Ichi the Killer – tome 1 de Hideo Yamamoto
Une plongée trash dans l’univers des yakusas
Ichi the Killer, bien que sortant maintenant chez nous, est un titre qui date de 1998. C’est avec ce titre que Hideo Yamamoto (mangaka d’Homonculus) s’est fait connaitre au Japon. Ce manga a même été adapté en film en 2001 : Ichi the Killer réalisé par Takashi Miike.
Ce titre a fait, et fait toujours parler de lui pour son coté trash, violent et d’une grande cruauté. Donc clairement, ce n’est pas à mettre entre toutes les mains. A réserver à des plus de 16 ans minimum.
Ichi the Killer – tome 1 de Hideo Yamamoto est édité par Tonkam et est disponible à la vente depuis le 23 mars 2011.
Résumé d’Ichi the Killer 1
A Tokyo, au sein du quartier le plus mal famé, on trouve un immeuble résidentiel occupé quasiment exclusivement par des Yakusas. C’est là que le chef du clan Anjo habite et prend du bon temps avec une jeune adolescente. C’est pendant ses ébats que ce yakusa est le plus vulnérable.
C’est ainsi qu’Ichi, un assassin, va massacrer le chef de clan et sa maitresse sans se faire repérer.
Une autre équipe, composé de 4 petites frappes, monte pour s’occuper du « nettoyage » de la pièce. Il nettoie toute la pièce pour faire disparaitre les traces, et dérobe le contenu du chiffre. Ils ne laisse qu’un « 1 » (ichi en japonais) en sang.
Cette mise en scène est sensée faire croire que ce chef s’est fait la malle avec l’argent et la fille. Son bras droit Masa, le percé, va se charger d’éclaircir cette affaire. Il penche d’ailleurs plus pour une attaque d’un autre clan. Il va employer tous les moyens pour en savoir plus.
Âmes sensibles s’abstenir !
La couverture de ce Ichi the Killer met dans le bain. On y voit un personnage visiblement ravi et s’exclamant « putain que c’est bon! », avec des piercings de partout, avec de grosses balafres et un sourire mutilé à la Joker.
Et le contenu va bien avec le dessin, ce titre s’annonce dérangeant, trash avec un coté pervers sadique.
Ce manga, à réserver à un public averti, se présente d’abord comme un thriller. L’histoire débute par l’assassinat d’un chef de clan, commandité par un petit groupe de malfrats et effectué par un tueur atypique. Après avoir nettoyé la scène de crime, tout laisse penser, aux yeux du monde, que ce chef s’est taillé avec l’argent du clan. Son bras droit va prendre les choses en main pour le retrouver ou au moins faire la lumière sur ce qu’il s’est passé. Même si pour cela il doit mettre à feu et à sang son quartier et déclencher une guerre des gangs.
Mais rapidement, le lecteur va plonger dans les tréfonds du glauque, de la perversion et du sadisme. Par sadisme et perversion je parle bien des travers des hommes, mais pas forcément que de sexe (même s’il y a un peu de nécrophilie).
Non ici c’est exécution, drogue, violence, mutilations corporelles et autres pratiques sado-masochistes. Rien n’est épargné aux lecteurs. Le pire c’est qu’on se dit que c’est qu’un aperçu de ce que ça pourrait donner plus tard.
De fait, la lecture est choquante et dérangeante. Pourtant, si on passe ce cap, on se retrouve avec une œuvre malsaine mais très intéressante et prenante. L’histoire promet entre chasse à l’homme, guerre des gangs et yakusas. On risque d’explorer ce qui se fait de pire dans les bas-fond de ce Tokyo.
L’intrigue tourne beaucoup autour de deux personnages mystérieux, atypiques et gravement atteints que sont Ichi et Masa. Il nous reste plein de chose à apprendre sur eux et sur comment ils en sont arrivés là.
Mais surtout ce qui rend cette œuvre si prenante c’est l’opposition de ce deux personnages. En l’espace d’un volume, ils ont déjà acquis un charisme de fou (surtout Masa qui est juste génial). Ils sont dérangés et de fait, originaux.
Ichi, le tueur, pleure en tuant ces victimes, tout en ayant une érection menant souvent à une éjaculation sur les lieux du crime. Son visage candide mais froid en même temps, rend bien, surtout lorsqu’il essaie d’adopter un visage avenant. Ce personnage possède une psychologie complexe, tordue mais assez fascinante. On sait que c’est un personnage qui a été maltraité et qui a subi brimades et autres humiliation. Mais il serait intéressant de découvrir comment il en est venu à être ce qu’il est maintenant.
Pour lui faire face (du moins, on l’imagine ainsi), nous avons le terrifiant, mais ô combien charismatique, Masa, le yakusa balafré et percé. Même si ce manga porte le titre de Ichi the Killer, Masa semble plus en être le personnage principal. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est très marquant et il se repère facilement. Son charadesign est juste excellent. Il a une tête particulièrement réussie et marquante.
Il se démarque pour son coté déjanté, son sadisme et sa perversité. Masa est un sado-maso qui aime s’infliger des souffrances mais aime en faire aux autres. On s’en aperçoit rapidement lorsque, pour punir deux de ses ouailles, il se munie d’une aiguille et s’en sert pour leur percer le sexe et leur mettre un pierçing. Ça annonce la couleur ! Je vous laisse imaginer ce qu’il peut faire à ses ennemis.
C’est vraiment un personnage dérangé et inquiétant mais en même temps envoûtant. Il ne semble n’avoir aucune valeur morale à part celle en vigueur dans son clan. On sent que ce personnage est capable de tout faire, de tomber dans tout ce qui se fait de plus sordide.
Pour moi, Masa est l’attrait de ce manga. Le lecteur ressent une certaine curiosité morbide et malsaine à suivre ce personnage. C’est ce que je ressenti. Malgré le coté extrême du personnage j’ai été captivé et je ne veux que lire la suite. Pourtant, je sais que ça va être trash, violent et sadique, mais j’ai été comme happé par la lecture.
Surtout que graphiquement, le style réaliste de Hideo Yamamoto est de toute beauté. Les personnages sont travaillés et expressifs et il y a un vrai travail sur les expressions faciales. Le mangaka nous plonge sans problème dans son Tokyo.
Les scènes d’actions et de mutilations sont très claires et limpides. La mise en scène est léchée et cinématographique. Je comprend mieux qu’un film en ai été adapté.
Hideo Yamamoto a adopté un style graphique qui permet au lecteur de plonger dans son monde et de rendre plus réel ce que l’on voit. Ça fonctionne parfaitement.
Pour conclure Ichi the Killer est un titre coup de poing, qui n’est pas à mettre entre toutes les mains. Au-delà de la violence du titre c’est surtout le coté sadique et détraqué de Masa qui dérange. Ce seinen divisera le lectorat parce que c’est quand même particulier. Pour ceux qui iront plus loin, il découvriront un manga qui vaut le détour. Les deux principaux personnages sont singuliers et loin d’être lisses. Leurs perversions et leur coté déjanté font qu’on lit ce titre avec un certain entrain, peut-être déplacé, mais entrain quand même. J’ai dévoré ce tome, même si j’aimerais que l’intrigue globale se développe et parvienne à rendre presque secondaire toutes ces mutilations.
Néanmoins, je suis quand même impatient de lire la suite.
Et ce d’autant plus que graphiquement, le trait de Hideo Yamamoto retranscris bien les personnages, l’action et Tokyo.
Il faut saluer le risque pris par Tonkam de sortir ce titre. C’est un pari, mais pari réussi !
Et vous que pensez-vous de ce titre? Trash ou pas?
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