. La main droite de Lucifer – tomes 1 et 2 de Naoki Serizawa | Fant'asie
Kameyoko 07/10/2013 1
La main droite de Lucifer – tomes 1 et 2 de Naoki Serizawa
  • Scénario
  • Graphisme

La Main Droite de Lucifer - tome 1

La main droite de Lucifer – tomes 1 et 2 de Naoki Serizawa

Un médecin et son tatouage

Sous le titre énigmatique de ce « La Main Droite de Lucifer » (Lucifer no Migite en VO), qui pourrait porter sur tout en n’importe quoi, se cache en fait un seinen réaliste, sur fond de médecine et des laissés-pour-compte.
Un manga intriguant et prometteur, réalisé par le trop méconnu mais pourtant talentueux Naoki Serizawa qui l’ont doit Saru Lock ou plus récemment Resident Evil Marhawa Desire.

La main droite de Lucifer – tomes 1 et 2 de Naoki Serizawa sont édités par Ki-oon et sont disponibles à la vente depuis, respectivement, les 13 juin et 29 août 2013.

Résumé de La main droite de Lucifer 1 et 2 chez Ki-oon

Résumé du tome 1 par l’éditeur :

Quand Yû Katsumi rentre de trois années passées en Afrique dans une ONG, c’est un médecin qui a rompu son serment d’Hippocrate : enlevé par la guérilla locale, il a été contraint de tuer pour ne pas l’être. Depuis son retour au Japon, il n’est plus qu’un marginal au bras droit tatoué à l’image de Lucifer qui passe ses journées à boire, taraudé par le remords…
Après une nuit particulièrement agitée, il se réveille dans la clinique du Dr Minamoto, un établissement un peu particulier qui soigne non seulement les sans-abris et les nécessiteux, mais aussi, pour financer le reste, un nombre non négligeable de membres de la mafia. Le jeune médecin a beau s’être juré de ne plus pratiquer, il va s’avérer délicat de leur refuser son aide…
Entre opérations chirurgicales désespérées et assauts de yakuzas assoiffés de vengeance : découvrez les urgences de la clinique du Dr Minamoto dans un savant mélange d’action et de suspense ciselé au scalpel !

Résumé du tome 2 :

Malgré lui, Yû Katsumi se retrouve plongé dans le quotidien chaotique de la clinique Minatono. Après avoir soigné un voyou blessé par balle et pratiqué une greffe d’organe sur le chef d’un clan de yakuzas, le voilà confronté à l’accouchement prématuré d’une jeune clandestine… Mais en pleine intervention, le Dr Minatono tombe inconscient, frappé d’une hémorragie cérébrale !
Grâce aux révélations d’Eriko, son assistante, Yû découvre que celui-ci est l’homme qui l’a poussé à devenir médecin. Lui qui s’était juré de ne plus exercer se décide alors à reprendre le flambeau en tenant la clinique à la place de Minatono pendant son absence…

Clinique, pègre et laissés pour compte

Derrière le titre énigmatique « La Main droite de Lucifer » ne se cache peut-être pas le titre attendu. En effet, avec un tel nom je m’attendais à quelque chose d’un peu fantastique, soit lié à Lucifer, soit lié à un quelconque pouvoir de cette main droite. Je m’imaginais un médecin capable de soigner mais aussi tuer avec cette main droite, ou encore une malédiction ou que sais-je.

Il n’en est rien. Le titre ne propose pas de fantastique. C’est assez réaliste et terre à terre.
On suit l’itinéraire d’un medecin talentueux, mais un peu dépressif, qui refuse de soigner à nouveau. Mais la force des chose fait qu’il va faire une rencontre qui va lui faire reconsidérer sa position. Il va se retrouver dans une clinique dans le bas-fond de Yokohama à soigner les déshérités et la pègre locale.

