. Hideout de Masasumi Kakizaki | Fant'asie
Kameyoko 18/11/2011 9
Hideout de Masasumi Kakizaki
  • Scénario
  • Graphisme

Hideout de Masasumi KakizakiHideout de Masasumi Kakizaki

Un one-shot d’épouvante

Hideout est un manga de Masasumi Kakizaki, connu pour son travail sur Rainbow. Il s’agit d’un one-shot horrifique et d’épouvante. On s’en serait douté vu la superbe couverture.

Personnellement, ce manga m’a attiré, déjà parce qu’il s’agit d’un one-shot, mais aussi parce que c’est Kakizaki qui le réalise, mais également parce que la couverture et le synopsis donnent vraiment envie de plonger dans l’horreur, presque réaliste, imaginée par le mangaka.

Hideout de Masasumi Kakizaki est édité par Ki-oon et est disponible à la vente depuis le 27 octobre 2011.

Résumé de Hideout chez Ki-oon

La relation entre Seiichi Kirishima et sa femme Miki n’est plus au beau fixe depuis quelques mois. Pour tenter de recoller les morceaux, Seiichi, qui est un écrivain, décide d’emmener sa femme en voyage sur une île paradisiaque.

Mais malgré cela, l’ambiance reste froide. Une après-midi, le couple décide d’aller voir une cascade au milieu de la forêt. Malheureusement, ils se perdent et Miki commence à le reprocher à son mari. Ce dernier commence à voir rouge quand est abordé le sujet de la mort de leur fils.

Pretextant une panne d’essence, Seiichi s’arme d’un clé à molette et s’enfonce, avec sa femme, dans la forêt pour trouver un abri.

Après quelques minutes de marche, Seichii empoigne son arme de fortune et assène un coup à sa femme pour la tuer. Cette dernière est vivante et parvient quand même à s’enfuir. Seichii part à sa poursuite et va s’enfoncer dans une grotte.

Sauf qu’il n’a pas idée de l’horreur qu’il va y trouver.

Une descente aux enfers

Hideout est donc un one-shot. En un volume le mangaka parvient à nous narrer une histoire, plus d’épouvante que d’horreur, avec une vraie fin et une certaine profondeur du sujet. Ce qui, en un tome, n’est pas forcément chose aisée.

Très rapidement, le lecteur est mis dans le bain avec des pages couleurs qui captivent rapidement. Dès l’apparition d’un homme attaché, mal en point, dans un petit réduit qui est observé par des yeux presque diaboliques, on est happé dans cette atmosphère. Le lecteur est ainsi pris dans une spirale d’épouvante du début à la fin, au travers de la descente aux enfers de Seiichi. La tension est forte dès les premières pages.

On sent que le personnage principal est loin d’être exempt de tout reproche. Et très vite, on en a la confirmation quand il essaie de tuer sa femme.

Hideout est intéressant à plus d’un titre. La narration est intelligente, on y reviendra plus tard, le graphisme est angoissant, mais surtout l’horreur se situe à plusieurs niveaux.

On retrouve un peu les caractéristiques du slasher avec ces deux créatures habitant dans la grotte. On retrouve bien des détraqués s’en prenant à d’autres personnes. Cet aspect là est bien présent puisque l’homme édenté, aux yeux exorbités, à la barbe hirsute, traque et se comporte comme un véritable psychopathe. Et ce d’autant plus quand Seiichi va tomber dans son antre et voir ce qu’il fait et rencontrer d’autres victimes, qu’il entend souffrir la nuit.

De fait, à la lecture de ses passages, le lecteur est effrayé et inquiet. Il a presque l’impression d’être enfermé, de sentir l’humidité et les relents de sang. Il y a quelques scènes chocs, mais on ne va jamais dans le gore. Le titre repose plus sur son ambiance que la volonté de proposer du sang et des tueries. Ce manga est noir, suffoquant (car dans un lieu clos) et parfois flippant.

La tension ne fait que croitre pour au final atteindre une conclusion intelligente et qui, sans réserver de réelle surprise, puisqu’on la voit venir, est assez logique et suit le cheminement du récit et la lente décadence de Seiichi.

C’est d’ailleurs pour moi le principal niveau de terreur de ce one-shot. On assiste à une descente aux enfers inéluctable. Dès les premières pages on s’aperçoit que Seiichi, sans tomber pleinement dans la folie, a passé le cap de la raison. Il glisse inexorablement vers les ténèbres. Et cette descente est bien visible, et on le voit petit à petit basculer. On ressent bien également tout le cheminement l’ayant conduit à cet état.

Ceci est notamment le fait d’une construction narrative bien pensée et efficace. Tout commence avec Seiichi en mauvaise posture pour ensuite revenir quelques heures auparavant. Par le biais d’une sorte de journal et au travers d’un récit autobiographique du personnage, on plonge dans ses pensées, ses réflexions et ses plaies béantes. Car oui, Seiichi est un personnage blessé, à fleur de peau, à tendance psychopathe. On est donc loin de la pauvre victime d’un slasher.
Un des tours de force de ce manga c’est de mélanger la notion de victime et de tortionnaire. En effet Seiichi est coupable de vouloir assassiner sa femme, mais en même temps victime de ces étranges personnages de la grotte. Une ambiguïté intéressante qui fait qu’on sort un peu du simple récit horrifique pour quelque chose d’un peu plus creusée. Et ce d’autant plus que le mangaka nous livre petit à petit une version et surtout une explication de la situation qui rejoint un peu ce point, pour conclure par une fin étonnante; même si c’est la conclusion logique.

