Rencontres avec des acteurs et les créateurs de Game Of Thrones

Un geek à Westeros !

Comme tout geek “culturel”, tel que je me définis, j’ai mes oeuvres cultes, que je défend corps et âmes, que j’essaie de faire découvrir à mes proches et des moins proches.
Pour certains c’est Star Wars, pour moi c’est Le Seigneur des Anneaux, Watchmen, Walking Dead, Saint Seiya… mais aussi le Trône de Fer de Georges R.R Martin.

Alors quand j’ai entendu les premières rumeurs d’adaptation en format série, j’ai suivi le projet avec beaucoup d’attention. Les différentes phases de validation du projet, le casting, les infos de tournage, la validation du pilote… j’ai suivi tout ça de très près, partagé entre l’appréhension de la trahison de l’oeuvre originale, la difficulté d’adapter cet univers, mais aussi l’immense excitation de voir ces livres portés à l’écran. Mon imagination a tourné à plein régime.

Game of Thrones n’est pas une série comme une autre pour moi. Ce n’est pas juste l’une, voire la meilleure série de 2011. Game of Thrones c’est surtout la matérialisation d’un fantasme et d’un fol espoir pour moi. Cette série je l’ai rêvée, espérée et attendue, mais sans vouloir croire en tel résultat.
En effet, avant d’être un fervent admirateur de la série, je suis d’abord un très grand amateur de la saga de fantasy Le Trône de Fer de Georges R. R Martin.

Aux toutes premières rumeurs d’adaptation en série, tout mon corps frémissait d’excitation à l’idée de ce que pourrait donner ce portage audiovisuel, si c’était fidèle et intelligemment fait. Pourtant, mon cerveau n’osait y croire, tellement les risques étaient grands : univers trop complexe et trop dur pour la télé, risque d’une très libre adaptation, moyens pas en adéquation avec la portée épique de l’oeuvre.

Mais finalement, la série a été diffusée aux Etats-Unis, et là tout doute s’est dissipé en moi, pour laisser place à un ravissement ultime. Un ravissement d’une telle intensité, que seul un geek peut connaître et appréhender. Celui de voir l’objet de sa convoitise, de ses fantasmes, atteindre le haut niveau d’exigence qu’il attendait.

La saison 1 s’est finie, et mon enthousiasme n’a fait que croître. Une adaptation de cette qualité, je l’ai rêvé dès ma lecture des premiers tomes.
J’étais aux anges, totalement conquis par Game of Thrones, par les acteurs, le travail d’adaptation…
Je pensais être au sommet du plaisir “geekesque”. Du moins, le croyais-je à l’époque.

Et ce, jusqu’au jour, où j’ai appris que j’aurai l’immense privilège de pouvoir rencontrer l’équipe de Game of Thrones pour des sessions de questions avec des journalistes européens. Et comme si ce n’était pas suffisant, tout ceci à Londres!

Même en écrivant ses lignes, j’ai encore du mal à croire que ça s’est réellement passé, que j’ai eu cette chance et que ce n’était pas le fruit d’un rêve.
Pour le lancement européen de la saison 1 de Game of Thrones, me voici donc dans l’Eurostar direction Londres et l’hôtel Soho, où doit avoir lieu cet évènement, d'ailleurs s'il me reste un peu de temps j'en profiterai pour visiter Londres. Ce junket, comme il est appelé dans le milieu, est quelque chose d’assez commun pour des journalistes. Mais cela l’est nettement pour moi et mes yeux de fanboy.

