
- Scénario
- Graphisme
Erased – tome 1 de Kei Sanbe
Le nouveau Seinen de Kei Sanbe
Voici un seinen que j’attendais avec beaucoup d’impatience. En effet, ce Erased (Boku Dake ga Inai Machi en VO) est le dernier né de Kei Sanbe, auteur que l’on commence à bien connaitre notamment grâce à l’Île de Hozuki et le Berceau des Esprits. Deux titres qui, à défaut de n’être pas parfaits, notamment à cause de fins sujettes à discussion, s’avéraient être prenants et avec une vraie ambiance.
J’espère que ce manga sera au moins à la hauteur des deux autres, mais proposera une meilleure fin.
Qu’en est-il de ce premier opus ?
Erased – tome 1 de Kei Sanbe est édité par Ki-oon et est disponible à la vente depuis le 03 juillet 2014
Résumé de Erased 1 chez Ki-oon
Résumé de l’éditeur :
2006. Aspirant mangaka dont la carrière peine à décoller, Satoru Fujinuma travaille comme livreur de pizzas pour joindre les deux bouts. Effacé et peu enclin à s’ouvrir aux autres, il observe le monde qui l’entoure sans vraiment y prendre part. Pourtant, Satoru possède un don exceptionnel : à chaque fois qu’un incident ou une tragédie se déroule près de lui, il est projeté quelques minutes dans le passé pour empêcher l’inévitable avant qu’il se produise…
Cette anomalie de l’espace-temps lui vaut un séjour à l’hôpital le jour où, pour rattraper le conducteur d’un camion fou, il est percuté par un autre véhicule de plein fouet. Après l’accident, petit à petit, les souvenirs effacés de l’enfance traumatisante de Satoru resurgissent…
Don et souvenirs cachés
Ki-oon aime Kei Sanbe. Après avoir publié l’île de Hozuki et Le berceau des esprits, l’éditeur nous propose son nouveau manga : Erased. L’auteur joue moins la carte du thriller en huis-clos mais il garde un peu cette touche légère de fantastique. Mais rassurez-vous, nous sommes bien dans un thriller.
Erased suit le personnage de Satoru, qui est livreur de pizza mais aussi un mangaka cherchant à percer malgré son âge avancé. D’un caractère taciturne et ayant des difficulté à avoir des relations sociales, il possède un don, bien qu’il considère cela comme une malédiction. Lorsqu’un drame se produit à côté de lui, il revient quelques minutes en arrière afin de pouvoir éviter ce qui va se passer. Mais pour cela, il doit d’abord en trouver la cause. Mais ce « pouvoir » lui créé beaucoup de problèmes. C’est ainsi qu’il va se retrouver à l’hôpital après un épisode de ce genre.
Suite à cela, il va se rapprocher d’une jeune collègue. Mais surtout sa mère, un peu envahissante, va venir vivre chez lui pendant un moment. Ce qui va perturber la vie du jeune homme. Mais cela va surtout lui remémorer quelques souvenirs sur son enfance et une sordide histoire traumatisante. Sauf que tout est encore un peu brouillé. Mais en cherchant plus loin, il pourrait faire resurgir quelques secrets et souvenirs douloureux.
Comme à son habitude, Kei Sanbe arrive très rapidement à mettre en place un thriller angoissant, avec une atmosphère pesante mais à la fois fascinante. Mais ici, il maîtrise parfaitement son introduction et arrive à créer une tension et du mystère en s’appuyant sur le pouvoir du héros mais aussi sur ses souvenirs. Cette double casquette apporte un plus au récit. Chaque facette fait avancer le récit et apporte son lot de surprises et de zones d’ombre.
Rien que le concept de revivre une scène est un concept intéressant, et n’est pas sans rappeler des œuvres comme un Jour sans fin, Edge of tomorrow, All you need is kill. Kei Sanbe utilise bien ce pouvoir pour captiver son lecteur. Il a eu aussi la bonne idée de le coupler à un personnage principal qui n’a rien du héros. Mais le mangaka a eu une autre excellente idée. Celle de ne pas centrer son récit que sur cette faculté, en ajoutant toute une intrigue autour du passé du héros. Pour le moment, on ne voit pas encore forcément comme les deux sont reliés. Mais on peut émettre des hypothèses crédibles sur ça.
Cette phase de recherche sur les souvenirs passés, qui vont faire resurgir des événements traumatisants et mettre en lumière une sordide affaire criminel, est à elle seule passionnante. Il y a tant de question qui restent en suspens : pourquoi s’en souvenir maintenant ? Comment a-t-il pu oublier jusqu’à maintenant ? Que s’est-il passé à cette époque ? Quelle ramification cela peut-il avoir ?
Le tout va prendre un tournant encore plus orienté « thriller » avec un criminel qui va s’en prendre à Satoru.
Un autre point s’avère aussi intéressant c’est la relation de Satoru avec sa mère. Elle est aussi imposante que Satoru est discret, aussi démonstrative que lui est réservé. On sent une relation un peu difficile, avec ces deux êtres indépendants. Pourtant on sent l’affection entre eux et surtout le rôle de sa mère dans les événements passés.
Erased impressionne par sa narration intelligente et la maîtrise du scénario. L’histoire est menée de main de maître alternant des phases plus fantastiques avec l’utilisation d’un pouvoir, avec des passages jouant plus sur l’introspection, avec des flashbacks sur un passé douloureux, le tout avec un héros presque banal, qui vit un peu en marge de la société. Il ne respire pas le « héros ». Les bases du manga sont posées de façon très efficaces en distillant suffisamment de mystères, mais en faisant intervenir plusieurs éléments forts qui captivent et donnent de la personnalité à ce titre. Surtout que ce tome 1 se fini sur un cliffhanger qui donne furieusement envie de lire la suite.
Graphiquement, on retrouve le style caractéristique de Kei Sanbe, avec son charadesign particulier. Je pense notamment aux femmes aux courbes généreuses, des yeux disproportionnés et surtout des personnages qui sont quasiment identiques de manga en manga. Il a du mal à se diversifier. Mais chaque personnage est expressif et les planches sont assez détaillées et précises.
Pour conclure, ce Erased – tome 1 de Kei Sanbe est une très bonne introduction pour ce thriller qui s’annonce passionnant avec des vraies bonnes idées bien exploitées. Dès le premier opus, le mangaka frappe fort et arrive à introduire ses personnages, poser les bases d’une intrigue qui semble êtres solide et le tout en donnant une vraie atmosphère à son titre. On sent qu’il maîtrise son sujet, son rythme et sa narration. Le potentiel est bien là et il me tarde de lire la suite voir comme le passé et ce pouvoir vont cohabiter.
Le seul défaut de ce premier volume serait le dessin, enfin surtout le charadesign. Car c’est vraiment perturbant de voir que Sanbe n’arrive toujours pas à proposer d’autres types de personnages de manga en manga. Mais à part ça, c’est du tout bon. Vivement le tome 2 !
Et vous qu’avez-vous pensé de cette introduction ?
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