Masasumi Kakizaki, entrecoupe son récit de flashbacks sur la vie de Miki et Seiichi expliquant un peu mieux la déchéance du couple. Ce mélange passé, présent rend très bien et apporte vraiment de la consistance à ce récit. Même si, paradoxalement, on peut reprocher un manque de développement des personnages. Car Miki notamment nous apparaît comme une simple garce vénale, un peu trop brute, sans réelle finesse dans sa description caractérielle. C’est un peu moins le cas de Seiichi, mais il y a un peu de ça quand même.

Ces flashbacks sont vraiment bien réalisés et l’évènement qui fait basculer la vie de cette famille est touchant. On voit bien qu’il s’agit du point de rupture.

Ce sens de la narration est bien aidé par une qualité graphique évidente. Le trait est très réaliste. Et les personnages comme les décors sont travaillés. Le mangaka rend très bien l’atmosphère angoissante et étouffante en usant beaucoup des ombres, des griffonnages et d’aplats.
Son cadrage et son découpage participent aussi à cette atmosphère. Il sait manager la tension et les effets de surprise. Même si c’est assez classique, la dualité entre scènes présentes très sombres et lugubres et les scènes de flashback pleines de luminosité fonctionne parfaitement bien.

 

Pour conclure ce Hideout est un très bon one-shot d’épouvante. Même si l’histoire peut paraitre un peu classique avec quelques retournements de situations prévisibles, je trouve le tout intelligemment construit. La narration est exemplaire avec le procédé presque autobiographique, la gestion des flashbacks et la lente descente aux enfers de cet écrivain. Tous les évènements, compte-tenu des bases présentées, sont logiques (et donc un peu prévisibles parfois).

Le tout est servi par un graphisme au service du scénario qui retranscris bien l’ambiance poisseuse et claustrophobique. Un très bon moment de lecture que je recommande.

 

Et vous qu’en avez-vous pensé ? Est-ce trop prévisible selon vous ?

9 commentaires »

  1. Morlorc 18/11/2011 at 18:20 -

    J’ajoute ça à ma liste, merci pour l’avis 🙂

  2. Kameyoko 21/11/2011 at 11:34 -

    @Morloc : De rien 🙂 N’hésites pas à nous dire ce que tu en auras pensé.

  3. Mat 28/11/2011 at 22:34 -

    One-shot lu et même avis positif que vous. Si l’histoire n’est pas des plus originales, la manière de mêler déroulement de l’action/retour en arrière est bien pensé car cela ne « coupe » pas l’élan des personnages. Pour un one-shot c’est vraiment bien et on reste sur sa faim concernant le « gentil » monsieur qui habite la grotte : a-t-il suivi la même trajectoire que Seiichi pour en arriver là ?

    L’histoire de ce dernier est dur, j’ai même eu tendance à me demander si l’auteur n’en faisait pas un peu trop mais, n’ayant pas d’expérience en la matière (et je ne souhaite à personne d’en avoir !), il est possible que ce type de configuration existe. On éprouve de la sympathie pour ce couple malheureux mais Seiichi « tombe » effectivement et difficile pour lui de se relever. C’est dommage car avec ce qui lui arrive il aurait de quoi écrire une sacrée bonne histoire ! :mrgreen:

  4. Kameyoko 04/12/2011 at 10:49 -

    @Mat : Effectivement, il manque un semblant d’histoire sur le monsieur. Mais en même temps, il sert juste de prétexte et sert à exacerber le comportement du héros, qui descend aux enfers.

    Je n’ai pas trouvé cette descente aux enfers exagérée. L’élément déclencheur est tellement fort,qu’il peut en résulter ce comportement.

  5. Jean-François 16/07/2012 at 13:32 -

    😎 On se fiche un peu de savoir si c’est exagéré ou pas ! Cela est ! et cela suffit amplement à nous monter le trouillomètre au maximum, d’autant que la fin apocalyptique n’apaise en rien les tensions mais ouvre vers des peurs renouvelée … Excellent manga, très bon moment de lecture, à conseiller vivement aux amateurs du genre. :mrgreen:

  6. Kameyoko 18/07/2012 at 16:05 -

    @Jean-François : la vraisemblance c’est important quand même dans un manga :mrgreen:

  7. Jean-François 19/07/2012 at 23:54 -

    Oui, dans un manga réaliste, mais là nous sommes plongés dans un imaginaire de terreur, ce qui importe c’est d’avoir peur, et c’est assez réussit. Si quelques invraisemblances existent elles ne doivent pas ternir l’histoire et c’est le cas ici (qui pourraient vivre dans une grotte ainsi ?). Il faut accepter certains concept et entrer dans le jeu de l’auteur, passer cela, la trouille monte crescendo !

  8. Kameyoko 20/07/2012 at 17:04 -

    Jean-François : Hideout a une visée réaliste, tout en ne l’étant pas. Mais ici globalement, si tu acceptes le postulat de base, ça passe bien.

    mais effectivement le manga monte crescendo. Mais je parlerais plus de tension que réellement de peur. la différence est minime, mais ça ne fait pas « peur ». c’est flippant. Je ne sais pas si cette différenciation est claire.

  9. Jean-François 22/07/2012 at 00:28 -

    tu as raison, c’est juste filppant ! 😈

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