Tables Rondes avec 5 acteurs et les 2 créateurs

Une fois arrivé à l’hôtel, à peine le temps de poser mes affaires que déjà sont constitués des groupes de 6-7 journalistes de toute nationalité. Je me suis retrouvé, dans le groupe 3, avec une française, 2 anglais, 1 polonais, un allemand et un hollandais.
Chaque groupe disposait de 10 à 20 minutes pour poser des questions à un acteur de la distribution.
Dans l’ordre, nous avons pu poser des questions à :
– Nikolaj Coster-Waldau alias Jaime Lannister
– Kit Harington alias Jon Snow
– Alfie Allen alias Theon Greyjoy
– D.B Weiss et David Benioff les deux créateurs de la série
– Michelle Fairley alias Catelyn Stark
– et enfin la ravissante Emilia Clarke alias Daenerys Targaryen

Vu mon inexpérience de ce genre d’évènement, je sentais ce manque d’expérience dans mon attitude. J’étais intimidé, impatient, avec des étoiles dans les yeux, mais aussi un peu craintif. Allais-je réussir à poser des questions ? Comment allais-je réagir en voyant en vrai des acteurs d’une série que je chérie ? Allais-je tomber éperdument amoureux
d’Emilia Clarke ?

Je n’ai pas trop eu le temps de me poser ses questions. Une assistante est venue nous annoncer l’arrivée imminente de Nikolaj Coster-Waldau, alias Jaime Lannister, dit le Régicide.
Ce grand gaillard, assez costaud écoeure dès le premier regard. C’est définitivement un beau gosse, charismatique, proche de l’idéal du Prince Charmant. Et, ce qui ne gâche rien, il est vraiment sympathique.
Il nous raconte comment il a été contacté par les créateurs, qui lui ont fait lire le script. Il n’avait pas lu les livres auparavant, mais la qualité du script l’a conquis. Même si l’inceste et la tentative de meurtre sur Bran l’ont un peu choqué, il était excité à l’idée de tourner ces scènes et voir les réactions du public.
Il nous a aussi parlé de son personnage, son rôle de méchant dans la saison 1 mais qui devient plus complexe dans la saison 2.
Il nous a également raconté la dimension importante de ce projet avec ces deux équipes de tournage, travaillant en même temps, dans deux endroits différents mais avec d’importants plateaux.
Nous avons aussi pu lui poser des questions sur ses projets futurs. Il a ainsi un projet de film à Noël, intitulé Mama, qui est une histoire de fantôme; Game of Thrones, lui permettant de travailler sur d’autres projets.

Puis vint le tour de Kit Harington, alias Jon Snow, qui m’a paru plus jeune que dans la série.
Ce jeune acteur nous a appris qu’il venait du théâtre et que c’était son premier grand rôle. Et que, par conséquent, Game of Thrones tenait une part importante dans sa vie actuelle, et ce pour quelques années encore.
Participer à une si grosse production l’a terrifié au départ.
Il n’avait pas lu les livres avant de passer les auditions. Mais ensuite il s’est mis à les dévorer et avoue avoir une préférence pour les personnages de Daenerys et de Tyrion.
Il nous a aussi raconté quelques anecdotes de tournage avec les loups (enfin je crois que c’est des huskys). C’était assez difficile de tourner avec ces animaux qui ne faisaient que rarement ce qu’il fallait, quand il le fallait. Mais c’était pour lui une expérience enrichissante.

Ensuite est venue l’équipe créative, instigatrice du projet : David Benioff et D.B Weiss. Ils nous ont parlé de leur adaptation, de l’accueil du public et de quelques unes de leur craintes, notamment sur la perception du sexe par les téléspectateurs. Parce que le sexe est très présent, visible et peut choquer. Mais bizarrement, il a plutôt été bien
accueilli.
Ils ont aussi insisté sur la volonté de respecter l’oeuvre de Martin, de ne pas aseptiser le tout. C’est grâce à cette volonté bien définie qu’ils ont réussi à convaincre Georges R.R Martin de les laisser s’occuper de l’adaptation.
Ils nous ont également expliqué pourquoi ils avaient pris quelques libertés sur les âges de certains personnages. Ils ne se voyaient proposer des scènes de nudité ou de sexe pour Daenerys avec une adolescente de 13 ans (l’âge qu’est sensé avoir Daenerys). La série n’aurait jamais pu être diffusée ainsi.
Mais finalement, même si Emilia Clarke est plus vieille que le personnage, elle campe tellement bien son personnage, que cette différence d’âge importe peu. Ce qui était primordial pour eux, c’était de trouver des acteurs capables de bien interpréter les personnages, même s’ils étaient un peu plus vieux. L’importance était d’avoir un casting crédible, même si cela signifiait vieillir quelques personnages.

