Dwarf – tome 1 : Wyrïmir de Shovel
Un BD de fantasy
Dans le cadre de l’opération Masse Critique organisée par Babelio, j’ai eu la chance d’être tiré au sort pour chroniquer cette BD, très typée fantasy.
Mais, cela commence à devenir une mauvaise habitude, j’ai pris du retard sur cette critique et je ne la publie que maintenant. Je n’ai pas d’excuse et j’en suis désolé.
J’ai choisi ce titre, car même si la BD n’est pas ma tasse de thé, son univers graphique, sa touche fantasy donne très envie de découvrir ce Dwarf.
Ai-je bien fait ? Est-ce que son coté fantasy est agréable à lire?
Dwarf – tome 1 intitulé Wyrïmir, scénarisé et dessiné par Shovel est édité par Delcourt et est disponible à la vente depuis septembre 2010.
Résumé de Dwarf 1 chez Delcourt
Öth, un jeune nain, est au chevet de son père, mortellement blessé par un sanglier. Avant de rendre son dernier soupir, ce dernier lui fait quelques révélations sur sa naissance. Sa mère est morte après lui avoir donné naissance. De plus, il était « marqué » et à cet effet, selon la loi du roi nain Traurig, il est considéré comme traitre à sa race et devait périr !
Mais son père prit la décision de fuir avec lui. C’est pourquoi ils se sont installés dans une dangereuses contrée où ils vécurent heureux. Son père l’a élevé avec beaucoup d’amour lui transmettant son savoir-faire de forgeron.
Mais les sbires du roi sont à leurs trousses. Après avoir veillé à accomplir les rites mortuaires nains pour son père, Öth quitte sa maison et fuit.
En chemin il rencontrera une grenouille douée de parole nommée Albin de Morteflaque, mais aussi Syrius et un sanglier du nom Wyrïmir. Ces derniers vont l’aider, persuadé que c’est le « nain marqué » de la légende et qui sauvera le royaume.
Le début d’un long périple, peuplé de peuples divers, de légendes et de mystères l’attend.
Une BD bien encrée dans l’heroic-fantasy
Si on s’arrête simplement au synopsis, on peut avoir peur : un nain marqué par le destin, héros d’une prophétie, qui doit récupérer le trône d’un roi et qui se fera aider par des peuples opprimés. Effectivement, sur le papier, ce genre d’histoire a été vu et revu des dizaines de fois.
A la différence qu’ici, au lieu de suivre un magicien, un homme ou un elfe on suit une race qui, bizarrement, n’est jamais au centre des intrigues : les nains.
D’emblée on peut regretter le choix de ce genre de synopsis, déjà maintes fois éculé.
Pourtant, même avec ce classicisme, la BD n’en demeure pas moins réussie. Shovel prend le temps de planter le décor (la traque des nains, l’histoire de la naissance d’Öth…), tout en ayant un rythme assez soutenu.
En une cinquantaine de pages, l’auteur arrive à créer un background à son histoire, avec ces différents peuples, un travail sur la mythologie des nains et poser les bases d’une série prometteuse.
Évidemment, on retrouve beaucoup d’inspiration du coté de l‘heroic-fantasy, avec des créatures qui parlent, de la magie, des peuples (nains, animaux, sylves…), des légendes… Pourtant, le tout fonctionne bien. Ce n’est clairement pas ce qu’on fait de plus original, mais quand c’est fait avec intelligence, c’est toujours agréable à lire.
Par contre, j’ai trouvé que l’histoire mériterait qu’on se pose plus et qu’on s’attarde encore plus sur les personnages et le monde. Ce défaut est inhérent au format de la BD, où il est difficile de rentrer dans le détail en 50 pages. Parce que certes, on sent un vrai travail sur les croyances des nains, sur les différents peuples, mais sans pour autant que beaucoup de choses nous soient présentées.
J’aurais aimé en savoir plus sur tout les « à-cotés » de l’histoire. De même, on sent que Shovel nous réserve des surprises par la suite, car de nombreux points, qui me paraissent importants, n’ont pas encore été abordés. Le tout premier est cette histoire de marque. Qu’elle est-elle? Quelle est la prophétie liée, d’où vient-elle? Tout n’est pas clair.
On ne sait pas non plus pourquoi le roi nain est à détrôner, ni les causes de la relation entre les nains et les sylves.
Certaines intrigues plus secondaires pointent le bout de leur nez, et on sent qu’il y a matière à rendre plus dense le récit. Mais toutes ces pistes ne sont que brièvement esquissées et on ne voit pas trop comment elles pourront s’intégrer à l’intrigue principale. Nul doute qu’on trouvera des réponses en lisant la suite.
Par contre, j’ai trouvé que le personnage principal manquait de charisme. Je l’ai trouvé un peu fade, un peu lisse. Difficile d’éprouver de l’empathie pour lui. Ce qui est dommage parce que j’ai plutôt apprécié les personnages secondaires.
Graphiquement, le trait de Shovel est de qualité. Les planches sont fines, travaillées et avec des décors fouillés et détaillés. Il y a une vraie richesse dans chaque case. Le découpage est fluide, l’action claire. C’est une BD qui se lit aisément. Par contre j’émettrais quelques réserves sur le charadesign. On a parfois du mal à dissocier les personnages principalement les sylves et les nains entre eux. Mais surtout, je n’ai pas accroché au charadesign d’Öth. Je ne le trouve pas très réussi, il manque de charisme et son accoutrement ne le fais pas paraitre « héros ». Il a plus le style d’un personnage secondaire.
J’ai aussi parfois ressenti des problèmes de proportions. Sur quelques cases, on ne voit pas qu’il s’agit de nains. On les prend trop facilement pour des êtres humains normaux.
Mais mise à part ces défauts, c’est graphiquement beau. La couleur est plutôt bien faite par Dimitri Fogolin, qui s’accorde bien au trait. Elle met bien en valeur certaines scènes avec une certaine intensité. A priori c’est une colorisation sur ordinateur ce qui donne un coté un peu froid.
Pour conclure Dwarf – tome 1 est une bonne BD fantasy. Malgré un synopsis classique, Shovel s’en sort très bien en proposant une histoire rythmée, maitrisée et pleine de promesses. Petit bémol sur le héros que je ne trouve pas des plus palpitants pour l’instant.
Le dessin est lui aussi de qualité, avec un travail soigné sur chaque planche.
Dwarf ne révolutionnera pas l’heroic-fantasy mais reste très agréable à lire. Une bonne surprise.
Qu’en avez-vous pensé?