. Ikigami, préavis de mort – tome 7 | Fant'asie
Kameyoko 20/05/2011 3

Ikigami - tome 7 de Motorô Mase

Ikigami, préavis de mort – tome 7 de Motorô Mase

Une inspectrice évaluant le travail de Fujimoto

Le tome 6 d’Ikigami était assez intense avec une vraie réflexion de Fujimoto sur sa position vis-à-vis de la loi de prospérité nationale. Sa relation avec Mlle Kubo l’a fait s’interroger sur le bien fondé de cette loi. On sentait que ce fonctionnaire était plus que jamais proche de se rebeller. Mais qu’en est-il de ce 7ème opus. Fujimoto va-t-il encore plus de rebeller?

Ikigami, préavis de mort de Motorô Mase est édité par Kazé Manga et disponible à la vente depuis le 1er juillet 2010.

Résumé d’Ikigami 7 chez Kazé Manga

Résumé de l’éditeur :

Quand les services sociaux envoient une inspectrice évaluer le travail de Fujimoto, le jeune fonctionnaire sent soudain sur ses épaules le poids de la suspicion étatique. Difficile alors pour lui d’être d’un quelconque secours aux deux jeunes hommes qui reçoivent cette fois l’Ikigami. Pour accepter leur destin amputé, ils vont devoir trouver la paix dans leur passion, face au regard des autres et malgré le temps qui passe trop vite.

Des jeunes qui vont vivre leur passion une dernière fois

Motorô Mase reprend la recette qui a fait le succès d’Ikigami dans ce tome. Ainsi, on retrouve nos classiques deux histoires de jeunes recevant le préavis de mort, mais aussi des passages sur Fujimoto.

Ce dernier devra, d’ailleurs, être prudent, puisque suite à l’affaire de Mlle Kubo, la mairie est plus étroitement surveillée. Ainsi, Fujimoto sera accompagné par une femme chargée d’évaluer son travail et de voir si c’est un membre qui soutient totalement la loi de prospérité nationale.

Cette idée est intéressante sur le papier. Cela reste dans la continuité de ce qui nous a été présenté auparavant. L’idée de faire surveiller étroitement Fujimoto permet de montrer à quel point cet État se radicalise et tend à être comparé aux régimes fascistes et communistes que nous avons connus.

De plus, cela instaure une certaine tension puisqu’on sent que le moindre signe de « rébellion » pourrait avoir des conséquences fâcheuse. Fujimoto fait un travail sur lui-même pour paraitre le plus naturel possible tout en réfléchissant à comment ne pas laisser croire qu’il est un potentiel « dégénéré ». Par le biais de ses interrogations, on se rend bien compte que l’idée que cette loi soit infondée est ancrée plus profondément qu’il ne le croit, même s’il le refuse.

Malheureusement, j’ai l’impression que le mangaka revient en arrière. Alors que le précédent volume faisait avancer la trame globale, là, j’ai eu l’impression que ça freinait ce cheminement, voir même le faisait reculer.
Motorô Mase est un peu retourné à sa routine, oubliant de faire basculer son héros vers la rébellion. Au 7ème volet, on est en droit d’attendre que ça bouge plus et que le mangaka prenne plus de risques.

Là clairement, il joue la sécurité et se repose sur un schéma qui fonctionne mais qui commence à se gripper.

Et ce d’autant plus que ces deux histoires ne sont pas les meilleures depuis le début. La première histoire met en scène un jeune photographe, qui enfant, passait le plus clair de son temps dans un magasin de photos argentiques. Il s’était pris d’affection pour le gérant qui lui a donné goût à la photo. Mais plus tard, le jeune homme, par sécurité, a plutôt choisi de travailler avec un appareil photo numérique au grand désarroi du vieux monsieur. Mais il va consacrer ses dernières heures à la boutique qu’il aimait tant pour qu’elle sorte de cette période difficile et pour qu’elle puisse vivre de l’argentique.

L’autre histoire est celle d’un jeune break-danseur qui a renoncé à sa passion le temps d’étudier pour pouvoir reprendre la société de son père et ouvrir une salle de danse. Mais depuis il a énormément grossi et ne danse plus.

Ses dernières heures vont lui permettre, une dernière fois, malgré la peur et son poids, de re-danser.

Ces deux histoires sont peut-être moins intenses et moins puissantes émotionnellement que les autres. J’ai préféré la première mais j’ai globalement été un peu déçu par ces histoires. Elles restent certes de qualité, parce que Motorô Mase est un très bon conteur, mais j’attends plus, désormais de ce titre. Et ce d’autant plus, qu’elles n’apportent rien, aucun nouvel éclairage sur la loi, ou impact sur Fujimoto.

Il s’agit bien de deux histoires indépendantes mais qui ne servent pas, d’une quelconque façon la trame globale.
Pourtant, cela fonctionne encore. Ces personnages destinés à trépasser sont attachants et on se plait toujours à vivre avec eux leurs derniers moments.

Ce qui est d’autant plus frustrant que le mangaka est pétri de qualité et qu’Ikigami est juste sublime. Mais au bout de 7 tomes, il est temps de passer à la vitesse supérieure et de mettre plus Fujimoto sur le devant de la scène.

Graphiquement, le style est bien reconnaissable avec cette volonté d’être réaliste, ces décors travaillés, une mise en scène soignée. Bref c’est toujours aussi beau.

Pour conclure, ce 7ème volume, bien qu’intrinsèquement bon, est quand même décevant. Alors qu’on espère en voir plus Fujimoto et ses interrogations sur son rôle et cette loi, voir même un début de rébellion, le mangaka a choisi de perpétuer son schéma avec deux nouvelles histoires et un peu de passages sur le fonctionnaire.

Même si ces histoires arrivent à nous toucher, je les ai trouvé moins prenantes et moins touchantes que d’autres. Il est vrai que j’attends autre chose d’Ikigami, préavis de mort et j’attends toujours du génial.
Le mangaka nous livre un opus classique, efficace, maitrisé mais qui manque de prise de risque et d’innovation. Ce manga est arrivé à une étape où il doit évoluer un peu. Chose que Motorô Mase n’a pas encore fait avec ce tome.

Néanmoins, il serait dommage de bouder son plaisir car Ikigami ça reste du manga de très bon niveau.

Et vous qu’en avez-vous pensé? Avez-vous été un peu déçu?

3 commentaires »

  1. kesasar 20/05/2011 at 22:33 -

    Excellent analyse !
    Il est clair que le côté révolte contre cette loi inique passe trop au second plan de ce tôme.

    La série est comme tu le souligne à un tournant

    soit elle s’installe dans un « train train » histoires émouvantes par volume et peu d’évolution de Fujimoto/Loi/Travail

    soit elle prend un risque que j’aimerais lui voir prendre d’une plus grand politisation/résistance/lutte

  2. Kameyoko 22/05/2011 at 19:56 -

    @Kesasar. merci 😳

    Malheureusement, même si je partage ton analyse sur le tournant, le mangaka semble n’avoir pas pris le virage que j’escomptais.

    J’aimerais aussi le voir prendre plus de risque, même si j’adore quand même son travail « classique ».

    Mais pour devenir incontournable, il doit arrêter de faire de Fujimoto qu’un exécutant. Il doit le placer dans un rôle plus actif et le positionner sur cette loi.

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