Ensuite, est entré dans la pièce, Alfie Allen, qui joue Theon Greyjoy. Quand on voit ce jeune homme, au physique bien britannique, on a du mal à l’imaginer comme un guerrier, comme un Greyjoy, des Îles de Fer.
Il nous a parlé de son rôle dans la saison 1, un peu secondaire, mais qui deviendra plus important et plus intéressant dans la saison 2.
Suite à une question posée sur sa famille d’artistes (sa soeur étant Lily Allen et son père Keith Allen, un acteur), il nous a raconté ce que sa famille a pensé de sa prestation et de son rôle.
Il nous a également raconté qu’il ne pensait pas du tout rejoindre le casting, tant le process avait été long (7 castings).

Puis, nous avons eu la joie de rencontrer notre première actrice, en la personne de la pétillante et dynamique Michelle Fairley alias Catelyn Stark.
J’ai eu un véritable coup de coeur pour cette femme remarquable. Son dynamisme, sa fraîcheur et sa bonne humeur m’ont conquis.
Elle nous a expliqué, qu’elle n’avait pas lu les livres avant de tourner. Mais la qualité du scénario l’a de suite très intéressée, surtout que, pour elle, Catelyn Stark est un personnage avec une grande force de caractère. Pour avoir lu la suite, elle sait très bien comment évolue son personnage et ce qu’il lui arrivera ensuite, ce qui l’aide à mieux appréhender son personnage et comment l’interpréter.
Elle apprécie aussi grandement le rôle des femmes dans l’univers crée par Georges R.R Martin. Elles sont toutes fortes, qu’elles soient nobles ou prostituées, car elles ont toutes une raison de l’être. Elles ne servent pas juste de faire-valoir aux hommes. Par exemple, elle aime beaucoup le personnage de Daenerys.
Même si elle a eu des rôles dans des séries ou films fantastiques (Game of Thrones, Misfits, Harry Potter) ce n’est pas forcément son genre de prédilection. Ce qui l’intéresse, c’est la qualité du script. Et là, l’univers mis en place par Martin l’a de suite captivé de par son coté humain, avec son folklore, ses Dieux et croyances, les forces en présence, les relations entre les personnages… Et notamment son personnage avec ses forces et faiblesses, sa force de caractère pour protéger sa famille jusqu’à la mort…
Elle continuera à faire des films fantastiques si on lui propose des scénarios de qualité.

On a terminé cette session de questions par Emilia Clarke, alias Daenerys Targaryen.
L’actrice fit son apparition devant mes yeux écarquillés. Et comme dans une comédie romantique, le temps suspendit son vol, mon champ de vision se rétrécit au point d’occulter tout ce qui se passait autour, pour se focaliser sur la jeune femme. Le moindre de ses gestes se fit au ralenti, le tout baigné dans une sorte de halo lumineux. J’entendis presque une musique romantique et ses notes de piano. Je crois que c’est ce qu’on appelle un coup de foudre.
Cette Emilia Clark, petit bout de femme, toute mimi, est vraiment très mignonne, et très gentille, ce qui ne gâche rien. Elle est beaucoup plus ravissante en vrai que dans la série. On peine presque à la reconnaître tant sa chevelure brune la fait paraître différente, mais tout en lui donnant un charme fou.
Mais rapidement, je suis sorti de cet état d’hébétude pour participer à la table ronde.
Pour ce rôle, elle a passé deux castings et un screentest. Dès le deuxième, elle s’est mise à lire les livres et en est devenue fan. Elle aime beaucoup les personnages de Jon Snow, Theon Greyjoy et Arya Stark.
Avant d’être retenue pour Game Of Thrones, elle faisait des petits boulots comme serveuse.
Elle nous a aussi raconté sa vision du personnage de Daenerys, en quoi c’est un personnage fort, qui apprend de ces erreurs et devient petit à petit un leader.
Elle nous a également expliqué les efforts qu’elle a dû réaliser pour ce rôle, comme les cours d’équitation, apprendre les rudiments de la langue inventée des Dothrakis…