Tout débute par des pages couleurs où l’on voit le héros : Yû Katsumi œuvrant pour une ONG en Afrique en s’occupant des victimes d’un conflit. Sauf que le conflit va arriver jusqu’à lui et qu’il va prendre les armes et ôter des vies.
Ce geste va le hanter au point que notre héros va refuser de soigner quiconque après ça. Et pour bien montrer qu’il est indigne d’exercer la médecine, il va se faire tatouer un immense dessin représentant Lucifer, sur sa main droite.
On le retrouve quelques années après au Japon, totalement perdu et désœuvré et ne voulant toujours pas repratiquer la médecine. Mais un accident et un étrange médecin vont lui faire revoir cette position.

La première chose « marrante » à constater c’est l’importance du tatouage. On sait que le tatouage est perçu différemment au Japon, mais ici son utilisation est trop symbolique. Limite dans un premier temps se définit par son tatouage, marque de son infamie.

Nous avons donc à faire avec un anti-héros qui n’a plus le goût de rien. Mais sa rencontre avec le Dr Minatono et de sa clinique va le faire changer doucement, pour revenir à ce qu’il sait faire : soigner. Sauf qu’ici et dans cet établissement, il va soigner les personnes démunies et les malfrats. On va donc suivre reprendre goût à son métier. Cela se fera par différents petits cas médicaux. Sauf que l’accent n’est pas mis sur le coté purement médical mais plutôt sur un homme qui est sur la voie de la rédemption, le tout sous une critique sociale. La dimension sociale est d’ailleurs très importante et caractérise cette oeuvre. Ça en est presque une critique ou un état des lieux d’un Japon oublié mais réel.

va donc rencontrer toutes sorte de personnages, des SDF, en passant par des sans-papiers, des petites frappes, de vrais yakuzas… Le mangaka nous peint avec beaucoup de maîtrise cet environnement dans lequel évoluera le héros.

J’ai également trouvé l’atmosphère du titre très accrocheuse. Ce mélange entre médecine, milieu un peu underground, action et suspense fonctionne plutôt bien et captive rapidement

Naoki Serizawa plante donc habilement sa série, en la dotant d’un contexte social, d’un héros torturé, d’un médecin « mentor » flirtant avec l’illégalité et d’une galerie de seconds rôles intrigants et touchants. L’évolution du héros est assez intéressante, bien qu’un peu rapide et permet de mettre en lumière le mystérieux Dr Minatono. On sent qu’il y a encore plein d’aspects à creuser.
D’ailleurs le deuxième tome réserve quelques surprises notamment sur le passé des deux docteurs, ce qui donne encore plus de consistance à ce titre, tout en rajoutant de l’émotion.

 

Graphiquement, le trait de Naoki Serizawa est très convaincant. Ses personnages et décors sont très soignés, avec beaucoup de détails et de finesse, rendant le tout très réaliste. Or pour ce genre de titre c’est ce qu’il faut. C’est vraiment du beau travail. Surtout que le mangaka gère très  bien ses découpages et sa mise en page.

 

Pour conclure, La main droite de Lucifer – tomes 1 et 2 de Naoki Serizawa sont d’excellents volumes d’introduction. Même si je suis presque un peu déçu qu’il n’y ait pas de fantastique, il n’en demeure pas moins que c’est un très bon seinen. Son réalisme, ses personnages, sa thématique sociale font que la lecture est très plaisante. On rentre facilement dans cet univers surtout que l’auteur gère bien son histoire, en ponctuant son récit tantôt d’action, tantôt de révélations sur le héros et le Dr Minatono, tantôt sur les personnages plus secondaires.

Vu que cette série est assez courte, je m’interroge un peu sur le futur du titre, dans le sens où je n’ai pas perçu quelque chose pouvant se résoudre en 6 tomes. J’ai plus l’impression que nous sommes dans une série à épisodes qui pourrait durer. L’évolution du tome 3 sera donc déterminante. Hâte de voir ça.

Si vous rajoutez à ça le trait réaliste et très beau de Naoki Serizawa vous obtenez là un titre à surveiller attentivement !

Un commentaire »

  1. Pierre Feuille Ciseaux 15/10/2013 at 15:44 -

    Ce n’est pas fantastique ? Je vais me pencher un peu sur ce manga.
    ça me fera peut être repenser à Monster 😉

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