Ikigami, préavis de mort – tome 2

Que faire quand on reçoit l’Ikigami

Ikigami est un de ces mangas capables de faire voler en éclat tous les préjugés qu’on peut avoir sur ces œuvres japonaises. Il a un discours très fort, prenant et intelligent, tout en faisant réfléchir le lecteur. Le volume 1 m’avait laissé une excellente impression, c’était un véritable coup de cœur.

Mais le plus dur avec de très bons débuts, c’est d’enchaîner. Ce deuxième opus reprend le même déroulement que le premier volet à savoir deux histoires de personnes recevant l’Ikigami et quelques passages sur la vie fonctionnaire délivrant le préavis de mort, permettant de mieux comprendre ce travail et ses impacts. Ikigami va-t-il continuer à s’imposer comme un des meilleurs titres de 2009?

Résumé de Ikigami, préavis de mort 2 chez Asuka

Kengo Fujimoto, le fonctionnaire délivrant l’Ikigami que nous suivons depuis le tome 1, déjeune avec sa petite amie. Cette dernière lui annonce qu’elle rompt avec lui. La raison invoquée est son travail avec ses horaires irréguliers mais surtout parce que sa fonction a tendance à le déprimer. Kengo se rend compte que son emploi pèse beaucoup sur sa vie. Il y a également une scène ou le fonctionnaire demande à sa petite amie de ne plus parler de l’Ikigami car elle risque d’être dénoncée et prise pour une « dégénérée ».

On suivra ensuite deux histoires. La première sera celle d’un jeune assistant réalisateur qui souhaite ardemment réussir quitte à prendre de la drogue pour tenir le coup. Mais cette situation pèse sur sa petite amie qui se sent seule et qui supporte mal de voir son amoureux se détruire.

La seconde raconte l’histoire d’un jeune assistant maladroit dans une maison de retraite. Mais un jour une dame âgée va le prendre pour son mari disparu. Grâce à cela elle va reprendre goût à la vie, et lui aura l’impression de faire enfin quelque chose d’utile.

C’est assez difficile de faire un résumé sans trop spoiler. Je ne pas envie de révéler comment ils passeront leur dernière journée ni quel sera leur but.

Ikigami est toujours aussi excellent

Je n’ai pas envie de cacher mon avis sur ce tome et plus généralement sur cette série. Pour moi c’est juste excellent et ce volume se place exactement dans la continuité du premier opus. J’ai pour ce titre un véritable coup de cœur. J’ai qu’une hâte : c’est de lire la suite.

Ikigami est typiquement le genre d’œuvre à faire lire à tous les détracteurs des mangas.
Pour ceux qui ne connaissent pas le principe du préavis de mort, voici un copié/ collé issu de mon article sur le tome 1 :

« Dans un pays, qu’on suppose être le Japon, dans une société très similaire à la nôtre, tous les enfants se font vacciner à leur entrée en primaire. C’est la “vaccination pour la prospérité nationale”. Mais il ne s’agit pas simplement d’un vaccin comme les autres. En effet, 1 vaccin sur mille contient des nano-machines spéciales.
Ces dernières causeront la mort de l’individu entre ces 18 et 24 ans. Sauf que personne ne sait qui est destiné à mourir, ni quand ses jours finiront. Ainsi les autorités espèrent inculquer aux jeunes la “valeur de la vie” et augmenter le bonheur de ces générations.« 

Ce deuxième volet reprend un peu le schéma du premier à savoir que l’on va suivre les 24 dernières heures de deux individus mais aussi des tranches de vie du fonctionnaire chargé de remettre l’Ikigami, permettant ainsi de mieux comprendre le système.

Ce tome introduit la vie privée de Fujimoto. On le voit un peu autrement que comme simple fonctionnaire. Ca nous permet de voir à quel point son métier impacte sa vie. Petit à petit ses proches s’éloigne de lui. Il prend conscience que, malgré tout, même en essayant de se blinder, il déprime.

La scène de la rupture dans la cafétéria est très intéressante. Déjà parce qu’elle nous fait nous sentir plus proche de Fujimoto pour qui on éprouve de la peine, mais aussi parce qu’elle permet de mieux comprendre comment la société réagit par rapport à la « Loi pour la Prospérité Nationale« .

On y découvre un peu mieux à quel point cette loi est totalitaire puisque toutes les personnes surprises à critiquer cette loi sont appelées des « dégénérées » et risque d’être tuées. Le pire est que la population est complice puisque le devoir des citoyens est de dénoncer tout opposant. Cela nous permet de voir que c’est un système terrible, totalitaire mais efficace.

Concernant les deux histoires, la toute première est juste magnifique et poignante. Je ne veux pas spoiler mais la fin est sublime et très émouvante. Motorô Mase maîtrise bien son histoire. On a ressent beaucoup d’empathie pour les personnages et le scénario est contrôlé.  Cette première partie du manga permet de voir comment un individu qui se détruit à petit feu, détruit également son entourage le plus proche. La compagne de l’apprenti réalisateur est très touchante.

J’ai beaucoup apprécié cette histoire. Le mangaka nous démontre bien qu’il sait comment susciter des émotions chez le lecteur et nous montre qu’il excelle pour nous narrer des tranches de vie des individus et ce, de façon plus que crédible.

En revanche, j’ai très légèrement moins accroché à la seconde histoire et la relation entre le jeune assistant gériatrique et la vieille dame. J’ai trouvé certains passages un poil mièvres. Mais même ainsi c’est très touchant. Forcément ces histoires se terminent de façon dramatique avec une mort mais celle-ci est assez mélancolique et presque « joyeuse ». Cette histoire a un petit coté « Jiro Taniguchiesque« .

Au global, le mangaka a toujours ce souci d’être plausible et crédible. Ce tome est criant de réalisme. Le lecteur peut très vite se projeter. Les personnages sont crédibles parce qu’ils peuvent être un voisin. Ce sont des gens normaux, presque anonymes comme vous et moi (sauf s’il y a une célébrité qui lit ces lignes). Du coup, je trouve qu’on en est que plus touché.

Le dessin quant à lui est toujours excellent. Le trait renforce très bien cette impression de vraisemblance et est aussi au service du scénario.

J’ai beau chercher, je ne vois pas trop quoi reprocher à Ikigami. C’est juste un titre exceptionnel que je recommande chaudement. Il faut voir comment ça évolue mais j’adore.
Ce manga s’adresse aux adultes mais prouvent qu’un manga peut être intelligent, innovant et poignant.

Je ne connais pas les chiffres de vente mais j’espère qu’il rencontre un succès commercial, ça serait amplement mérité.

Et vous pensez-vous que c’est un titre vraiment à part? Etes-vous touché par ces personnages et histoires? Avez-vous préféré la première ou seconde partie?