Pour elle, le succès de la série vient beaucoup du fait que rien n’est caché, ou suggéré.
Le sexe et la violence, sont parties intégrantes de la série, et montrer ces scènes rend Game of Thrones plus réaliste et plus adulte.

C’est sur cette dernière table ronde que c’est fini pour moi le “junket” Game of Thrones.
C’était une expérience exceptionnelle à plus d’un titre. L’espace de quelques heures, être dans la peau d’un journaliste, être partie intégrante d’un évènement aussi prestigieux que le lancement DVD d’une série est quelque chose de fabuleux. Bien que blogueur, je ne me considère pas le moins du monde journaliste. Pour les simples et bonnes raisons, que mon écriture est à des années lumières d’égaler celle d’un journaliste. Mais surtout, parce que je serais bien incapable d’écrire sur quelque chose qui ne me passionne pas.
J’ai pu temporairement emprunter ce costume de journaliste et faire illusion.
Ce fut une expérience enrichissante, car j’ai pu voir le fonctionnement de ce genre d’évènements européens. J’ai eu le plaisir et le privilège d’écouter les différents acteurs et créateurs de la série Game of Thrones répondre aux questions, nous parler de leur rôle, de l’impact de la série sur leur carrière. J’ai pu constater l’investissement de ces gens là, pour qui cette série, est plus qu’un rôle. On le sent bien dans leurs propos et leur implication.
Les échanges ont été qualitatifs et passionnants.

Mais le plus marquant a été pour mon coté fanboy ! Je suis un fervent admirateur des livres de Georges R.R Martin, j’ai adoré la série que je trouve tout bonnement géniale.
Alors me retrouver face à des acteurs que j’affectionne, interprétant des personnages qui me sont chers était magique. La plupart des acteurs jouant leur premier grand rôle, je les identifie presque uniquement à leur rôle. Se retrouver face à Jon Snow, Jaime, Daenerys, ça fait toujours quelque chose. Dépasser le statut de simple spectateur, éventuellement prescripteur, passif, pour être dans une position plus pro-active, était vraiment un moment unique, que j’ai essayé de vivre pleinement et d’en savourer chaque moment. C’est toujours très étrange le passage entre la fiction, imaginaire, intangible pour le spectateur à celui de la réalité. La réalité où ces acteurs sont avant tout des personnes physiques, bien palpables. Visionner une série, chez soi, a quelque chose de très personnel, de très intime, voir de possessif. Voir en vrai le casting démystifie cette approche pour la rendre encore plus universelle, mais paradoxalement plus personnelle, avec l’appropriation de souvenirs uniques et, par définition, égoïstes, que peu de gens sont à même de vivre. J’en suis ressorti encore plus attaché à cette série, à ces personnages et à ces acteurs.

Cette journée était exceptionnelle, une expérience inestimable, qui restera gravée dans ma mémoire. Je ne remercierais jamais assez Warner de m’avoir donné cette opportunité que tout fan rêverait un jour d’avoir. Le seul moyen que j’ai à ma disposition est de continuer à crier mon amour pour cette série et cet univers. C’est ce que j’ai essayé de faire par l’intermédiaire de ces quelques lignes.

Aventure partagée avec Praska de Vie de Geek, Babymelaw de Vodkatser et Btvs de Sérielive et Caroline de Warner, avec qui j’ai passé une excellente journée.