
- Scénario
- Graphisme
Gisèle Alain – tome 1 de Sui Kasai
Un nouveau seinen tranche-de-vie prometteur
Fort du succès critique et commercial de Bride Stories, Ki-oon a lancé un titre dans la même veine que ce dernier : Gisèle Alain. Un titre très prometteur auquel croit beaucoup l’éditeur. Avec son titre, nul doute que ce manga va capitaliser sur son héroïne, qu’on imagine forte et attachante.
Ce seinen est-il à la hauteur des attentes suscitées ?
Gisèle Alain – tome 1 de Sui Kasai est édité par Ki-oon et est disponible à la vente depuis le 11 octobre 2012
Résumé de Gisèle Alain 1 chez Ki-oon
Début du XXe siècle. Héritière d’une famille noble, en rupture avec les siens, la jeune Gisèle gagne sa vie comme logeuse dans une pension. Mélange déroutant d’assurance et de fragilité, l’intrépide demoiselle décide de monter son agence pour devenir… femme à tout faire ! Sauvetage de chats égarés, négociations secrètes pour les notables de la ville, bâtisse à retaper du sol au plafond : elle découvre les aléas de la vie, tout en enchantant son entourage par sa vitalité et sa fantaisie. Mais c’est sans compter sur un passé qui ne va pas tarder à la rattraper et à jeter un voile sombre sur cette liberté fraîchement acquise…
Gisèle Alain, une femme forte et touchante !
Gisèle Alain est le nouveau titre sur lequel Ki-oon fonde beaucoup d’espoir. Dans un genre que l’on pourrait rapprocher d’oeuvres de Kaoru Mori comme Emma ou Bride Stories, ce seinen va nous faire découvrir le quotidien, au début du XXè siècle, d’une femme à tout faire particulière : Gisèle Alain.
La comparaison avec les oeuvres de Kaoru Mori n’est pas que marketing. Ce seinen « tranche-de-vie » joue aussi sur l’immersion à une époque et dans un endroit particulier et met en scène une femme forte.
Une des principales différences vient du format. Gisèle Alain, pour le moment, joue plus la carte de scénettes plus ou moins indépendantes les unes des autres. Cela permet, tranquillement, d’asseoir l’ambiance du titre, de découvrir le personnage de Gisèle Alain et d’introduire des personnages secondaires plus ou moins récurrents. Ces différentes petites histoires sont assez courtes, assez simples et donnent beaucoup de légèreté à ce manga. Mais ce choix de construction narrative n’est pas sans contre-coups. Ainsi, il manque un fil rouge se dégageant de l’histoire. Mais surtout le problème c’est cette légèreté évoquée précédemment. Les histoires sont mignonnettes, mais manquent un peu de rythme et de rebondissements ou du moins, moins attendus. Il manque un peu de dynamisme et de vie dans la narration. Heureusement, quelques pistes de développement sont proposées, comme par exemple le passé de Gisèle Alain et sa famille, qui risquent de la rattraper.
Car Gisèle Alain se démarque des oeuvres de Kaoru Mori par cet aspect là aussi. Alors que la mangaka de Bride Stories se focalise sur des gens modestes, ici Gisèle Alain appartient à la haute société. Elle fut éduquée au château familial où elle a pu apprendre de nombreuses choses qui lui serviront dans ses aventures (comme l’apprentissage des langues qui lui servira dans cet opus). Mais elle a décidé de s’extraire de ce milieu, de s’émanciper volontairement, pour devenir logeuse puis femme à tout faire. Ces origines aristocratiques lui donnent un certain port altier, mais sans la condescendance que l’on pourrait attendre et expliquent un peu son caractère déterminé et sa confiance en soi.
On sent que ce point là est central dans ce seinen. Sui Kasai risque de s’en servir pour de futures intrigues et pour donner encore plus de personnalité à son personnage principal et pour le confronter aux problèmes de gens modestes.
Comme son nom l’indique, ce manga capitalise beaucoup sur cette fameuse Gisèle Alain. Ce personnage est très vite attachant de par sa spontanéité, son optimisme, son dynamisme et sa confiance en soi. Elle respire la joie de vivre.
De même, elle qui a été élevée dans une bulle, la voir se confronter à la vie des vrais gens, avec son regard presque candide mais résolu, donne vraiment de la personnalité au titre. Surtout que Sui Kasai a pris le soin de ne pas la rendre trop lisse en la faisant paraître parfois capricieuse, bornée et maladroite. Ces « défauts » ne font que renforcer la sympathie du lecteur pour elle.
On comprend mieux pourquoi elle donne son titre à ce manga, tant elle imprègne chaque page de Gisèle Alain.
Graphiquement, le trait de Sui Kasai est assez magnifique. Comme Kaoru Mori, mais peut-être dans une moindre mesure que sur Bride Stories, elle met beaucoup d’application sur les décors, arrière-plans, paysages et costumes. C’est assez fin et précis, même si l’utilisation de nombreuses trames alourdit parfois le tout. Mais c’est vraiment très agréable à regarder, avec un soin du détail évident. Tout est fait pour plonger le lecteur dans cette époque et cet environnement, et avec une certaine recherche de réalisme.
Au niveau du charadesign, là aussi le travail est bien accompli. Les personnages secondaires sont crédibles, sans trop d’excès tout en étant différenciables. L’héroïne, Gisèle Alain, est particulièrement travaillée, même si elle parait moins réaliste. La mangaka a réussi la prouesse de la rendre normale, tout en lui donnant un petit quelque chose de singulier, permettant de la dégager du lot. Elle est particulièrement attachante et adorable. Mon seul regret réside dans ses yeux. Ces derniers sont un peu trop gros, un peu trop clichés « manga ». On sent la volonté de faire cela pour renforcer l’expressivité de Gisèle Alain. Mais je reste persuadé que c’était superflu.
Pour conclure, Ki-oon a encore trouvé un titre à fort potentiel. Gisèle Alain est un seinen qui se lit avec grand plaisir et beaucoup de facilité. On pourra reprocher le choix de faire des scénettes assez anecdotiques, mais cela permet de se plonger dans cette époque, ce lieu, de mieux découvrir le personnage et l’ambiance du titre. Même si c’est moins contemplatif et abouti que Bride Stories, on reste dans la veine de ce manga référence. C’est léger, rafraîchissant, plein de charme et avec un personnage principal fort. Le tout est peut-être un peu lisse pour le moment, mais les bases sont suffisamment solides et engageantes pour continuer, avec un plaisir non feint, la suite.
Gisèle Alain est donc un manga plein de personnalité, de qualité, mais aussi de quelques petits défauts qui semblent aisés de corriger. J’attends le tome 2 avec impatience voir si le problème de narration sera corrigé.
Et vous qu’en avez-vous pensé ? Est-ce un début prometteur ? Aimez-vous les manga de ce genre ?