Justice League : La Tour de Babel de Mark Waid et Howard Porter

Un Nouvel Avenir

Me voilà dans la cours des grands, et après de longues semaines d’absences, permettez moi de vous présenter ma seconde critique pour Fant’Asie. Aujourd’hui, je traiterai de la réédition du déjà culte Justice League : La Tour de Babel, chez Urban Comics. Place à la critique !
Le passage à l’an 2000 a marqué bien des esprits, fini les années 90, bienvenu dans le monde de demain, le XXIe siècle ! Cette année va aussi bouleverser nos héros ainsi que les lecteurs. Le projet monstrueux de Mark Waid « La Tour de Babel » marque, à jamais, un tournant dans l’équilibre de la ligue.
Sobrement rebaptisée aujourd’hui Justice League par Urban Comics, la JLA reprend ces droits en France. La mini saga La Tour de Babel fut auparavant éditée en France par Semic Comics, dans un volume assez pauvre. Nous avons maintenant à notre disposition une édition à la hauteur de l’œuvre. En bonus, Urban Comics nous livre le dessin animé La ligue des Justiciers : Echec, en DVD et Blu-ray, inspiré de l’histoire de Mark Waid. Et pour compléter tout ça, La Tour de Babel est suivi d’un historique en couleur de la JLA ainsi que le numéro 80 de la série régulière de la JLA : La balle verte, écrit par John Ostrander (un habitué des comics Star Wars) et dessiné par Ken Lashley.

Depuis le 7 Septembre dernier, vous trouverez dans les rayons le superbe ouvrage Justice League : La Tour de Babel de Mark Waid et Howard Porter. Merci Urban Comics.

Résumé de Justice League : La tour de Babel chez Urban Comics

Résumé de l’éditeur :

Ra’s al Ghul tente à nouveau d’attaquer Batman, cette fois-ci en s’en prenant à ses plus proches alliés : la Ligue de Justice. Défaits les uns après les autres, grâce à des armes et techniques de combat élaborées selon leurs faiblesses, celui que l’on appelle « le Démon » savoure déjà sa victoire… Comment Ra’s a-t-il pu disposer d’informations aussi confidentielles ? La réponse à cette question pourrait bien détruire la Ligue de Justice !

Une aventure déjà culte !

Il y a des auteurs, comme ça, qui marque un tournant dans une série régulière. On pourrait citer Alan Moore sur Spawn, Frank Miller sur Daredevil ou plus récemment Bendis également sur Daredevil. Mark Waid fait partie de ces talents qui ont su, en quelques épisodes, remettre en cause une série complète. Faire douter le lecteur et chambouler la vision du public et des auteurs sur les héros n’est jamais chose facile.
Alors que Urban Comics est en plein effervescence pour suivre l’actuel relaunch DC, l’éditeur nous livre ici une réédition incontournable pour aborder les nouveaux numéros de la Justice League.
Depuis plusieurs années maintenant, nous sommes tous habitués à ces super-héros qui doutent. Mais avant la parution de La Tour de Babel, la Justice League était infaillible. Les héros, soudés à jamais. La force de Mark Waid a été de changer les règles. Les héros ne sont pas que des héros aux pouvoirs divins, ils sont aussi des Hommes – vous me pardonnerez ce terme générique pour J’onn J’onnz, Aquaman, Wonder Woman et Superman ! Car les quatre autres membres de la ligue sont, eux, bien humains. Il s’agit de Batman, Flash, Green Lantern et Plastic Man.
La psychologie de chaque personnage est étudiée et approfondie. Pour cause, Ra’s al Ghul, l’ennemi légendaire de Batman, va neutraliser les uns après les autres tous les membres de la Justice League. Mais ceci n’est que la face visible de l’iceberg. Car neutraliser la Justice League lui permet de mettre son plan d’anéantissement de l’espèce humaine à exécution ! Un scénario plutôt simple jusque-là. Effectivement, mais toute la force de l’auteur réside justement dans sa capacité à gérer les personnages dans les différentes situations dans lesquelles ils vont successivement se retrouver.

