. Happy ! de Grant Morrison et Darick Robertson | Fant'asie
Kameyoko 07/01/2014 0
Happy ! de Grant Morrison et Darick Robertson
  • Scénario
  • Graphisme

Happy ! de Grant Morrison et Darick Robertson

Un tueur à gage en plein délire

Happy ! a été initialement publié chez Image Comics. Au moment de l’annonce de la sortie de ce comic, il y a eu pas mal d’engouement, notamment du fait de l’association entre Grant Morrison et Darick Robertson (Transmetropolitain, The Boys…), mais aussi parce que le sujet était prometteur.

Qu’en est-il au final ? Répond-il aux attentes ?

Happy ! de Grant Morrison et Darick Robertson est édité par Delcourt et est disponible à la vente depuis le 18 septembre 2013.

Résumé de Happy ! chez Delcourt

Résumé de l’éditeur :

Ex-flic ripou reconverti en tueur à gages, Nick Sax a sombré dans l’alcool. Lorsqu’un de ses contrats tourne mal, il se retrouve avec une balle dans le bras, les flics et la mafia sur son dos… et il doit poursuivre un horrible tueur d’enfants grimé en Père Noël. Autant dire que son monde vire au cauchemar. C’est à ce moment précis de sa vie qu’une licorne bleue apparaît et les ennuis commencent vraiment pour lui.

Polar et licorne bleue

Avec un tel synopsis, inutile de dire que l’on s’embarque dans un comic bien particulier et atypique. Et c’est bien ce que nous avons avec un mélange des genres improbable. Improbable dans le sens où un élément comique, cartoonesque va faire irruption dans un polar noir, créant ainsi une ambiance de junkie en plein trip.

Pourtant Happy ! démarre assez classiquement. Nick Sax est un ex-flic ripou, au langage châtié, qui s’est reconverti tueur à gage. L’un de ses contrats l’amène à tuer les frères Fratelli, liés à la mafia. Sauf qu’évidemment, l’affaire ne va pas se conclure comme imaginée, embarquant Nick dans des problèmes qui vont vite prendre de l’importance et avec une balle dans le bras. Et c’est après s’être réveillé que vont réellement commencer les ennuis pour lui, entre la Mafia et les flics à ses trousses. Mais surtout depuis, il voit une petite licorne bleue lui demandant de sauver une petite fille.

Grant Morrison, que je ne connais pas forcément sur ce registre, tente la carte du polar et débute ce one-shot de manière assez classique. Il instaure rapidement une ambiance de film noir, avec ses flics ripoux, ses mafieux mélangé à une sorte de conte de noël un peu crade, le tout sur un fond de ville en totale déperdition, noyée dans le vice et la violence. Dans un premier temps, le scénariste écossais plante le décor, l’ambiance assez poisseuse et son personnage principal. Ce dernier, Nick Sax, un peu cliché, bourru et désœuvré, est quand même bien campé. Evidemment il est un peu extrême dans ces agissements, est très vulgaire avec un nombre de gros mots par phylactère assez impressionnant, mais on sent une certaine profondeur chez ce dernier.
Malheureusement, toute cette mise en place est un peu plombée par des dialogues parfois un peu lourds, frôlant presque la caricature.

A noter que ce comic est à réserver à un public averti car c’est assez violent et un peu malsain, en plus de la vulgarité.

La particularité de ce comic vient de la présence d’Happy, cette petite licorne bleue, au style très enjoué et cartoony. L’idée d’introduire cet élément tout droit sorti d’un cartoon à la Tex Avery dans un monde sombre, dangereux et triste est une bonne idée, qui apporte une touche de folie. Et ce d’autant plus qu’on se demande sans cesse si Nick n’est pas en plein délire narcotique. Ce Happy souligne aussi toute le désœuvrement, le laissé-allé et l’état psychologique d’un Nick paumé, grâce à ce décalage. Mais Morrison aurait pu aller encore plus loin avec ce personnage excentrique. Au final il sert juste de catalyseur et d’étincelle, alors qu’il aurait pu être autre chose.

A partir de l’arrivée de Happy, et surtout ses tentatives pour que Nick sauve la jeune fille dont Happy est l’ami imaginaire, le récit va se dynamiser avec plus de rebondissements, tout en gardant son ton si spécial. Ainsi la menace est un homme grimé en Père Noël, pervers et sadique, s’en prenant aux enfants.
La narration est fluide et on ne s’ennuie pas pendant la lecture. Mais globalement, j’ai connu Morrison plus fin dans son intrigue et ses personnages. Là, ils sont souvent mal dégrossis et l’intrigue, bien que correctement ficelée, ne surprend pas outre-mesure. Je pense notamment au cliffhanger de fin que l’on voit venir assez facilement.

Mais l’idée de base, l’atmosphère et le décalage entre un Happy plein de vie, et un Nick taciturne sont autant de bonnes raisons de lire Happy ! qui s’en sort très bien. C’est juste qu’il y avait moyen de faire encore mieux avec plus de précision, de mesure et de subtilité (chose que fait très bien Morrison en temps normal).

Graphiquement, Darick Robertson (The Boys, Transmetropolitan) est en forme. Il arrive parfaitement à donner vie à cette atmosphère si lugubre et glauque. Les scènes de violence sont bien retranscrites et l’on sent toute la saleté de la ville et la perversité de certains de ses habitants. Cela est en partie dû à des décors détailés et d’une grande finesse, nous plongeant dans cette cité lugubre. Son dessin sied bien au type de comic qu’est ce Happy !

A noter que l’édition de Delcourt sort de l’ordinaire avec ce hard cover, auréolé d’un jaquette en papier glacé du plus belle effet, et avec un format un peu plus grand

Pour conclure, j’attendais beaucoup de ce Happy ! de Grant Morrison et Darick Robertson. Mais force est de constater qu’il ne répond pas à toutes mes attentes. Non pas qu’il soit mauvais, loin de là, il est même plutôt pas mal, mais le synopsis, l’ambiance, et les noms sur la couverture me laissaient croire à une petite merveille.
L’association entre cette licorne imaginaire et ce monde cruel et froid fonctionne bien, surtout que c’est porté par une intrigue assez fluide. Le personnage principal est bien développé, mais le tout manque de subtilité par moment. Je pense à des personnages parfois caricaturaux et des dialogues pas toujours bien sentis. On aura connu Grant Morrison en meilleur forme.
Mais le tout se lit avec plaisir et on se laisse prendre dans ce comic différent et à la personnalité bien marquée. Surtout qu’au dessin Darick Robertson nous livre de belles planches !

Et vous qu’en avez-vous pensé ? Avez-vous vu venir le twist de fin ?

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