
[Blu Ray] Critique de The Prodigies d’Antoine Charreyron
Un film d’animation pour adulte français
The Prodigies est un film d’animation réalisé par Antoine Charreyron et sorti en salle le 8 juin dernier.
Inspiré du livre La Nuit des Enfants Rois de Bernard Lanteric, ce film d’animation sombre et violent n’est clairement pas destiné à un jeune public.
C’est un projet assez couillu, visuellement particulier et qui risque de diviser un peu le public.
Mais l’approche résolument sombre, teinté d’influence comic et manga mérite qu’on s’attarde sur ce film, porté par Antoine Charreyron qui s’est battu pour le finaliser.
The Prodigies est édité par Warner Bros et disponible en Blu Ray/ DVD depuis le 26 octobre 2011.
Résumé de The Prodigies
Résumé d’Allociné :
Imaginez-vous doté d’une intelligence surhumaine, du pouvoir de contrôler les autres par la force de l’esprit, de les transformer en marionnettes dépourvues de volonté, obéissant à vos ordres les plus fous… Ce don fascinant et terrible Jimbo Farrar le connaît bien car depuis son enfance, il le possède.
Brillant chercheur à la tête de la Fondation Killian pour enfants surdoués, très amoureux de sa femme Ann, Jimbo n’a qu’un but : trouver d’autres prodiges comme lui. Il imagine alors un jeu en ligne d’une complexité extrême et finit par découvrir cinq adolescents qu’il décide de réunir à New York.
Conscients de leur différence, isolés et incompris, ces prodiges se retrouvent un soir à Central Park. Enfin, ils ne sont plus seuls. Mais ils sont alors sauvagement agressés et leur destin bascule. Ignorés par la police, abandonnés par ceux qui devaient les protéger, en état de choc, ils déchaînent alors leurs pouvoirs avec une intelligence diabolique, éliminant sans laisser de trace ceux qui les ont trahis…
Jimbo est le seul à l’avoir compris, mais aussi le seul à pouvoir les arrêter. Il va devoir combattre le déchainement de violence de ses esprits-jumeaux… à moins qu’il ne décide de se joindre à eux…
Pas forcément le film que j’attendais
The Prodigies est un film qui a dû être difficile à commercialiser. Sur le papier et au vue de la bande-annonce, il se traîne quelques défauts importants.
En effet, sous ses airs de film d’animation, un peu cartoony, se cache un film pas du tout réservé à un jeune public. C’est violent et certaines scènes sont choquantes. On est aussi très loin de quelque chose d’horrifique mais encore plus loin d’un Shrek ou d’un Kung-Fu Panda. Il s’agit d’un film d’animation pour adulte, au sujet grave et fort.
De plus, le design est quand même particulier. Clairement The Prodigies est un film qui divisera.
Pourtant son univers et ses personnages sont intéressants. Les protagonistes sont Jimbo et 5 enfants surdoués, jeunes prodiges mais aussi dotés de capacités extraordinaires de télépathie et télékinésie. Mais ces personnages sont avant tout des victimes. Ils ont souvent été maltraités, humiliés ou incompris. Mais ensemble, ils vont trouver une nouvelle direction à leur vie : celle de la vengeance !
Nous avons donc là, une histoire sombre, parfois tragique où il est question de maltraitance et de vengeance personnelle. Ce désir de vengeance vient d’enfances difficiles, mais surtout d’un évènement tragique qui va faire basculer ses jeunes dans la vengeance.
Cet évènement est particulièrement dérangeant car on parle bien d’un viol, à peine suggérer. Même si le réalisateur use de moyens graphiques pour en atténuer l’image ou la teneur, cette scène choque et dérange. C’est à partir de cet évènement et des conséquences (abandon, mensonges et trahisons) qui vont les pousser à user de leurs pouvoirs pour se venger et dépasser le rôle de la victime.
Bizarrement ces enfants ne sont pas les personnages centraux. Le vrai « héros » est Jimbo (doublé par Mathieu Kassovitz). Lui aussi est un ancien surdoué qui a su canaliser ses pulsions violentes afin de ne plus user ses pouvoirs sous le coup de la colère. Il est donc le plus à même d’encadrer ses enfants.
