la lenteur scénaristique est lourde! le style est « droit au but » et certaines passages répétitifs et expressions récurrentes peuvent au final agacer ( l’homme et l’enfant etc) mais je ne suis pas sortie indemne de cette lecture.
Et oui effectivement, il ne faut pas le lire dans un moment de blues : bien trop dur de gérer ses émotions négatives cumulées.
Bref, amatrice de doom metal, mouvement très dépressif du métal,je trouve que s’il fallait trouver l’équivalent litterraire du doom metal ça serait probablement » la route »
Perso je n’ai vu que le film… Et il ne m’a pas donné envi de me plonger dans le bouquin, alors que comme toi au départ la bande annonce m’avait motivé… Mais pas eu le temps de lire le livre avant de voir le film…
Et du coup, plus la motivation de m’y mettre, la fin du film, est tellement risible à mon goût que pour moi ça a plombé tout le reste de l’histoire…
Encore merci pour le blog !
C’est bien la première fois que je lis qu’il peut être ennuyeux 🙄 (ce n’est en tout cas, pas le cas de ma lecture)
@doomyflo : Merci
. J’ai vu le film, et je le trouve assez fidèle, mais le livre prend plus aux tripes.
Je ne connais pas le doom métal, mais je te fais confiance pour la comparaison.
@Toros : Je n’ai pas trouvé la fin risible. Je ne vais pas te demander pourquoi, sinon on risque de spoiler. Dans le film cette fin est plus longue que dans le livre (3 pages dans le livre).
Si tu oublies cette fin, le film est plutôt bon. Je ne peux que te conseiller de lire le livre. Il est relativement court en plus.
@AcrO : Je ne me suis pas ennuyé non plus. Par contre je peux comprendre qu’on le pense. Il ne se passe de grands évènements, c’est plus des actes « basiques ». Les dialogues sont peu nombreux et un peu mou.
Disons qu’un lecteur peut le penser. Il faut reconnaitre aussi, que pour bien apprécier ce roman, il faut rentrer dedans, sinon, je suppose que ça peut être plus dur.
@ Kameyoko : effectivement le reste du film je l’ai trouvé très sympa… Et justement assez original…
Pour le livre, j’en ai déjà un paquet dans ma liste de lecture, dont pas mal dont j’ai entendu parler par ici !
Un véritable coup de cœur pour moi. Ma
@Tigger Lilly : A priori ce livre semble mettre d’accord beaucoup de monde. C’est assez rare
A mon avis , les commentaires ne sont pas mou , au contraire , McCarthy les a écrit comme cela pour mettre à confusion le lecteur. De plus , je ne l’ai pas touvé ennuyeux car quand je lisais , je repensais toujours à ce qui m’avais marqué l’instant d’avant et ce qui pourrait ce passer. A mon avis , l’enfant joue un rôle énorme dans ce livre , avec sa généreusité omniprésente , comme s’il possédait un pouvoir divain. Il est toujours dans l’idée d’aider son prochain alors qu’au contraire, son père cherche la justice dans un monde qui n’est plus.
Un livre très marquant au point de vue émotionnel.. il a obtenut tout de même un prix Pulitzer..