Ikigami, préavis de mort – tome 4
Encore deux nouvelles histoires
Ikigami, préavis de mort de Motorô Mase est un excellent titre, que je ne peux que recommander. Ce thriller d’anticipation social est superbe graphiquement et scénaristiquement.
Ce volume 4, paru en septembre 2009, propose ce même schéma narratif, qui a déjà fait ses preuves. A savoir que ce tome va nous raconter les dernières heures de deux personnes recevant l’ikigami. Mais ces histoires sont toujours teintées de réflexion de Fujimoto sur son métier et sur la loi de prospérité nationale.
Dans le tome 3, le fonctionnaire montrait certaines velléités de rébellion et de ressentiment vis-à-vis de la loi. Cet opus va développer encore cet aspect.
Résumé d’Ikigami 4 chez Kazé Manga/ Asuka
Monsieur Tamura est professeur d’anglais dans un lycée. La classe dont il a la charge est assez perturbée notamment à cause du jeune Mitsuru Yoneda. Mais il reste positif et se montre gentil et un peu laxiste avec ses élèves.
Alors qu’il rend des copies, le professeur va demander à Mitsuru ses coordonnées pour joindre sa mère.
Le jeune homme va alors mettre au point un stratagème pour humilier et faire renvoyer le professeur.
Dans la seconde histoire, Ryuta un jeune homme marié et père de famille, nourrit une passion pour le tuning et la course automobile (genre comme dans Initial D), au point de délaisser un peu sa famille et d’être criblé de dettes. Sa femme Naoko, s’occupe de leur petite fille sujette à des crises d’asthme sévères et reproche à Ryuta sa passion excessive pour sa voiture et le fait qu’il n’est pas capable de s’occuper de sa petite fille.
Mais quand Naoko recevra l’ikigami elle prendra la décision de faire quitter le pays à sa fille pour qu’elle ne soit pas vaccinée, même si pour ça elle devra ne rien dire à Ryuta.
Un vent de rébellion souffle sur la série
Motorô Mase utilise, depuis le départ, un schéma de narration identique en proposant deux histoires de personnes recevant l’Ikigami, avec des passages sur le questionnement du fonctionnaire chargé de les remettre.
Pourtant sous cette apparente simplicité, se cache un titre profond, envoutant, touchant et intelligent.
Ce tome 4, comme pour les autres volumes, est tout bonnement très bon, frisant presque l’excellence. Je dis presque, parce que j’ai été un peu déçu par la première histoire. En revanche, ce titre va encore plus loin dans la réflexion et dans l’historique et le fondement de cette loi qui est à l’origine de l’ikigami.
La première histoire concerne un professeur d’anglais qui travaille dans une classe assez difficile, mais qui a tendance à excuser les méfaits de ses élèves en disant que ce n’est pas de leur faute. Il va subir la vengeance d’un élève qui va élaborer un coup-monté pour le renvoyer. Ce qui, d’ailleurs, réussi.
Ensuite quand ce professeur recevra l’ikigami il pètera un câble et se vengera.
Mais justement, c’est cela que je reproche. Je trouve que sa réaction n’est pas crédible. Ce personnage ne semble pas être un type capable de faire cela. De fait, je n’ai pas trouvé cela plausible, et j’ai eu du mal à rentrer dedans. Pourtant, le talent du mangaka fait qu’il arrive à sauver les meubles en décrivant, en même pas un demi-tome, deux personnages forts, et qui ont vrai background. Le lecteur ressent de l’empathie pour eux.
Surtout que, comme à son habitude, il finit cette histoire de fort belle manière et tout en émotion.
Le choix d’un professeur est intéressant. Par le biais de cette histoire, le mangaka nous glisse une explication de la délinquance causée par un distance affective avec sa famille. On peut regretter qu’il ne se serve pas de cette histoire pour nous décrire la façon dont les lycéens perçoivent la loi et l’éventualité de recevoir l’Ikigami.
Parce que, depuis le début de l’œuvre, nous avons beaucoup d’informations et d’avis, mais jamais celui des premiers concernés : les jeunes vaccinés. Or là, c’était l’occasion parfaite de développer ce point. Dommage.
La seconde histoire est encore une histoire de personnes : Ryuto, Naoko et leur fille. Cette histoire se révèle touchante puisqu’elle tourne autour de leur petite fille. Elle n’atteint pas l’émotion atteinte dans d’autres histoires, mais elle est prenante quand même.
Le mangaka joue sur les thèmes de la paternité non assumé, de la responsabilité parentale et de la famille. Ces thèmes universels sont bien mis en scène pour nous proposer une histoire surprenante et captivante.
Mais c’est aussi et surtout l’occasion pour l’auteur d’aller plus loin dans cette espèce de rébellion latente qui couve depuis quelques tomes. Comme avec la premier histoire du tome 3, nous avons le droit à des réactions de rejet de cette loi.
Clairement, dans ce tome le développement d’un embryon de rébellion est au cœur du récit et des passages avec Fujimoto, le fonctionnaire. On en apprend un peu plus sur la loi, son histoire et l’impact sur la société.
On sent que Motorô Mase place ses pions, et introduit, lentement mais sûrement, les prémices d’un rejet de cette loi. On sent qu’il tend vers ça, vers un Fujimoto qui refuse la loi et vers une population qui prend conscience des conséquences réelles.
Au cours de ce volet, le personnage de Fujimoto se développe un peu plus. On commence à suivre sa relation avec la psychologue qui vire petit à petit à une relation amoureuse.
Pour conclure, ce tome propose deux nouvelles histoires toujours aussi bien, captivantes et au suspens toujours aussi présent. Cependant, j’ai trouvé la première un peu surréaliste.
Le graphisme sert toujours autant le récit avec son soucis du détail, son réalisme et sa mise en scène.
On sent aussi que l’auteur nous prépare pour une modification de son schéma narratif, afin de mettre en avant une rébellion du fonctionnaire. Mais est-ce que c’est vers ça que se dirige Ikigami, préavis de mort? et Si oui, quand?
Bref, pour moi c’est toujours aussi bon, et je confirme mon coup de cœur. Vivement la suite.
Et vous qu’avez-vous pensez de ces histoires. Emettez-vous les mêmes réserves que moi sur la première histoire? Pensez-vous que la rébellion est proche?