
- Scénario
- Graphisme
Killer Instinct – tome 1 de Miscio Yazu et Keito Aida
Encore un survival game !
Un nouveau survival game vient garnir les rayons des librairies avec ce Killer Instinct. La mode est à ce type de manga, mais que propose ce seinen pour se différencier ? Quels sont ses armes ?
Vaut-il le coup ?
Killer Instinct – tome 1 de Miscio Yazu et Keito Aida est édité par Tonkam et est disponible à la vente depuis le 03 février 2016.
Résumé de Killer Instinct 1 chez Tonkam
Résumé de l’éditeur :
Un groupe de gens très différents mais avec en commun un mauvais fond se réveille dans une école en ruine totalement close. Autour d’eux? Un écran affichant un compte à rebours de 7 jours, de l’eau, des caméras, une cocotte en terre cuite et un couteau… Le but: tenir sept jours en ne buvant que de l’eau… ou devenir cannibale pour survivre. Coup d’envoi d’un jeu cauchemardesque.
L’homme aussi est un insecte venimeux
Je ne vais pas refaire mon laïus dès qu’un nouveau survival game arrive sur le marché. C’est le genre à la mode, qui semble se vendre, mais qui se caractérise surtout par des déceptions. Rares sont les satisfactions. Est-ce que ce Killer Instinct risque d’être dans le haut du panier ?
Malheureusement, ce premier tome me fait penser que non. Mais ne l’enterrons pas si vite.
Ce Killer Instinct s’appuie sur un vieux rituel : le kodoku. Ce dernier consistait à enfermer plusieurs insectes venimeux dans une jarre et voir quel serait le dernier survivant. Là, les deux scénaristes ont cherché à reproduire ce rituel mais à l’échelle humaine. Si on enfermait des individus dans un lieu clos, qui auraient le plus forte volonté de vivre.
C’est ainsi que le lecteur est placé, in medias res, dans l’action en 2 pages. Comme les personnages, il découvre les lieux et la situation. Rapidement, les personnages présents dans cet endroit clos vont comprendre qu’il va leur falloir survivre 7 jours, sans nourriture et sans aide. Pour eux, le danger pourrait venir des autres. Comme dirait Sartre « l’enfer, c’est les autres« . Le contexte est planté rapidement, sans que l’on s’attarde sur le comment ils sont arrivés ici. Plein de mystères restent donc à éclaircir (mais pas sûr qu’on ait des réponses).
Mais dans ce type de récit, on doit accepter la situation, sans trop chercher à comprendre la logistique derrière. Souvent les mangakas ne s’y intéressent pas et donc le lecteur non plus. Par contre, on en attendra plus du côté des personnages et de leur évolution face à la signification de cette situation. Ils vont devoir s’adapter pour survivre et donc se révéler. C’est le travail sur les personnages qui fera la qualité du titre.
Pour le moment, dans ce seinen, les personnages sont archétypaux. On retrouve les typologies classiques pour ce genre de titre : le héros un peu idéaliste et de bonne volonté, la bombasse manipulatrice, le geek grassouillet et pervers, la grosse brute, la nunuche candide et l’intello. Rien de nouveau sous le soleil. De ce côté-là, il ne faudra pas s’attendre à beaucoup d’originalité. Mais l’un des personnages s’avère assez intriguant du fait de son calme et sa lucidité. Dans une telle situation, cela en est même inquiétant et énigmatique.
Le scénariste, Miscio Yazu, a eu la bonne idée de ne pas foncer tête baissée dans le survival extrême où chacun pense à sa survie. Ici, les personnages sont d’abord assez calmes, pensent même à coopérer. Mais petit à petit chacun va prendre conscience de ce que sa présence implique et petit à petit des comportements survivalistes vont avoir lieu. Le tout pour atteindre l’événement qui fera basculer le titre. Mais avant cela, l’évolution parait assez crédible, même si tous souffrent de clichés.
Malheureusement, deux personnages m’ont posé de gros soucis à la lecture. Le premier est le gros dur qui en vient à commettre un acte répugnant presque gratuit et sur lequel s’attardent un peu trop le scénariste. Etait-ce vraiment nécessaire ?
Ensuite, l’autre est l’otaku/ geek, encore présenté comme un asocial, gras et pervers. Pourquoi lui donner un penchant pédophile et trip « petit culotte »? C’est malsain et n’apporte pas grand chose pour le moment. Surtout que ça amplifie un fanservice déjà dispensable. Oui, car, pour le moment, il y a quand même pas mal de fanservice gratuit. Je ne suis pas un fervent partisan de ce procédé en général. J’espère qu’ils n’ne abuseront pas ici.
Graphiquement, Keito Aida livre un travail correct. Le huis-clos lui facilite la tâche avec des décors un peu vides et redondant. Les personnages sont bien croqués mais manquent parfois de vie à cause de cadrages qui se ressemblent un peu trop. Mais sa mise en scène reste correct, même s’il est difficile de juger pour le moment. Sans être transcendant, ni même excellent, il convient bien à ce type de récit.
Pour conclure, Killer Instinct – tome 1 de Miscio Yazu et Keito Aida est un survival game qui peine à sortir de la masse de ce genre de titres. Entre un début in media res, qui nous plonge dans l’intrigue, sans nous introduire les personnages où comprendre ce qui se passe, des personnages bien stéréotypés et un classique jeu de survie, nous somme sur un terrain bien connu, avec peu de prises de risques. Surtout qu’ici, point de règles ou d’éléments trop fantastiques. On risque d’être que sur du survival type sociologique. On va observer les comportements de survie de chacun. Mais de façon surprenante l’évolution des personnages est assez bien gérée, même si deux d’entre eux sont un peu dérangeants.
Il ne réinventera pas le survival game, mais peut être un divertissement sympathique, mais guère plus !
Et vous qu’en avez-vous pensé ? Sort-il du lot des survival pour vous ?
Un commentaire »