Critique de Dark Shadows de Tim Burton

Freaks and 70’s

Entre une expo consacrée au monsieur, Frankenweenie et donc ce Dark Shadows, Tim Burton aura été sous le feu des projecteurs en 2012. Ce film, mélangeant fantastique, créatures d’épouvante et humour sied bien, sur le papier, au réalisateur. Surtout qu’ici, nous avons encore le droit à des noms que le réalisateur connait parfaitement : Johnny Depp et Helena Bonham Carter. Bon ou mauvais signe ?

Dark Shadows de Tim Burton avec Johnny Depp, Eva Green, Michelle Pfeiffer, Helena Bonham Carter… est édité par Warner Bros et est disponible à la vente depuis le 10 octobre.

Résumé de Dark Shadows

Synopsis :
En 1752, Joshua et Naomi Collins quittent Liverpool, en Angleterre, pour prendre la mer avec leur jeune fils Barnabas, et commencer une nouvelle vie en Amérique. Mais même un océan ne parvient pas à les éloigner de la terrible malédiction qui s’est abattue sur leur famille. Vingt années passent et Barnabas a le monde à ses pieds, ou du moins la ville de Collinsport, dans le Maine. Riche et puissant, c’est un séducteur invétéré… jusqu’à ce qu’il commette la grave erreur de briser le cœur d’Angelique Bouchard. C’est une sorcière, dans tous les sens du terme, qui lui jette un sort bien plus maléfique que la mort : celui d’être transformé en vampire et enterré vivant.
Deux siècles plus tard, Barnabas est libéré de sa tombe par inadvertance et débarque en 1972 dans un monde totalement transformé…

On dirait presque du Tim Burton

Pour tout amateur de fantastique, Tim Burton est un grand nom. Un réalisateur qui aura su marquer ce domaine avec des chefs d’oeuvre tels que Beetlejuice, L’étrange Noël de Monsieur Jack, Edward aux mains d’argent, Batman… Mais depuis quelques temps, Tim Burton semble avoir perdu un peu de sa superbe, surtout avec, espérons-le, son erreur de parcours : Alice au pays des merveilles.

Mais peu m’importe, pour moi c’est un grand réalisateur, et chaque nouveau film est un évènement que jattends.
Surtout que dans ce cas-ci, bien qu’étant une adaptation d’une série, l’histoire semble correspondre parfaitement au réalisateur.
En effet, Dark Shadows est un savant mélange de fantastique et de comédie. Les deux aspects sont bien représentés et l’un ne prend pas trop le pas sur l’autre. Il s’en dégage ainsi une ambiance particulière et envoûtante. En cela, le spectateur est bien aidé par son ambiance gothique sur laquelle vient se greffer des touches de couleur so seventies ! Surtout que la galerie de personnages est haute en couleur.

L’humour joue fatalement beaucoup sur un Johnny Depp, encore archi-présent, qui découvre le monde 200 après l’avoir quitté. Et fatalement, on va voir beaucoup de note d’humour sur des objets que ne connait pas Barnabas Collins. Mention spéciale au McDonald, tout juste énorme ! Si on rajoute à ça un peu d’humour noir, nous avons là une recette qui fonctionne bien, délicieusement gothique.

Mais le film va plus loin que ça en abordant différents thèmes comme la vengeance, les différents problèmes au sein d’une famille, le deuil ou encore la déchéance lente d’une famille. Le tout auréolé de fantastique omniprésent entre Barnabas Collins, homme contraint de devenir vampire et une Angélique Bouchard, sorcière immortelle, et tout une série de grand principe fantastique.

Tim Burton arrive à bien jongler entre toutes ces facettes pour donner un film plus étonnant et diversifié que ce que je m’étais figuré. Surtout que tout ça est complété par une galerie de personnages bien barrés.

Barnabas atterrit dans une famille dont les membres sont tous allumés entre une Michelle Pfeiffer maîtresse de maison, et gardienne des traditions de la famille Collins, une Chloe Moretz (Hit Girl dans Kick Ass) qui campe une jeune ado rebelle et énigmatique ou encore une Helena Bonham Carter dans le rôle d’une psy portée sur l’alcool. Tous ces personnages donnent l’impression d’avoir une certaine épaisseur et de receler un potentiel énorme. Malheureusement, le réalisateur semble se borner à les dépeindre de façon assez superficielle, n’allant jamais au bout de ses personnages. Il en ressort une certaine déception, tant il y avait matière pour proposer plus et donner plus l’impression d’une famille étrange, composée d’individualités propres mais formant presque un tout indissociable. On aurait aimé avoir une sorte de Famille Adams. Mais ce n’est pas le cas.

Même si c’est moins marquant que lors de leurs dernières coopération, Johnny Depp tire la couverture encore un peu trop. Surtout qu’on a l’impression qu’il ne se renouvelle pas beaucoup, même s’il le fait drôlement bien.

On peut également reprocher un rythme assez étrange, ou du moins certains éléments complètement sous-exploités. Tim Burton introduit certaines idées, certaines relations, pour finalement ne pas ou peu s’en intéresser par la suite. Ce qui fait que beaucoup de rebondissements arrivent comme un cheveu sur la soupe, sans que ça ne suscite d’émotions.

Pour conclure, malgré des défauts assez visibles comme un traitement inégal et parfois insuffisant de cette galerie de personnages, un Johnny Depp qui surjoue du Johnny Depp, un rythme inégal, Dark Shadows demeure une très bonne surprise pour moi. On ne retrouve pas encore le grand Tim Burton, mais par fulgurance on le revoit ! Ce film est un patchwork de différents aspects mêlant des personnages freaks, bien barrés, du gothique  dont on sent l’amour que lui porte le réalisateur, des touches de 70’s tout en couleur, le tout avec une générosité visuelle agréable. Cette comédie fantastique, mêlant différentes ambiance fonctionne bien et réserve des scènes assez délicieuses et joyeusement freaks ! L’ambiance un peu old school, la mise en avant d’un fantastique presque classique, avec de grandes figures de l’imaginaire donnent une saveur particulière à ce Dark Shadows, et nous fait retrouver, l’espace de quelques scènes la magie burtonnienne.

Dark Shadows ne fait certainement pas parti des meilleurs Burton, ni ne marquera l’Histoire d’Hollywood de son empreinte, mais ce n’est pas non plus un film dont il peut avoir honte. Un bon Tim Burton, avec un casting aux petits oignons,plaisant, déjanté et délicieusement horrifique mais qui aurait pu être mieux. Mais il est quand même meilleur que ce que je pensais initialement.

Et vous qu’en avez-vous pensé ? Retrouve-t-on le Tim Burton que l’on aime ?