Ce personnage est pas mal développé notamment avec sa femme, son enfance et sur l’homme qui lui a permis de s’en sortir. On comprend également bien ses motivations personnelles pour venir en aide aux jeunes surdoués.
Malheureusement, on ne peut pas en dire autant des 5 jeunes enfants qui ne bénéficient que de brefs développements. Ils manquent cruellement de profondeur, de background et d’intérêt. Ce qui fait que le spectateur ne ressent que peu d’empathie pour eux. Il leur manque un passé, des blessures secrètes et des vraies relations entre eux et avec Jimbo.Ce manque flagreant de traitement fait qu’on perd l’intensité dramatique et l’enjeu à la fin. L’impact des différents éléments
Pour moi, cet oubli ou cette erreur joue vraiment dans l’implication du spectateur.nous touche moins. Pourtant il y avait possibilité de les doter d’un background ou de développer les relations entre eux ou par exemple entre Jimbo et Liza.
Au niveau de l’intrigue, elle est plutôt bien menée même si certains raccourcis fais sont dommageables.. On se laisse prendre dans l’intrigue, qui souffre vraiment du manque de développement des enfants, qui manquent de motivations claires. On sent néanmoins, la volonté de tout amener à la scène de fin spectaculaire, un peu trop parfois.
Par contre, on ressent bien cette violence latente et les cicatrices creusées par les souffrances et humiliations de ces génies. Il en ressort une atmosphère sombre et glauque parfois.
Graphiquement, The Prodigies a une identité visuelle, c’est certain. Je n’ai pas trop apprécié le charadesign sur lequel ont travaillé Humberto Ramos et Fransisco Herrera. Le gros souci vient de l’animation et de la représentation de la 3D. Même si l’effet cel-shading aurait pu être une bonne idée, le tout souffre d’un coté grossier et épuré qui nuisent à l’aspect visuel. L’animation, les textures et décors accusent un retard évident sur la production actuelle. Même si cela lui confère une patte artistique indéniable, je trouve que le produit ne fait pas fini.
Le tout fait froid et vide, peinant à faire ressortir les moments d’émotions ou d’action.
Au niveau de la réalisation, il faut saluer le travail d’Antoine Charreyron qui n’hésite pas à s’inspirer des comics/ manga pour atténuer certains passages plus crus et durs. Le propos reste « sensible », mais c’est plus « regardable ». De plus, ces utilisations de monstres pour représenter la barbarie, le cel-shading et les superpouvoirs cohabitent bien ensemble. Il y a un coté très comic, pas désagréable du tout.
En plus, le réalisateur utilise des plans inventif et des mouvements de caméra innovants qui dynamisent ces scènes.
Pour concluire, The Prodigies était un pari. Pari qui ne transforme pas complètement sans pour autant être raté. Il y a de très bonne chose comme la réalisation, certaines scènes, l’univers et l’aspect résolument adulte, mais d’autres le sont beaucoup moins comme l’animation et les textures et le manque de développement et de profondeur des enfants.
Je suis ressorti plutôt mitigé de ce film. Mais on peut se dire que le film d’animation pour adulte a du potentiel. J’ai aussi envie de découvrir le livre de Bernard Lanteric qui parait très bon.
The Prodigies est un film plus sombre qu’il n’y parait, plutôt intéressant mais techniquement dépassé.
Très bon article, ça reflète exactement mon point de vue au sujet du film ! La texture m’a fait penser à « Code Lyoko » un peu… Bref, certains plans sont excellents et effectivement, c’est vraiment dommage que les enfants ne soient pas plus développés. Après je dois bien admettre qu’au cinéma, ça ne m’a pas plus gêné que ça. Et la scène de viol est juste mémorable (de même que la scène sur les rails), un film « couillu » comme tu le dis, un genre de film au stade expérimental mais qui a de l’avenir, pour sûr 😉
@Yomigues : Merci 🙂
Pour le coup des enfants, ça m’a vraiment géné. On a aucune explication sur leur rejet de la société et sur les raisons (outre la scène du parc) qui les poussent à commettre ces actes. Pareil, on se demande pourquoi ils sont si soudés. ON imagine que c’est dans les épreuves traversées mais sans réellement le voir.
Mais j’espère que ce genre de film avec de meilleurs moyens techniques continuera de voir le jour.