
- Scénario
- Graphisme
Hotel, un one-shot de Boichi
5 histoires de science-fiction
Hotel, le dernier titre de Boichi, connu pour son amour pour les belles femmes, leurs courbes, version ecchi. On connait cet artiste coréen, sévissant au Japon, pour des titres comme Sun-Ken Rock et Space Chef Caisar, il nous revient avec un one-shot de science-fiction : Hotel. C’est un one-shot particulier puisqu’il ne s’agit pas d’une unique histoire, mais de 5 nouvelles.
Il est à noter que ce seinen, contrairement à ce que l’on pouvait penser, ne contient pas d’ecchi (ou alors très très peu. Ce qui est rare pour Boichi)
Hotel de Boichi est édité par Glénat et est disponible à la vente depuis le 26 octobre 2011.
Résumé de Hotel chez Glénat
Résumé de l’éditeur :
L’humanité a-t-elle un avenir ?
Louis n’est pas un homme. Louis est une intelligence artificielle chargée de conserver les échantillon ADN de toute créature ayant existé sur Terre. Toute sauf une : l’humain. En effet ce dernier a été jugé néfaste à la planète et son espèce éradiquée. Les années passent, les siècles s’accumulent, les éons succèdent aux millénaires et Louis se questionne : est-il vraiment juste que l’humanité disparaisse?
L’avenir de cette dernière repose dans l’âme d’une I.A…Autres histoires du recueil : Présent, Diadem et Stephanos…
Des histoires de qualité inégale
Quand on sait que ce Hotel est composé de plusieurs nouvelles, on se doute que la qualité sera probablement inégale. Et c’est bien le cas. Et ce d’autant plus, que ces histoires n’ont pas de lien particulier entre elles, à part la thématique science-fiction/ fantastique.
Boichi s’essaie à un style qu’on ne lui connait pas forcément. Même si on a pu s’apercevoir de son goût pour la SF au travers de Space Chef Caisar, ce recueil traite de sujets plus dramatiques et plus sérieux dans l’ensemble.
C’est notamment le cas de la toute première histoire éponyme : Hotel. Ici le propos est dénonciateur et alarmiste puisque l’humanité ne peut plus vivre sur Terre, du fait du rechauffement climatique et la pollution engendrée par les hommes.
L’humanité se sachant condamnée, voit son salut dans deux projets. Le premier est de construire un gigantesque vaisseau pour voyager dans l’espace et trouver une planète »d’accueil ». Le second est la construction d’un « hôtel » tout en hauteur destiné à contenir tous les ADN des espèces terriennes sauf celui de l’homme.
Pour réparer et surveiller cet endroit, un robot est construit et en a la charge. Il a été appelé Louis en hommage à Louis Armstrong.
Ce petit robot, extrêmement perfectionné, n’aura de cesse que garantir la sécurité des différents ADN et de réparer l’hôtel au cours des siècles et millénaires à venir.
Cette histoire présente quelques longueurs puisqu’on suit un robot tentant de sauver ce pour quoi il est programmé du temps et des intempéries. Donc il y a plus fun. Pourtant, on est touché par cette création qui s’auto-améliore et qui me tant de volonté à réussir sa mission. Nous vivrons son histoires au gré de monologues montrant sa lente agonie au fur et à mesure des siècles, et la montée de son humanisation. Mais malheureusement c’est quand même pas palpitant, avec peu de rebondissements et à un rythme linéaire malgré quelques bons petits passages. Néanmoins on appréciera les graphisme des paysages.
A noter aussi la superbe utilisation, et la construction narrative derrière la chanson de Louis Armstrong : « What a wonderful world« .
La seconde se nomme Present. Elle narre l’histoire d’amour impossible d’une élève, Hanako et de son professeur. Sauf qu’ils réussissent à se marier quelques années plus tard. Mais on retrouve Hanako, sur un lit d’hopital, qui se réveille d’un coma de 2 mois. Tout n’est pas si joyeux puisqu’il ne lui reste que 3 jours à vivre. Tout le monde le sait sauf elle. Mais cette réalité est difficile à accepter pour son mari.