L’originalité du scénario se dévoile essentiellement sur la façon dont Ra’s al Ghul a eut connaissance des faiblesses des membres de la Ligue et sur tout ce que cela implique. Son plan de « tour de Babel » pour détruire l’humanité est plutôt séduisant par ailleurs ! Mais je n’ai pas envi de vous en dévoiler trop sur l’intrigue !
Mark Waid s’amuse, et ça se sent. L’histoire est bourrée d’action, on ne décroche jamais. Quelques points négatifs, cependant, comme la présence de Plastic Man au sein de la Justice League. Il s’agit là d’un super-héros méconnu qui ne dérange pas le moins du monde mais dont le rôle est assez secondaire.
Le dessin de Howard Porter a quelque peu vieilli, mais ajoute justement une touche toute particulière et s’accorde à merveille avec l’histoire. On a l’impression de lire un comic des années 80, des couleurs fadasses et des dessins qui manquent un peu de mouvement. Le « look » des héros n’est plus au goût du jour, surtout celui d’Aquaman. Cependant, la qualité du papier, un peu cartonné/ mat, qu’Urban Comics a choisi, nous rappelle justement à cette douce période révolue où le papier « glacé » n’était pas utilisé. La qualité du papier n’est pas moins bonne, et au contraire, apporte vraiment un plus au volume.
L’historique de la JLA en fin d’ouvrage est pour le moins la chose la plus dérangeante du livre. En effet, peu complet, peu précis, ce bonus n’apporte vraiment rien. Il s’agit là de demi-mesure et c’est bien dommage. Ce livre est un peu celui qui doit présenter la Justice League au lecteur et lui donner envie de lire le relaunch DC. Dans ce cas-là, j’estime que l’historique se doit d’être complet et surtout lisible. Il ne se présente ici, que sous forme de petits encadrés rouges éparpillés sur des planches d’une qualité très médiocre. On attend des dates, des noms, des références aux séries, des faits marquants.
Cependant, le numéro 80 de la JLA : La balle verte, de John Ostrander et Ken Lashley présente lui une jolie surprise. Doublé d’un dessin moderne et efficace, John Ostrander maîtrise le genre. Pour les néophytes des séries Star Wars, Ostrander est le père de nombreuses séries à succès chez Dark Horse, comme Clone Wars, Legacy ou Quinlan Vos. Le choix d’Urban Comics de nous présenter cette histoire n’est pas anodin. Alors que La Tour de Babel se termine un peu en mélo-drame, La balle verte vient compléter l’ouvrage d’une note un peu plus positive et fait écho aux questions soulevées par Mark Waid.
Pour terminer sur les bonus (une édition riche !), je ne peux qu’applaudir l’initiative d’intégrer le film animé La Ligue des Justiciers : Echec au volume. Tout d’abord, ce film s’inspire largement de l’œuvre de Mark Waid. Et c’est une véritable réussite ! DC a pris certes quelques libertés sur le scénario, mais reste néanmoins fidèle à l’idée de base. Il ne s’agit plus de Ra’s al Ghul, Plastic Man a été remplacé par Cyborg, et le plan du grand méchant n’est plus du tout le même. Oui, ça fait beaucoup. Et pourtant, quelle réussite ! L’animation est dynamique, l’histoire est modernisée, rajeunie. Tout est réuni pour soit vous donner envie de lire le livre, soit vous faire passer un bon moment devant un bon divertissement !
En conclusion, la réédition en France de l’ouvrage Justice League : La Tour de Babel est un pari réussi pour Urban Comics. Un scénario original et troublant qui remet en cause notre façon d’appréhender la Ligue de Justice. Un dessin certes modeste et quelque peu vieillissant mais qui ne manque pas de réalisme et de qualité. Bref, un numéro culte qui pour cela a droit à un papier mat et un format cartonné, réaction olfactive et tactile au rendez-vous pour les amateurs des bonnes vieilles sensations du lecteur ! Il s’agit là de l’histoire à lire pour tous les néophytes qui souhaitent découvrir l’univers de la Justice League. Et comme si Mark Waid ne suffisait pas à lui seul à nous combler, Urban Comics nous offre, pour le même prix, un petit aperçu du travail de John Ostrander ainsi que le DVD et blu Ray de La Ligue des Justiciers : échec. Il serait vraiment dommage de passer à côté de ça !

Et vous, que pensez-vous du film et des bonus ? Considérez-vous La Tour de Babel » comme un récit culte ?