
- Scénario
- Graphisme
Gunnm, édition originale – tomes 3 et 4 de Yukito Kishiro
Gally et le motorball
Il y a de ça quelques mois, Glénat décidait de proposer une nouvelle édition de Gunnm, un classique du manga SF. Etant passé à côté à l’époque, je me fais une joie de découvrir ce monument du genre. Et je continue donc la découverte avec ces 3ème et 4ème opus qui contiennent l’arc du motorball.
Gunnm, édition originale – tomes 3 et 4 de Yukito Kishiro sont édités par Glénat Manga et sont disponibles, respectivement, depuis les 22 mars et 17 mai 2017.
Résumé de Gunnm 3 et 4
Résumé du tome 3 :
De Zalem aux circuits de Motorball, Gally continue sa quête de sens, perdue dans les nimbes de l’amnésie. Mais une nouvelle rencontre est sur le point de bouleverser sa vie…
Résumé du tome 4 :
La quête intérieure de Gally la pousse vers un unique but : se confronter au roi du Motorball. Mais qu’a-t-elle à gagner réellement de cet affrontement, dans lequel elle sent qu’elle pourrait au contraire tout perdre ?
Gally se cherche toujours
Après la conclusion un peu tragique du précédent épisode, un nouvel arc commence : celui dédié au Motorball. Qu’est-ce que le motorball ? C’est un sport ultraviolent, où les participants presque plus robotiques qu’humains s’affrontent sur une piste de « roller ». Là ils doivent récupérer une sorte de balle et l’amener jusqu’au bout. Mais évidemment, c’est surtout un affrontement entre joueurs bien décidés à en découdre. Et pour cela, toute sorte de coups et d’armes (essentiellement des lames, pas d’armes à feu) sont possibles.
Suite à la perte de Yugo qui chamboule fortement Gally, cette dernière quitte le giron d’Ido pour se consacrer au motorball. C’est un moyen pour elle de lâcher prise, de faire passer son deuil, en faisant parler ses poings (enfin ses techniques de Panzer Kust).
Si le scénario devient un peu plus simple avec cette plongée dans ce sport, cet arc n’en est pas moins intéressant. Déjà le motorball sent bon la SF un peu old school, tendance cyberpunk, avec un sport ultraviolent, où presque tout est permis. On retrouve donc beaucoup d’éléments du film Rollerball de Norman Jewison. Sauf qu’ici l’aspect robotique et implants est central.
Avec cette orientation scénaristique Yukito Kishiro donne une vraie personnalité à son titre et l’installe dans une science-fiction visuelle, violente, mais surtout plus fine que son prime abord. Car cette plongée dans le motorball, et le futur affrontement avec le champion Jasugun dans le tome, cache aussi la quête d’identité et de souvenir de Gally, qui reste la trame de fond.
Mais la force de ces deux tomes c’est vraiment le déroulé. On suit avec passion la montée en puissance de Gally dans ce nouveau monde jusqu’à défier le champion, la légende vivante de ce sport. Le rythme est effréné avec un succession de combats et de rebondissements palpitants. Les courses de Motorball sont bien mises en scène par le mangaka. Ce qui fait que la lecture se fait toute seule. Si Kishiro est doué pour donné vie à ce motorball, avec sa violence inhérente, avec ses participants prêts à tout, c’est surtout parce qu’il est capable de créer et de développer des personnages forts. Bien évidemment Gally et Ido seront encore de la partie et un minimum travaillés. Mais c’est surtout via les autres participants qu’on voit le talent du scénariste. Bon nombre d’adversaires sont présentés et chacun a des armes à faire valoir, mais surtout un certain background. La palme revient à Jasugun et sa sœur Schmila. Ces derniers parviennent à conquérir le cœur des lecteurs via leur histoire commune, leurs motivations et leur caractérisation.
Ces deux tomes se dévorent donc, tant le rythme est élevé, les courses passionnantes et tant cet amour pour cette SF un peu rétro transparaît. Même si on peut regretter le fait de délaisser un peu la trame principal, la qualité de cet arc nous fait oublier ça. Le fil rouge s’estompe pour finalement revenir sur le devant de la scène grâce à quelques révélations qui font resurgir certains souvenirs à la surface. De plus, on sent que ce passage va aider Gally à se construire. Ces épreuves l’ont fait grandir et elle comprend mieux sa relation avec Ido.
Graphiquement, le travail de Kishiro est excellent. Les décors et arrières plans sont travaillés, l’univers regorge de détails permettant de se plonger entièrement dedans. Mais surtout, il excelle dans les phases d’action. On ressent parfaitement la vitesse, la frénésie et la violence. Ses cadrages et découpages sont d’une précision et d’une efficacité redoutables.
Pour conclure, Gunnm, édition originale – tomes 3 et 4 de Yukito Kishiro sont des tomes qui délaissent un peu la trame globale pour se focaliser sur le motorball. Grace au talent de scénariste mais aussi de dessinateur du mangaka, cet arc motorball est passionnant. Les épreuves se déroulent sur un rythme effréné avec de bons affrontements et des adversaires avec un minimum de caractérisation. Le tout se finit avec la confrontation contre le champion Jasugun qui se révélera dantesque, plein de puissance et d’émotion.
Mais Kishiro arrive aussi à glisser quelques éléments sur le passé de Gally et quelques informations importantes sur l’univers et sur notre héroïne.
Je comprend donc toute la sympathie qu’il y a autour de Gunnm. Il y a une vraie personnalité autour. C’est à la fois un hommage à un science-fiction classique, mais tout en apportant des choses et en proposant une vraie identité !
Dans ce manga, je n’aime pas, la réaction de Ito qui semble très désespérée et qui doute de son alliance avec Jasugun pour retrouver Gally. De toute façon, il faut avoir Gally dans l’équipe pour réussir à devenir le champion de la ligue.