Cette histoire est peut-être celle qui m’a le plus touchée. C’est une histoire touchante, triste et prenante. Mais Boichi ajoute à ça, une vraie originalité dans le scénario via un retournement de situation qui donne tout son sens à cette nouvelle. Même si on reste dans la SF, c’est un drame plus personnel, plus intimiste que la première nouvelle. Boichi fait preuve d’une belle maitrise narrative avec ce cliff mais aussi avec la façon dont il joue avec la notion de cadeau et avec le temps. Et tout ça en peu de page. C’est une belle réussite.
La troisième histoire, qui se nomme « Rien que pour les thons » est elle aussi sympathique, mais beaucoup moins sérieuse que les autres. En effet, l’histoire est celle d’un père qui emmène son fils manger des sushis au thon préparés par un cuisinier passionné. L’enfant est aux anges. Ce qu’il ne sait pas c’est qu’il a mangé le dernier morceau de thon rouge au monde. Cette espèce est rayé de la carte dorénavant. Des années après, il va tout faire pour faire revivre cette espèce.
Au synopsis, on voit que l’histoire est plus légère que les deux autres, malgré une critique à peine masquée du comportement de l’homme sur son éco-système.
La vie de cet homme sera rythmée par cette volonté de faire revivre les thons. Et pour ça, il va passer par de nombreuses péripéties assez loufoques, tout en restant assez sérieux dans l’approche. En résulte, un résultat étrange où le sérieux cotoie l’humour et l’improbable. Un récit particulier qui se montre tout de même assez intéressant si on rentre dans le trip.
La quatrième histoire : Stephanos, diffère pas mal des autres. Elle raconte l’histoire d’une jeune fille qui vient de tomber enceinte d’un médecin marié. Lui souhaite qu’elle avorte, elle, elle veut garder son enfant. Mais la grossesse est loin de se passer normalement.
Un récit un peu convenu et décevant. Boichi arrive en mettre en place une certaine atmsophère un peu inquiétante du fait de cette grossesse peu normale, mais qui se conclue par un retournement de situation prévisible et très mal amené. L’histoire souffre du peu de nombre de page et donc d’une conclusion qui arrive trop rapidement et d’un coup. L’effet escompté capote alors, du fait d’une mauvaise narration. Pourtant les éléments mis en place aurait pu être sympas si la conclusion n’était pas si abrupte et si elle n’était pas ce qu’elle est.
La dernière histoire, si on peut appeler ainsi cette petite quinzaine de pages, se nomme Diadem. Je n’ai même pas envie de résumer l’histoire au risque de tout spoiler. A part voir des pages colorisées et les graphismes de Boichi qui peut se faire plaisir avec un corps de femme, cette histoire ne sert pas à grand chose. Non pas que ce soit mauvais, mais en 15 pages, on ne fait pas grand chose. Le scénario est quasiment inexistant et tout est effleuré. Anecdotique !
Graphiquement, le trait est vraiment intéressant. Boichi prouve qu’il n’est pas que doué dans l’ecchi mais aussi sur des histoires plus sérieuses. Ses dessins sont réalistes, détaillés et les personnages expressifs. Les arrières-plans bénéficient d’un bon traitement. On a une belle palette des capacités de ce mangaka qui est à l’aise aussi bien dans le sérieux, que l’humour, ou que dans le fanservice.
Pour conclure, Hotel est terriblement inégal. Il y a de bonnes histoires, des belles constructions narratives, un vrai soin apporté au graphisme, mais certaines histoires sont dispensables. Boichi développe certains thèmes avec un ton adulte et il le réussit plutôt bien. Mais face à la diversité des histoires, le manque de lien entre elles (même si le coté SF sert de point commun) et la qualité inégale des histoires, le lecteur ressortira de la lecture avec un sentiment mitigé. On a du mal à se projeter dedans et à « s’engager ». J’ai presque eu l’impression d’être le spectateur de ma lecture. Je ne suis pas rentré dedans au point de ne pas voir le temps passer.
Et vous qu’en avez-vos pensé? Quelle est votre histoire préférée ?
« Quelle est votre histoire préférée ? »
Present et de très loin.
Sinon, j’ai bien aimé ce recueil (j’adore le style de Boichi).
@Yomikun : On est d’accord pour Présent. Par contre, dans mon cas, je ne dirai pas voir bien aimé. Trop irrégulier à mon goût et certaines histoires sont juste là pour la déco.