
- Scénario
- Gaphisme
Futures End – tome 1 de Brian Azzarello, Jeff Lemire, Dan Jurgens, Keith Giffen…
Les super-héros transformés en cyborg
Après Batman Eternal, Urban Comics nous propose un nouveau run important et avec une certaine ambition affichée. Mais ici, il est question de voyage dans le temps, d’apocalypse et de cyborgs.
Et pour imaginer cette histoire, la fine fleur des scénaristes made in DC Comics s’est penchée dessus, notamment avec Brian Azzarello et Jeff Lemire
Que nous réserve ce titre si intriguant, mettant en scène le Batman Beyond du futur ?
Futures End – tome 1 de Brian Azzarello, Jeff Lemire, Dan Jurgens, Keith Giffen… est édité par Urban Comics et est disponible à la vente depuis le 26 juin 2015.
Résumé de Futures End 1 chez Urban Comics
Résumé de l’éditeur :
Trente-cinq ans dans le futur : le satellite l’Œil devenu indépendant a mis sous sa coupe la quasi-totalité des super-héros, modifiés en cyborgs implacables. Les derniers justiciers encore libres mènent une résistance désormais futile et succombent les uns après les autres. Le dernier espoir réside dans le jeune Terry McGinnis, le successeur de Bruce Wayne en tant que Batman, téléporté dans le passé pour empêcher l’émergence de cette menace. Mais ce dernier arrive cinq ans trop tard…
(Contenu : Free Comic Book Day New52 Futures End, New52 Futures End #1-12).
Terry McGinnis sauveur de l’humanité ?
Futures End, à la manière d’un Terminator évoque un futur apocalyptique, où le satellite l’Oeil a transformé l’humanité (et donc ses plus grands héros) en cyborgs insectoïdes. Les seuls super-héros encore humains tombent sous les coups de leurs ex-coéquipiers cyborgs.
Mais Batman, envoie son apprenti Terry McGinnis dans le passé pour y remédier. Mais suite à un souci, ce dernier atterrit 5 ans plus tard qu’escompté. L’horreur est en train d’avoir lieue mais est-ce trop tard ?
Quand on évoque le pitch de base on ne peut que penser à Terminator tant les ressemblances sont frappantes. C’est un peu la guerre des machines contre l’humanité mais avec une notion presque de zombies, avec la possibilité de contaminer l’autre. On retrouve aussi la notion de voyage dans le temps et de l’Oeil/ Skynet. Mais les premières pages m’ont aussi fait penser au Nécromonde et les runs d’Animal Man et Swamp Thing où ils affrontent leurs amis passés sous le joug de la Nécrose.
Mais si l’histoire était aussi simple que ça, il n’y aurait pas de quoi tenir sur 4 volumes. Alors les différents scénaristes à l’oeuvre multiplient les sous-intrigues et personnages. Futures End est une immense fourre-tout où on fait étalage de la profondeur du catalogue DC avec, notamment, beaucoup d’héros secondaires comme Frankenstein, Grifter, l’équipe Stormwtach, Mr Terrific, Firestorm…
On croise un bon nombre de personnages plus ou moins importants. Terry McGinnis est le héros du titre, sous les traits du Batman Beyond. Mais on croise aussi le quasi-inconnu Grifter en France, mais également Frankenstein (tiens lui aussi croisé dans le Necromonde), des OMAC, un Mr Terrific arrogant, flippant, imbu de lui-même, mais intelligent et concerné par le sort de l’humanité. On retrouve également une Lois Lane tenant un blog et Tim Drake devenu patron de bistrot.
L’intrigue est donc développée, complexe et un peu brouillonne, constituant sa principale force mais aussi son défaut majeur. Un peu à l’image d’un Batman Eternal, mais en plus complexe car les héros sont moins connus, et il y a plus d’organisation comme CADMUS, Stormwatch, SHADE…
On sent que le titre renferme un gros potentiel, même si on a du mal à voir en quoi et dans quelle direction cela va nous emmener. C’est cette incertitude, mêlée à toutes ces sous-intrigues qui donnent du sel à la lecture. Surtout que les différents scénaristes distillent pas mal d’interrogations, notamment sur le masque que porte Superman, la raison du retrait de la vie super-héroïque de Red Robin, sur le devenir de certains héros…
En parallèle, on aborde beaucoup les événements liés à la Terre-2 et de ses héros. Rendant encore plus ardue la lecture, puisqu’il faut un minimum connaître les événements.
Cette profusion de références joue aussi sur la caractérisation des personnages. Tous ne sont pas bien introduits et développés. Ce qui est d’autant plus dommage qu’on ne les connait pas tous bien. Par exemple, j’ai eu beaucoup de mal avec Mr Terrific que je ne reconnais et que je n’ai pas apprécié. Une sorte de Lex Luthor megalomaniaque.
Mais face à ces quelques défauts, il y a des vrais qualités de narration, avec une tension qui augmentent crescendo et une capacité à faire vivre tout ce petit monde, sans jamais ennuyer le lecteur. Toutes les intrigues parviennent à susciter la curiosité, même avec des seconds couteaux. Preuve que les scénaristes ont du talent.
Le fait de sortir également de la Sainte Trinité et autres membres classiques de la Justice League : Flash, Green Lantern, Green Arrow, Martian Manhunter, apporte une certaine fraîcheur, qui est la bienvenue.
Graphiquement, nous avons à faire à une flopée d’artistes qui arrivent tant bien que mal à rester dans le même esprit. Il y a donc une cohérence qui n’est possible que parce que le niveau global est correct. Aucun ne ressort vraiment du lot et n’explose les rétines. Le résultat est donc plus que correct mais guère plus, mais pas moins non plus. Le tout est donc lissé, sans éclair de génie mais sans style qui tâche pour autant.
Pour conclure, ce Futures End – tome 1 de Brian Azzarello, Jeff Lemire, Dan Jurgens, Keith Giffen… est un blockbuster prometteur, plein de potentiel et de bonnes idées. On notera l’utilisation d’héros secondaires, quelques bonnes idées autour de Firestorm et notamment la relation entre les deux personnages composant ce super-héros, ou encore les funérailles d’un héros ou même ce qui se passe avec Stormwatch. Mais le tout est un peu brouillon et demande une certaine concentration pour bien tout saisir. Surtout que la multiplication des intrigues et personnages dilue un peu le récit, soulignant une certaine inéquité de traitement de ces derniers. Il y a encore beaucoup de potentiel et de questions en suspens notamment en ce qui concerne l’Oeil, qui ne demandent qu’à être développées dans le deuxième tome. On espère simplement que ça ne va pas tourner en rond et que l’entrain, même s’il n’est pas total, ne va retomber comme un soufflet avec la suite.
Graphiquement, le style, un peu passe partout, remplit son office mais ne transcende pas le récit.
Tout n’est pas parfait, c’est parfois inégal, mais c’est intéressant à lire et avec des vraies possibilités. Espérons qu’on comprenne mieux les liens entre tout ça par la suite.
Et vous qu’en avez-vous pensé ? Avez-vous eu quelques difficultés à tout lire, notamment du fait de ce nombre de personnages, qui plus secondaires ?